Qu’est-ce que la World Federation for Animals (Fédération mondiale pour la protection des animaux) ?
Ghislain Zuccolo (GZ) : La World Federation for Animals est la coalition mondiale des associations de protection des animaux qui agissent tant pour la défense des animaux d’élevage, que pour celle des animaux de compagnie ou encore celle des animaux sauvages. Tous les animaux sont donc concernés !
L’idée derrière la création d’une telle Fédération est de fournir aux 35 000 associations de défense des animaux qui œuvrent à travers le monde, une plateforme pour se réunir afin de peser sur les décision prises à l’international. Contrairement à de nombreuses industries, les associations de protection animale ne possédaient pas de réseau mondial unifié avant la création de la Fédération en février 2021. Or, influer sur les décisions politiques au niveau mondial est essentiel pour faire avancer les intérêts des animaux ! Elles vont en effet avoir un impact majeur sur ce qu’il se passe en Europe, en France et jusque dans nos villes. On ne peut décemment pas œuvrer pour les animaux aujourd’hui tout en ignorant ce qu’il se passe dans le monde.
Concrètement, quels sont les objectifs et le mode d’action de cette Fédération ?
GZ : La création de ce réseau permet d’augmenter l’influence du mouvement de protection des animaux ainsi que d’avoir un meilleur partage de l’information entre les différentes associations pour porter les intérêts des animaux d’une seule voix. C’est grâce à cette position unifiée que la Fédération pourra influencer les politiques menées par les organisations internationales comme l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) ou le programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE). L’objectif principal est d’intégrer le bien-être animal dans les politiques et les traités internationaux, y compris ceux sur la réduction des risques de pandémie, la transition vers des systèmes alimentaires durables, la perte de biodiversité, etc.
Concernant les thèmes abordés, nous déplorons avec la Fédération mondiale qu’aucun des Objectifs de développement durable (ODD) adoptés par les États membres des Nations unies en 2015 ne prennent spécifiquement en compte le bien-être animal (NDLR : les ODD définissent 17 priorités transversales pour assurer un développement durable à l’horizon 2030 : ils forment un agenda universel et influencent à ce titre les priorités et les moyens alloués par les Etats, les entreprises, les investisseurs, etc.). Une de nos demandes au sein de la Fédération est donc de reconnaître un dix-huitième ODD sur le bien-être animal pour mettre la protection des animaux à l’agenda international. La Fédération promeut également des thèmes comme celui du « One Welfare » qui reconnait les interdépendances entre le bien-être des animaux et celui des humains.
Pourquoi avoir décidé de la rejoindre ?
GZ : Nous avons décidé de rejoindre cette Fédération car la situation des animaux d’élevage dans le monde est particulièrement préoccupante. La majorité des animaux de ferme est élevée à travers le monde dans des conditions qui ne respectent pas leurs besoins fondamentaux et sont à l’origine de souffrance et de stress. Une situation inacceptable pour Welfarm qui depuis 25 ans œuvre pour améliorer le bien-être de tous les animaux d’élevage à chacune des étapes de leurs vies, quelque soit leur pays d’origine !
Par exemple, nous nous sommes opposés à la ratification de l’accord de libre-échange entre l’Union Européenne et le Marché commun du Sud (Mercosur) rassemblant la majorité des pays d’Amérique du Sud. Nous avions dénoncé le système de parcs d’engraissement industriels et intensifs dans lesquels sont élevés les bovins brésiliens, avec des concentrations excessives d’animaux et des impacts très néfastes sur leur santé.
Il faut également comprendre que l’existence de tels systèmes d’élevages à travers le monde ont des impacts directs sur les animaux élevés en France. En effet, l’adoption de l’accord UE-Mercosur aurait pu, du fait de la pression concurrentielle accrue, niveler vers le bas la réglementation européenne, remettre en cause sa bonne application et bloquer les projets futurs de l’UE concernant le bien-être animal. Améliorer la situation des animaux dans le monde permet donc de conserver les avancées obtenues en France et en Europe.
Chaque année nous lançons en outre notre campagne actions-transport où nous dénonçons les longs transports d’animaux dans le cadre des échanges internationaux et le traitement des animaux exportés vers les pays tiers. Nos enquêtes et celles de nos partenaires ont montré les terribles souffrances des animaux lors des longs trajets, en particulier durant les transports maritimes, ainsi que l’agonie interminable des animaux au moment de leur abattage. Se mobiliser à l’international permettra d’améliorer les conditions de transport et d’abattage des animaux exportés depuis la France.
-> SIGNEZ LA PETITION pour interdire les pires pratiques du transport d’animaux !
Un mot pour conclure ?
GZ : Déjà engagés dans la Fédération européenne des associations de protection animale, Eurogroup for Animals, nous avons obtenu de belles victoires. En rejoignant la World Federation for Animals, nous poursuivons nos efforts mais à une échelle encore plus grande, afin de toucher un encore plus grand nombre d’animaux. Nous continuons la mobilisation pour tous les animaux d’élevage !