Censée leur épargner des douleurs, cette méthode d’étourdissement – très répandue dans les abattoirs européens – est en effet source de grandes souffrances pour les animaux.
La majorité des grands abattoirs de porcs en Europe ont recours à l’étourdissement au CO2. Cette méthode leur permet notamment d’accélérer les cadences en abattoir et d’obtenir une qualité de viande plus uniforme. L’Espagne, l’Allemagne et le Danemark, qui font partie des cinq premiers producteurs de porcs en Europe, étourdissent entre 85 et 95 % de leurs porcs avec du CO2, soit plus de 100 millions d’animaux chaque année.
Le but de l’étourdissement est normalement d’insensibiliser l’animal avant de l’abattre. Or, l’inhalation de CO2 à fortes concentrations entraîne une perte de conscience entre 30 secondes et une minute, laps de temps durant lequel il génère une forte douleur et de la détresse chez les cochons. Des vidéos filmées en abattoir ces dernières années ont témoigné de ces souffrances et provoqué l’indignation dans l’Union européenne et au-delà de ses frontières.
Dans un article diffusé aujourd’hui en France, Eurogroup For Animals et les 69 ONG de protection animale qu’il fédère, appellent donc les industriels ainsi que les décideurs de l’Union européenne et de chaque pays membre à investir des fonds pour trouver une alternative. Dans l’esprit du préambule 6 du Règlement européen sur l’abattage, l’utilisation sur les porcs de l’étourdissement au CO2 à fortes concentrations devrait être remplacée le plus rapidement possible. « Il faut mettre un terme aux souffrances que cette méthode inflige à des millions de porcs chaque année » , estime Reineke Hameleers, directrice d’Eurogroup for Animals. « Il est urgent que les ressources allouées à la recherche et au développement soient dédiées à la mise au point d’alternatives qui pourront être largement et rapidement utilisées. »
Eurogroup for Animals et ses organisations membres appellent la Commission européenne à réviser le Règlement sur l’abattage afin d’interdire l’utilisation du CO2 à partir du 1er janvier 2025, avec une révision en 2023 pour vérifier la disponibilité commerciale d’alternatives non aversives viables. « La Commission européenne, les états membres et l’industrie du porc doivent investir les fonds et l’énergie nécessaires au développement de méthodes d’étourdissement alternatives qui provoqueront instantanément la perte de conscience ou, si le processus est graduel, ne causeront pas de détresse », ajoute Elena Nalon, vétérinaire conseil et spécialiste des animaux d’élevage pour Eurogroup for Animals.
Plus d’informations : www.eurogroupforanimals.org