Chaque année, des millions de veaux, vaches, cochons, moutons, agneaux, chevaux, volailles et autres animaux d’élevage sont transportés d’un bout à l’autre de la France, de l’Europe et bien au-delà des frontières de notre continent. Depuis sa création, Welfarm dénonce ces transports et les souffrances qui en résultent.

Où sont transportés les animaux ?

Les animaux sont transportés à des fins de reproduction, d’engraissement ou vers des abattoirs.  Ces transports peuvent se dérouler uniquement sur le territoire national ou traverser différentes frontières européennes et au-delà. Ainsi, des animaux sont transportés depuis la France vers l’Espagne, l’Italie, mais aussi vers des pays encore plus éloignés tels qu’Israël ou l’Algérie. Les animaux sont essentiellement transportés par camion et pour certains trajets, par voie maritime. Un certain nombre d’animaux transitent par des marchés aux bestiaux ,ce qui ajoute une étape supplémentaire au trajet.

Quelles conséquences ces transports ont-ils pour les animaux ?

Les animaux n’ont pas l’habitude d’être transportés. C’est par conséquent une situation extrêmement stressante pour eux. Outre le trajet en lui-même, les étapes de chargement et de déchargement sont bien souvent sources de grandes souffrances d’autant plus lorsque les animaux sont manipulés avec brutalité. Ces étapes peuvent se répéter fréquemment au cours d’un même transport : par exemple, pour un transport entre l’Allemagne et l’Espagne en passant par la Belgique et la France, les animaux peuvent être chargés et déchargés dix fois en quatre jours.

Dans les camions, les animaux sont fréquemment entassés au-delà des densités de chargement autorisées par la réglementation. Si un animal tombe, il risque de ne pas pouvoir se relever et d’être piétiné par ses congénères. Une conduite brutale combinée à des routes sinueuses, à des coups de frein ou d’accélération particulièrement vifs, peut conduire à des chutes, dangereuses pour les animaux.

Les fortes températures comme les basses températures peuvent être une source de stress importante pour les animaux. La faim et la soif sont un autre problème majeur. Lors des transports de longue durée, les animaux ne sont parfois ni alimentés ni abreuvés. 

Combien de temps durent ces transports ?

Le transport d’animaux peut durer de quelques heures jusqu’à plusieurs jours, voire semaines, en fonction de la destination. Le stress et la souffrance des animaux augmentent avec la durée du trajet. La règlementation européenne précise que les animaux doivent disposer de temps de repos tout au long du trajet. Ainsi, des temps d’arrêt obligatoires sont imposés pour chaque espèce (les volailles et les lapins n’en bénéficient cependant pas). Toutefois, Welfarm a constaté régulièrement des infractions à ces dispositions règlementaires. Les temps de transport sont souvent sous-estimés car ils ne prennent pas en compte les aléas des voyages (embouteillages, blocages aux frontières, difficultés de l’acheminement des différents camions à l’entrée du port etc.).

Une pratique récurrente consiste même à désigner comme lieu de départ ou lieu de destination un centre de rassemblement, qui n’est autre qu’un lieu d’arrêt avant que le transport ne reprenne. Cela entraîne donc une minimisation du temps de transport total, permettant à ces convois d’être autorisés en violation des temps de pause requis par la règlementation. En effet, la règlementation européenne impose des temps d’arrêt obligatoires pour chaque espèce (les volailles et les lapins n’en bénéficient cependant pas) mais ne fixe aucune durée maximale de transport. Cela signifie que les animaux peuvent être transportés sans limite temporelle. Enfin, un autre problème majeur est que le temps de transport maritime est assimilé à un temps neutre, c’est-à-dire que le temps à bord du cargo n’est pas additionné au temps de transport, en dépit du stress et des souffrances qu’il inflige aux animaux. 

Pourquoi les animaux sont-ils transportés vivants ?

Les animaux sont transportés sur de longues distances pour des raisons multiples. En voici quelques-unes :

  • Le nombre d’abattoirs s’est considérablement réduit au fil des années, ce qui impose aux animaux des trajets plus longs pour se faire abattre. Parfois, les abattoirs ont des capacités d’abattage si importantes qu’ils ne parviennent plus à trouver suffisamment d’animaux dans la région où ils sont implantés. Pour pouvoir abattre des animaux tout au long de l’année, ils sont donc disposés à payer au prix fort des animaux importés d’autres pays.
  • Des élevages se sont spécialisés dans la production de jeunes animaux. Ils seront ensuite transportés pour être engraissés, parfois très loin de leur lieu de naissance. Ainsi, la France exporte par exemple chaque année des milliers de jeunes bovins vers l’Italie ou l’Espagne, où ils seront engraissés.
  • En fonction des habitudes culinaires, certaines catégories d’animaux peuvent être préférées d’un pays à l’autre. Par exemple, les Français auraient tendance à préférer la viande d’agneau tandis que les Grecs apprécient particulièrement la viande de mouton adulte. C’est pourquoi nous exportons chaque année des milliers de brebis réformées vers les abattoirs grecs. De même, les Français préfèrent la viande issue de chevaux matures (plus rouge) tandis que les Italiens préfèrent la viande issue de jeunes chevaux (plus rosée). C’est la raison pour laquelle la France exporte ses jeunes poulains des races de trait.
  • Enfin, certains pays du pourtour méditerranéen importent des animaux vivants pour s’assurer de la conformité de l’abattage aux rites religieux ou parce qu’ils ne disposent pas des infrastructures frigorifiques pour transporter des carcasses. 

Quelle réglementation protège les animaux ?

Le transport d’animaux au sein de l’Union européenne est régi par le règlement (CE) n°1/2005. Cette réglementation, déjà grandement insuffisante, demeure pourtant trop peu appliquée. Elle comporte des dispositions spécifiques selon la durée du transport et les espèces transportées. Les camions doivent disposer d‘équipements particuliers, tels qu’une rampe et des barrières latérales pour le chargement et un toit pour protéger des intempéries. Pour les « transports de longue durée », c‘est-à -dire supérieurs à 8 heures, les camions doivent disposer d’abreuvoirs adaptés et de système de ventilation, et doivent avoir reçu un agrément spécifique.

Certains textes peuvent également être adoptés au niveau national pour, en théorie, être plus contraignants que la réglementation européenne. C’est le cas en France de l’arrêté du 22 juillet 2019 qui interdit de transporter des animaux entre 13h et 18h dans les départements placés en vigilance canicule orange ou rouge la veille du départ, à moins que le camion ne soit équipé de systèmes de climatisation ou d’un double dispositif de ventilation et brumisation. Cette réglementation, peu appliquée, est insuffisante : les températures peuvent évidemment dépasser 30°C en dehors de cette unique plage horaire.  

Que souhaite WELFARM ?

Welfarm demande en priorité d’interdire les transports d’animaux de plus de huit heures et les exportations vers les pays tiers (hors UE). À titre de mesure de remplacement, notre association préconise de ne transporter que les carcasses. Dans le cas où ces transports ne seraient pas interdits, Welfarm plaide pour la mise en place de règles plus exigeantes, un strict respect de la règlementation, un renforcement des contrôles et la mise en place de sanctions réellement dissuasives en cas d’infractions.

En particulier, nous demandons l’interdiction systématique des transports lorsque la température extérieure excède les 30°C ainsi que la bonne mise en œuvre, pour tout transport d’animaux de plus de huit heures, de l’obligation d’être accompagné d’un plan d’urgence pour faire face à d’éventuels imprévus (embouteillages, intempéries, panne).

Pour un renforcement de la règlementation, parmi les multiples demandes de Welfarm figurent également l’interdiction du transport des femelles gravides ayant dépassé les 40 % de leur période de gestation (contre 90% aujourd’hui) ainsi que celui des animaux non sevrés ou encore la limitation de la durée des transports d’animaux de réforme à 4h.

Qu’en est-il du transport d’animaux par voie maritime?

Lorsqu’ils sont transportés vers des pays situés en dehors de l’Union européenne, bon nombre d’animaux sont chargés sur des navires bétaillers. Ces cargos vétustes et hors d’âge (41 ans en moyenne) représentent un réel danger : ils n’ont pas été conçus à l’origine pour le transport d’animaux et ne disposent pas des équipements adéquats pour assurer leur confort et leur sécurité lors de la traversée (ventilation efficace, abreuvoirs adaptés, dispositifs de relevés de températures).

Un autre problème majeur est qu’une fois arrivés dans le pays de destination, les animaux ne sont plus protégés par le règlement européen. Pourtant, le transport des animaux ne s’arrête pas au port de destination, et ceux-ci doivent donc être acheminés vers un autre lieu. Ils sont alors chargés dans des camions inadaptés pour accueillir des animaux, sans bénéficier de périodes de repos ou d’abreuvement. Bien souvent l’été, les animaux sont transportés sous des températures extrêmes, sans aucune limitation. Pour l’ensemble de ces raisons, Welfarm demande l’interdiction des transports d’animaux vivants vers les pays tiers. 

Comment agit Welfarm?

Depuis 2003, Welfarm sensibilise les forces de l’ordre à la réglementation sur le transport qui est complexe et difficile à mettre en œuvre. Les actions de sensibilisation s’adressent principalement aux pelotons d‘autoroute de la gendarmerie ou la Police nationale. Pour les aider à remplir leur mission, Welfarm, en collaboration avec Animals’ Angels et grâce au soutien financier de la Fondation Brigitte Bardot, a édité une brochure à leur intention. La gendarmerie nationale a soutenu cette initiative dès le début. Conçue comme un memento, cette brochure présente la réglementation de manière synthétique et explicite, grâce notamment à de nombreuses illustrations. Une version actualisée est en cours d’édition. En 2021, avec Animals’ Angels nous avons publié une nouvelle brochure spécialement dédiée au transport par fortes chaleurs. Enfin, Welfarm accompagne ponctuellement les forces de l’ordre lors d’opérations de contrôle pour les aider à identifier les éventuelles infractions. 

Parallèlement à ses actions de terrain, Welfarm participe à des groupes de travail mis en place par le ministère de l’agriculture pour faciliter la bonne application de la règlementation relative aux transports d’animaux. Welfarm est également force de proposition pour obtenir des évolutions de la règlementation, auprès de la Commission européenne et des eurodéputés. Enfin, Welfarm enquête sur le terrain pour collecter les preuves indispensables pour mettre en lumière les souffrances infligées aux animaux lors de leur transport. 

Welfarm aux côtés des forces de l’ordre lors d’une opération de contrôle à Gap en octobre 2022.