Le ministre de l’Agriculture a introduit cet échange en rappelant la volonté du gouvernement de se saisir de la question des maltraitances animales et en réaffirmant son ambition d’orienter l’agriculture vers un nouveau modèle agro-écologique, indispensable à la prise en compte d’attentes sociétales irréversibles. Rappelant que son rôle était avant tout de promouvoir l’activité agricole et de soutenir la production française, Didier Guillaume s’est cependant montré ferme, assurant qu’il « lutterait contre la maltraitance animale sans concession » et « ne laisserait pas passer les mauvaises pratiques ». L’occasion pour les ONG de rappeler au ministre que malheureusement, la législation existante reste encore mal appliquée à ce jour, notamment en ce qui concerne la coupe des queues des porcs destinés à la production. Didier Guillaume a enfin formulé le souhait de réconcilier éleveurs et défenseurs de la protection animale, en tablant davantage sur des évolutions de pratiques qui seraient basées sur la simple bonne volonté des éleveurs.
Politique agricole commune
Dans un second temps, Ghislain Zuccolo, directeur général de WELFARM, a présenté les attentes des ONG de protection animale dans le cadre de la renégociation de la Politique agricole commune (PAC) post 2020. S’il est indispensable que le bien-être animal soit défini comme un véritable objectif de la PAC au niveau européen, il est également demandé que les subventions ne soient accordées aux agriculteurs qu’à la condition qu’ils respectent l’ensemble de la réglementation européenne relative au bien-être des animaux d’élevage, ainsi que les engagements pris dans le cadre des plans de filière. Ghislain Zuccolo a également appelé à la mise en place d’un véritable budget alloué au bien-être des animaux au sein de la PAC et pointé la nécessité de récompenser, par des aides incitatives, les pratiques d’élevage respectueuses des animaux et de leurs besoins. Bien qu’un consensus sur la question du bien-être animal soit difficile à obtenir dans une Europe à 28, le ministre s’est montré concerné par ces questions et a confirmé l’importance de voir apparaître le bien-être animal comme l’un des enjeux de la PAC.
Vers un dialogue ouvert
En guise de conclusion, le ministre s’est montré « ravi de cette rencontre » et a formulé le souhait de recevoir les associations de protection animale plus régulièrement afin d’apaiser les tensions avec les éleveurs. Bien qu’il s’oppose fermement à l’agribashing, il ne souhaite pas non plus que les associations soient systématiquement pointées du doigt. « Je veux apaiser les tensions, assure-t-il. J’aimerais d’ailleurs organiser une rencontre tripartite, entre mon ministère, les ONG et les professionnels, afin que nous définissions ensemble les points sur lesquels il est possible d’avancer. » Néanmoins, Didier Guillaume reste prudent et « ne fait aucune promesse ». Il reconnaît toutefois que le bien-être animal « n’est pas qu’une thématique à la mode. Qu’on le veuille ou non, des attentes sociétales existent et elles ne feront qu’augmenter au fil du temps ».
Welfarm déplore néanmoins que le ministre semble vouloir agir en faveur du bien-être animal en ne comptant que sur la bonne volonté des éleveurs. Cette stratégie peu ambitieuse pourrait donc reporter aux calendes grecs l’interdiction de certaines modes d’élevage et mutilations, sources de souffrances pour les animaux.