Brittany Ferries reprend les exportations de veaux non sevrés d’Irlande vers la France

Welfarm est fermement opposée au retour de l’opérateur français dans le transport de très jeunes bovins entre l’Irlande et la France. Nous avons apporté notre soutien, avec d’autres ONG de protection animale, à une lettre ouverte adressée aux dirigeants de Brittany Ferries.

Photo d’illustration © Welfarm/AWF

Alors qu’il avait cessé de participer à ce commerce cruel depuis trente ans, le transporteur français Brittany Ferries, basé à Roscoff (Finistère), a décidé de reprendre le transport maritime de bovins d’Irlande vers la France à partir de mars 2025.

Selon le média irlandais Agriland, l’entreprise prévoit de transporter ces animaux entre le port de Rosslare, dans le comté de Wexford, et le port de Cherbourg-en-Cotentin, dans le département de la Manche.

Jusqu’ici, deux entreprises assuraient le transport d’animaux vivants entre l’Irlande et Cherbourg-en-Cotentin : Irish Ferries et Stena Line.

Augmentation du nombre de veaux transportés

En janvier et février 2025, environ 5 700 veaux ont été exportés, d’après les chiffres du ministère de l’Agriculture irlandais.

Le retour de Brittany Ferries sur ce segment permettra une augmentation substantielle du nombre de bovins transportés chaque année de l’Irlande vers l’Europe continentale. Parmi eux, de très jeunes veaux non sevrés destinés à l’engraissement.

Selon Agriland, « le ferry concerné, le « Cotentin », effectuera ces traversées à l’approche de la haute saison des vêlages de printemps dans les exploitations irlandaises, période qui entraîne une augmentation du nombre de veaux irlandais vendus à des acheteurs situés dans plusieurs pays d’Europe continentale ».

Des transports incompatibles avec le bien-être animal…

Dans un communiqué, le transporteur déclare que « le bien-être animal est une priorité absolue pour Brittany Ferries. Le Cotentin a été spécialement sélectionné pour ce service car il est conçu pour le transport de fret et équipé afin d’assurer les meilleures conditions possibles aux animaux pendant le trajet ».

Pourtant, en 2022, la Fédération des vétérinaires d’Europe affirmait que :

« les animaux devraient être transportés le moins possible, élevés aussi près que possible des lieux de leur naissance et abattus aussi près que possible du site de production » ;

« les trajets longs (plus de 8 heures entre le départ et la destination finale) devraient être évités pour tous les animaux » ;

« le transport d’animaux sur de longues distances par voie maritime doit être progressivement supprimé ».

Les risques pour les animaux sont multiples lors d’un transport en mer : manipulations parfois violentes lors des chargements et déchargements ; incidences de la météo ; stress thermique ; quantités pas toujours suffisantes de nourriture et d’eau ; accumulation des excréments…

Les animaux ainsi transportés ressentent de la peur et du stress, en plus de la faim, de la soif, de la fatigue et du manque d’hygiène.

… et avec la réglementation

Dans son rapport d’audit du 22 décembre 2023 (DG(SANTE) 2022-7503), la Commission européenne a souligné que, selon elle, le transport des veaux non sevrés d’Irlande vers la France viole le règlement 1/2005 sur la protection des animaux pendant le transport, car leurs besoins alimentaires ne sont pas respectés.

La Commission interprète ce règlement comme exigeant que les veaux non sevrés soient nourris durant la longue traversée maritime par ferry roll-on/roll-off (roro) entre l’Irlande et la France, car ils doivent être alimentés après un maximum de 19 heures. Or, ces veaux ne reçoivent pas de nourriture pendant la traversée, et il est en réalité impossible de les nourrir à bord d’un ferry roro lorsqu’ils sont transportés en camion.

De fait, le transport de veaux non sevrés à bord de ce type de navire, en plus d’être incompatible avec le bien-être des animaux, ne respecte pas la législation européenne et devrait donc être interdit.

Lettre ouverte à Brittany Ferries

Welfarm s’oppose à la reprise de ces exportations par Brittany Ferries et apporte son soutien à une lettre ouverte demandant aux dirigeants de l’entreprise de revenir sur cette décision.

Depuis de nombreuses années, notre organisation demande la fin des longs transports d’animaux, qui sont source de grandes souffrances pour ces derniers, que ce soit sur la route ou en mer. Pour limiter les distances parcourues, nous souhaitons que les animaux soient élevés, engraissés et abattus sur un même bassin de production.

Une pétition est en ligne pour soutenir nos demandes.