Transport, nouvel environnement, présence d’animaux inconnus, multiples manipulations… L’abattage est une source de stress et de souffrance pour l’animal. Techniquement, la mise à mort proprement dite se fait en deux étapes : l’étourdissement puis la saignée.

Quelle est la réglementation encadrant l’abattage?

Les conditions d’abattage sont encadrées par des règlements européens1 et français2 qui établissent un certain nombre de dispositions, dont l’obligation d’étourdissement avant abattage ainsi que l’obligation de former les opérateurs des abattoirs et de la présence d’un responsable protection animale en abattoir. Le règlement européen dispose (article 4.1) : « Les animaux sont mis à mort uniquement après étourdissement (…). L’animal est maintenu dans un état d’inconscience et d’insensibilité jusqu’à sa mort. » Ainsi, lors de l’abattage standard, si la réglementation est respectée, les animaux sont étourdis puis rapidement égorgés.

Une exception à la règle précédente est prévue à l’article 4.4. Elle concerne l’abattage rituel (halal ou kasher) : « Pour les animaux faisant l’objet de méthodes particulières d’abattage prescrites par des rites religieux, les prescriptions visées au paragraphe 1 ne sont pas d’application pour autant que l’abattage ait lieu dans un abattoir. » L’abattage rituel, en raison de la liberté fondamentale qu’est la liberté religieuse, bénéficie donc d’une dérogation à l’obligation d’étourdissement.

Il est à noter que les poissons sont exclus de la quasi-totalité des normes de protection animale liées à l’abattage.

Quels sont les points sur lesquels Welfarm est particulièrement vigilante?

  • Le manque de moyens des services vétérinaires de l’État aboutit à une mauvaise application des règles de protection animale en vigueur. En 2016, 20 % des abattoirs de boucherie contrôlés ne présentaient aucune non-conformité, 49 % présentaient des non-conformités mineures, 26 % des non-conformités moyennes et 5 % des non-conformités majeures3. En sous-effectif, les directions départementales de protection des populations (DDPP) se préoccupent avant tout des enjeux sanitaires et laissent bien trop souvent de côté les questions liées à la protection animale.
  • Le courant utilisé pour étourdir les animaux doit être adapté. Dans le cas contraire, il y a un risque que l‘animal ne soit pas étourdi correctement.
  • Le délai entre l’étourdissement et la saignée doit être le plus court possible pour éviter toute reprise de conscience de l’animal.
  • Les deux carotides doivent être tranchées pour garantir une mort rapide afin encore une fois d’éviter toute reprise de conscience de l’animal.
  • La conception des aires de déchargement et d’attente ainsi que des couloirs de circulation des animaux peut ne pas correspondre aux gabarits ou aux modes de déplacement naturel des animaux (en groupe, etc.) et ainsi, générer du stress ou des blessures voire conduire à une utilisation excessive de l’aiguillon électrique par les opérateurs pour faire avancer les animaux. Pour limiter des transports et de manipulations excessives, Welfarm est favorable à l’abattage au plus près du lieu de production et donc à l‘abattoir mobile.
  • Les cadences imposées aux opérateurs sont parfois incompatibles avec les pratiques les plus élémentaires de bientraitance animale.

Quelles sont les principales revendications de Welfarm ?

Welfarm utilise tous les moyens à sa disposition et tous les canaux possibles aux niveaux français et européen pour améliorer les conditions d’abattage des animaux. Welfarm est par ailleurs membre du Comité national d’éthique des abattoirs (CNEAb) qui regroupe professionnels du secteur, vétérinaires, associations de défense de la condition animale, représentants des cultes et chercheurs (sociologues, juristes, philosophes, etc.).

  • L’obligation d’étourdissement doit s’appliquer à tous les animaux d’élevage, y compris ceux abattus dans un cadre rituel. Welfarm est opposée à toute forme de racisme, qu’il se fonde sur la religion ou l’ethnie. Nous respectons le principe de la liberté de culte. Mais ce principe ne devrait pas être étendu au point d‘imposer d‘importantes souffrances aux animaux. En décembre 2020, la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a décidé qu’un État peut imposer l’étourdissement préalable d’un animal lors de son abattage sans qu’il nie pour autant la liberté des cultes et les rites traditionnels juifs et musulmans. Il existe par ailleurs des méthodes d’étourdissement réversible (perte de conscience temporaire) applicables avant la saignée et compatibles avec la liberté religieuse. En fonction des interprétations des textes sacrés par les instances religieuses des différents pays, ce procédé peut être accepté et est déjà mis en place par exemple en Jordanie ou en Malaisie. 
  • L’obligation d’étourdissement doit être étendue à toutes les espèces de poissons.
  • Les méthodes d’étourdissement utilisées doivent être efficaces et adaptées, de manière à éviter les souffrances évitables. Le recours au gazage au CO2 pour les porcs et les poissons doit être prohibé, ainsi que l’immersion en coulis de glace pour les poissons. Pour les volailles, l’étourdissement en position inversée doit cesser.
  • Welfarm plaide pour une mise en place systématique de la vidéosurveillance à toutes les étapes du processus d’abattage où les animaux sont manipulés. À titre d’exemple, la vidéosurveillance dans les abattoirs est désormais obligatoire en Espagne.

1 Règlement (CE) No 1099/2009 du Conseil du 24 septembre 2009 sur la protection des animaux au moment de leur mise à mort et Règlement (UE) 2018/848 du Parlement européen et du Conseil du 30 mai 2018 relatif à la production biologique et à l’étiquetage des produits biologiques

2 Section 4 du chapitre IV du Titre Ier du Livre II du Code rural et de la pêche maritime

3 Commission d’enquête parlementaire Falorni 2016