Un an et demi après avoir tourné le dos aux cages pour une partie de ses truies reproductrices, Laurent Guglielmi, éleveur de porcs et dirigeant des Cochonnailles du Haut-Bois, s’émerveille toujours de la manière dont ses truies se comportent depuis qu’il leur a permis d’élever leurs porcelets en liberté et en groupes.

« Aujourd’hui, les truies s’organisent par groupes qui fonctionnent comme des crèches. Les porcelets tètent toutes les truies sans distinction, et il y a toujours une truie de garde devant la cabane. C’est une organisation qui s’est faite naturellement, c’est bluffant ! ».
Des truies libres de bouger et d’interagir avec leurs petits
« Lorsque nous avons commencé à regrouper les truies, nous marquions chaque truie et ses petits avec de la peinture, de couleur différente pour chaque famille, et nous avons très vite remarqué que les porcelets allaient téter toutes les truies et que les mères acceptaient tous les porcelets », explique l’éleveur.
Le système de Laurent Guglielmi a plusieurs avantages en matière de bien-être animal. D’une part, et c’est une évidence par rapport aux cages de maternité, les truies sont libres de leurs mouvements. Cette liberté d’action leur permet d’interagir entre elles et avec leurs petits, et ainsi d’exprimer au mieux leurs comportements maternels.
D’autre part, le poids de sevrage des porcelets est bon, ils sont donc robustes. « Les porcelets ont toujours accès à du lait car ils peuvent se reporter sur plusieurs truies allaitantes, explique-t-il. Il faut toutefois isoler les 10 % de porcelets les plus faibles avec des truies très nourricières, car, dans notre système avec des dizaines de truies et des centaines de porcelets, la compétition est rude. »
Une bonne sociabilisation des porcelets
Autre avantage : Les porcelets sont mieux préparés pour le post-sevrage. « La hiérarchie entre les animaux est fixée dès les premiers jours de leur vie, il n’y a donc pas de problèmes de bagarre à ce stade », précise le dirigeant.

Le système de Laurent Guglielmi comporte toutefois des points de vigilance. Il y a pour le moment plus de porcelets victimes d’écrasements lorsque les truies se couchent, « mais nous prenons des mesures pour améliorer ce point », détaille-t-il.
Les truies ayant un instinct maternel et un comportement protecteur très développé, la maternité collective implique une gestion différente des mises bas : « Il est impossible de rentrer dans une zone avec un groupe de truies qui mettent bas, ce serait beaucoup trop dangereux pour nous », explique lechef d’exploitation.
Le bien-être animal valorisé
Passer aux maternités collectives en liberté a eu un coût pour les Cochonnailles du Haut-Bois. « Nos porcs coûtent 20 % plus cher que les porcs issus d’élevages conventionnels en bâtiment », chiffre l’éleveur. Unedifférence que ses clients acceptent de payer : « Les lots sont déjà vendus quand ils sont mis en production. C’est un marché de niche, mais les clients sont là. »
Ce choix de passer d’un système de contention à un système de maternité en liberté s’inscrit dans une démarche globale de meilleure prise en compte du bien-être des animaux.
La totalité des porcs et truies élevés par Laurent Guglielmi sont élevés sur paille, avec accès à des courettes extérieures. Il possède aussi un élevage de porcs en plein air intégral dans le centre de la France. En outre, l’éleveur n’a jamais pratiqué le meulage des dents des porcelets et ne castre plus ses animaux depuis 2016.