Suspendre les animaux par les pattes, leur enfoncer les doigts dans les orbites, les ligoter, leur cisailler la gorge, les laisser se débattre la tête à moitié tranchée sont des pratiques courantes dans les abattoirs d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Or, en 2018, la France y a exporté 83 914 bovins et ovins, principalement vers l’Algérie, le Maroc, la Tunisie, le Liban et Israël. Dans une vidéo filmée par Animals International, relayée dans Le Monde et diffusée aujourd’hui par Welfarm, une vache laitière réformée d’un élevage situé dans l’Ain se retrouve ainsi dans un abattoir marocain, errant au milieu des carcasses, trébuchant sur des cadavres sans tête. Après une journée dans cet enfer, elle sera finalement ligotée, projetée au sol et égorgée. Un jeune taureau né dans un élevage des Ardennes se retrouve quant à lui suspendu par une patte dans un abattoir libanais. Sur les images, on voit l’abatteur lui enfoncer les doigts dans les orbites avant de l’égorger.
EXPORTÉS PAR CARGOS ENTIERS
En France, ces pratiques seraient pénalement condamnables, pourtant nous expédions chaque semaine, par cargos entiers, des animaux vers des pays où elles sont monnaie courante… En février, les députés européens ont remis un rapport à la Commission européenne dans lequel ils observent que l’abattage dans certains pays tiers engendre « des souffrances aiguës et prolongées » et viole régulièrement les normes internationales établies par l’Organisation mondiale pour la santé animale (OIE). C’est pourquoi ils appellent la Commission et les états membres à favoriser une transition vers le transport de carcasses plutôt que d’animaux vivants.
EXPORTONS DE LA VIANDE, PAS DES ÊTRES SENSIBLES
Pour Welfarm, il est en effet urgent de remplacer le transport d’animaux vivants par celui de carcasses. Les infrastructures existent déjà : Algérie, Maroc, Liban, Israël, tous les pays vers lesquels la France exporte des animaux importent déjà de la viande. Mettre un terme au transport d’animaux vivants aurait même des bienfaits pour l’environnement. Une étude menée en 2017 par l’Université de Weningen et mandatée par Eurogroup for Animals a en effet calculé que transporter des carcasses plutôt que des animaux réduirait les coûts et les émissions de CO2 de 42 %.
Si un pays n’a ni la réglementation ni les infrastructures nécessaires pour garantir les normes européennes en matière de transport et d’abattage, alors la France ne doit plus lui vendre d’animaux vivants. C’est pourquoi Welfarm, Animals International et cinq autres ONG de protection de la nature ont adressé une lettre au Premier ministre lui demandant de suspendre l’exportation d’animaux vivants vers les pays tiers. L’argent revient à la France ? La responsabilité aussi.
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