Adapter les élevages de demain aux effets du changement climatique grâce à l’agroforesterie

La plantation d’arbres dans les pâtures offre de nombreux bénéfices pour les animaux d’élevage, notamment en matière de confort thermique. L’agroforesterie apparaît ainsi comme une solution pertinente pour réduire les souffrances des animaux durant les vagues de chaleur.

Moutons sur parcelle agroforestière.
© Jenn’s Photography

Selon l’Association française d’agroforesterie, le terme « agroforesterie » « recouvre l’ensemble des pratiques agricoles qui associent, sur une même parcelle, des arbres à une culture agricole et/ou de l’élevage ».

Que ce soit sous forme d’alignements, de haies ou encore de bosquets, la plantation d’arbres et d’arbustes présente de nombreux avantages, notamment en matière de bien-être animal.

Les arbres permettent en effet de protéger les animaux des intempéries, du vent, et des épisodes caniculaires durant la saison estivale.

Selon une étude initiée par la chambre d’agriculture des Hauts-de-France, on constate, durant les journées de fortes chaleurs, une baisse de température dans les prairies agroforestières de 2 à 8 °C selon les années par rapport au témoin. Une baisse significative du mercure qui s’accompagne d’une augmentation de l’humidité mesurée. Ces deux paramètres permettent la création d’un microclimat favorable à un meilleur confort thermique pour les animaux dans ces parcelles.

Un effet visible sur la température

L’étude met en évidence que « les arbres tamponnent les excès climatiques grâce à l’ombre créée par leur houppier et à l’humidité provenant de l’évapotranspiration via les stomates. Ils limitent aussi les amplitudes la nuit. L’effet des arbres est plus conséquent lors des épisodes de canicules, fortes chaleurs soudaines, période de sécheresse que lors des années plus humides et fraîches, néanmoins chaque année un effet est visible ».

Pour Carl Sheard, éleveur de porcs biologiques en plein air dans le Maine-et-Loire pratiquant l’agroforesterie, « les arbres et arbustes protègent les cochons du vent et du froid en hiver et leur donnent de l’ombre en été ». Il travaille actuellement avec l’Itab1 et la chambre d’agriculture dans le projet Fermadapt, en mesurant la différence entre la température dans les cabanes de ses truies et celle mesurée en dessous des arbres. « L’étude n’est pas terminée, mais d’après les travaux d’autres chercheurs, nous nous attendons à une baisse de 5 °C à l’ombre des arbres », explique l’éleveur.

Mettre des abris végétalisés à disposition des animaux est donc primordial durant les épisodes de fortes chaleurs. Une étude française a, par exemple, démontré que les taux de mortalité sont fortement diminués dans les élevages d’oies avec parcours ombragés par rapport aux parcours dépourvus d’arbres2.

L’agroforesterie favorise l’expression des comportements naturels des animaux

Mais les avantages des arbres et arbustes ne s’arrêtent pas là : en plus de la protection climatique, ils apportent d’autres bénéfices en élevage.

La présence de haies permet par exemple aux volailles d’exprimer leur comportement naturel et améliore leur confort : ces animaux ont tendance à être effrayés par les grands espaces ouverts qu’ils perçoivent comme dangereux vis-à-vis d’éventuels prédateurs. Les volailles se sentent plus en sécurité lorsqu’elles sont à proximité de structures verticales, ce qui augmente leur utilisation des parcours extérieurs3.

En ce qui concerne les bovins, les arbres favorisent davantage l’expression du comportement de grattage chez ces animaux que les objets artificiels comme les brosses4.

L’arbre comme source d’alimentation

Enfin, les arbres peuvent constituer une source d’alimentation supplémentaire pour les animaux, surtout en période de sécheresse, quand la pousse de l’herbe est limitée. On pense naturellement aux fruits, mais le feuillage de certaines essences peut avoir des valeurs nutritives supérieures à celui de la plupart des espèces prairiales. C’est le cas notamment du mûrier blanc ou encore du frêne, d’après une étude sur la composition chimique et la digestibilité in vitro des feuilles d’arbres, d’arbustes, de lianes et d’espèces herbacées.

Les chèvres notamment, qui sont des animaux cueilleurs, apprécient particulièrement la présence de feuillus sur les parcours.

De plus, les arbres au feuillage très riche en tannins sont fortement soupçonnés d’avoir un effet contre les parasites gastro-intestinaux.

Pour toutes ces raisons, Welfarm encourage les pratiques agroforestières dans les exploitations d’élevage. L’aménagement de zones d’ombrage végétales sur les parcours extérieurs des animaux d’élevage favorise leur adaptation lors d’épisodes de fortes chaleurs.

Retrouvez toutes les recommandations de Welfarm relatives à l’élevage et au transport d’animaux en période de fortes chaleurs.

Une pétition est en ligne pour demander au Gouvernement de prendre des mesures ambitieuses pour transformer les conditions d’élevage et de transport des animaux.

(1) Institut technique de l’agriculture biologique

(2) Dubois J. P, Bija M., Auvergne A., Lavigne F., Fernandez X., Babilé R. (2008). Agroforesterie : comportement des oies sous un couvert de noyers et effet sur les performances du verger. 8es Journées de la Recherche sur les Palmipèdes à Foie Gras, 30-31

(3) A.C. Fanatico, J.A. Mench, G.S. Archer, Y. Liang, V.B. Brewer Gunsaulis, C.M. Owens, A.M. Donoghue. (2016). Effect of outdoor structural enrichments on the performance, use of range area, and behavior of organic meat chickens, Poultry Science, 95(9), https://doi.org/10.3382/ps/pew196

(4) D. Kohari, T. Kosako, M. Fukasawa, et H. Tsukada. (2007). Effect of environmental enrichment by providing trees as rubbing objects in grassland: Grazing cattle need tree-grooming, Animal Science Journal, 78(4), https://doi.org/10.1111/j.1740-0929.2007.00455.x