Yohan Hanriot élève des poules pondeuses en agriculture biologique en Meurthe-et Moselle. Passionné par ces animaux depuis sa plus tendre enfance, ce petit-fils d’agriculteur accorde une importance particulière au bien-être de ses oiseaux. Un engagement qu’il valorise en vendant tous ses œufs en direct à des magasins de la région, mais aussi à des particuliers.

« Mon grand-père était agriculteur et, depuis tout petit, je suis passionné par les volailles. Chez moi j’élève des volailles d’ornement pour les concours. En comptant les jeunes, j’ai entre 300 et 400 poules à titre personnel. » C’est ainsi que Yohan Hanriot, 23 ans, explique d’où lui vient cet intérêt pour ces animaux.
Depuis 2022, il vit de sa passion après avoir racheté « Picorette & compagnie », un élevage de 4 000 poules pondeuses situé à Laître-sous-Amance, en Meurthe-et Moselle.
Son bâtiment de 800 m2 est situé au milieu d’un parcours arboré de deux hectares, planté de nombreuses essences, dont une majorité d’arbres fruitiers. Pommes, quetsches, mirabelles, « les fruits qui tombent au sol sont directement consommés par les poules », explique Yohan Hanriot.
Espace au sol supplémentaire
Installé en agriculture biologique, l’éleveur fait même un peu mieux que le cahier des charges AB en matière d’espace disponible pour les poules, puisqu’il propose 5 m2 par poule sur son parcours (contre 4 m2 obligatoires en bio), et 2000 cm2 par poule dans son bâtiment (contre 1660 cm2). Par ailleurs, son bâtiment est équipé de volières à plusieurs niveaux et de perchoirs, pour permettre aux poules de se percher, notamment lors des confinements imposés par les plans de lutte contre la grippe aviaire.
C’était malheureusement le cas quand nous avons rendu visite à Yohan Hanriot, mi-mars 2025. « Nous gardons les lots de poules un an, de juin à juin, et les poules arrivées en juin 2024 ont dû être confinées en octobre à cause de la grippe aviaire. Elles le resteront certainement jusqu’au mois d’avril », explique l’éleveur.
Pour assurer leur bonne santé durant cette période de claustration forcée, Yohan Henriot agit sur plusieurs leviers. « Nous adaptons l’apport alimentaire pour le bon fonctionnement de leur transit intestinal, étant donné que les poules n’ont pas accès à toute l’alimentation qu’elles trouvent normalement sur leur parcours. Nous ajoutons du calcium dans l’aliment, de coquilles d’huitres broyées, des minéraux », détaille l’éleveur.
Filets de foin et musique classique dans le bâtiment
Il met aussi des filets garnis de foin à disposition de ses pondeuses. « Ça les occupe tout en leur fournissant un apport alimentaire », précise-t-il.
Des enceintes audio sont également installées à l’intérieur du bâtiment. Lorsque les poules sont stressées, Yohan Hanriot leur passe de la musique classique. « Du Mozart ou encore du Vivaldi, ça calme les poules, notamment au démarrage du lot. Elles sont plus détendues, et c’est quelque chose que, nous, on aime bien. C’est agréable pour les animaux et pour l’éleveur », sourit Yohan Hanriot.
Et effectivement les poules présentes dans le bâtiment sont calmes, paraissent en bonne forme et ne présentent pas de traces de piquage. Un état de fait lié surtout à la surface offerte aux oiseaux selon lui : « Il ne faut pas oublier qu’en bio, les poules ont plus d’espace dans le bâtiment : maximum six poules par mètre carré en bio contre neuf poules en plein air conventionnel », explique l’éleveur.

Le bien-être animal, une préoccupation forte des consommateurs
Ces efforts en faveur du bien-être de ses poules, Yohan Henriot parvient à les valoriser sans peine. Toute sa production est commercialisée localement, et en direct.
« Je vends une partie de mes œufs directement aux particuliers dans deux distributeurs installés non loin de la ferme, et je livre le reste à des magasins et supermarchés locaux », détaille-t-il.
Selon lui, le bien-être animal est une préoccupation forte des consommateurs, qui guide leur acte d’achat : « Lors des confinements forcés, comme c’est le cas en ce moment, les gens qui se promènent aux abords de l’exploitation s’inquiètent de ne pas voir les poules dehors, assure l’éleveur. On est obligés de leur expliquer qu’on n’a pas le choix, que si on les laisse sortir on s’expose à de lourdes conséquences. »
En plus du bio, le côté local de la production est aussi un argument de vente : « Lorsque je démarche des magasins, la première chose qu’on me demande, c’est où est située ma ferme. Les magasins recherchent du local car c’est demandé par les clients », explique Yohan Hanriot.
Meilleur goût des œufs
Enfin l’éleveur explique le succès de ses œufs également pour leur goût. « Je n’ai jamais acheté ni mangé d’œufs vendus dans le commerce, mais mes clients me disent que les miens sont bien meilleurs. C’est lié à la qualité de l’aliment qu’on donne aux poules en agriculture biologique », assure l’éleveur.
Avec la demande qui a explosé ces dernières semaines, il ne parvient plus à livrer tout le monde. Une situation qu’il explique par plusieurs facteurs : « Avec l’inflation, les consommateurs ont diminué leur consommation de viande et l’ont remplacée par les œufs, qui sont une protéine beaucoup moins chère, même en bio. Et le contexte géopolitique incite aussi les gens à faire des stocks », selon lui.

Aucune poule ne part à l’abattoir
L’attention que Yohan Hanriot porte à ses poules ne s’arrête pas lorsqu’il doit changer de lot. En effet, l’éleveur se réjouit de n’envoyer aucune d’entre elles à l’abattoir : toutes les poules de réforme sont vendues à des particuliers avant de faire le vide sanitaire. « Au bout d’un an, ce sont encore de très bonnes pondeuses même si elles ne produisent plus suffisamment pour être gardées en élevage, assure-t-il. Et les voir partir en camion vers un abattoir, je trouve ça horrible, c’est pour ça que je les vends à des particuliers. »
Les poules de réforme sont vendues sur place, les mercredis et dimanches à partir du 1er mai, au prix de 2,50 euros par poule. Ce qui lui permet par ailleurs une bien meilleure valorisation que s’il les envoyait à l’abattoir : « Les poules sont achetées pour presque rien par les abattoirs, entre 3 et 4 centimes par animal, et c’est à l’éleveur de payer le transporteur aller-retour, ce qui revient à les donner, voire à payer pour qu’elles soient abattues, après plusieurs heures d’un trajet épuisant », conclut Yohan Hanriot.