Cantines : les élevages intensifs certifiés Haute valeur environnementale par le Gouvernement

Des arrêtés du ministère de l’Agriculture en date du 25 janvier 2021 permettent à plusieurs élevages intensifs (canards, poulets, dindes, pintades) de prétendre à la labellisation Haute valeur environnementale (HVE) de niveau 2. 

Des élevages labellisés prétendument favorables au maintien de la biodiversité 

Lors de la consultation citoyenne préalable à la loi EGalim du 30 octobre 2018, les Français avaient placé en tête de leurs préoccupations la question du bien-être animal. Les ambitions du texte semblent leur faire écho pour partie. En effet, l’article 24 de cette loi prévoit que 50 % des produits servis dans les cantines au plus tard le 1er janvier 2022 soient « durables » et qu’au moins 20 % de ce quota soit constitué de produits bios. Dans ce cadre, la loi édicte notamment que cette enveloppe de 50 % couvre les produits bénéficiant de la certification environnementale de niveau 2 d’ici à 2030.

Pourtant, et bien qu’il soit tourné vers la protection de l’environnement, cet état de la législation soulève deux séries de difficultés.

D’une part, la délivrance de cette certification ne dépend d’aucun critère permettant d’améliorer les conditions d’élevage des animaux.

D’autre part, cette « certification environnementale de l’exploitation » a été attribuée le 25 janvier 2021 aux élevages de volailles ayant intégré la charte EVA-Environnement* par le ministère de l’Agriculture. En apparence, cette approche pourrait avoir du sens puisque l’éleveur est tenu, selon les termes de la charte, de « satisfaire aux règles techniques au titre de la protection animale ». Or, cette charte reste très faiblement protectrice des animaux. Par exemple, elle n’empêche pas les éleveurs de poulets de demander une dérogation pour produire à une densité supérieure à 33 kg/m². En d’autres termes, des exploitations qui claustrent à vie les animaux et les entassent à plus de 20/m² peuvent être certifiés HVE en France.

Welfarm s’engage d’ailleurs en faveur de la réduction des densités en élevage de poulets

(signer la pétition ici)

Autres exemples : peuvent également relever de la démarche Haute valeur environnementale les exploitations intensives de dindes qui utilisent des souches d’animaux à croissance rapide préjudiciables à leur bien-être, les exploitations de pintades en claustration permanente ou bien encore les élevages de canards qui recourent au débecquage et dégriffage à vif de leurs animaux. Désormais, dans les 50 % de produits dit « de qualité », c’est une grande partie de l’industrie standard de la volaille française qui pourra être valorisée. 

C’est donc une situation inadmissible dont se saisit aujourd’hui un ensemble d’organisations qui œuvrent pour une autre agriculture, dont Welfarm, dans un communiqué paru ce jour.

Vers plus d’éthique dans les assiettes des enfants

Enjeu considérable s’il en est, la restauration collective scolaire représente 1 milliard de repas par an. Depuis le vote de la loi en 2018, plusieurs acteurs privés cherchent à intégrer ce quota de 50 % de produits durables, sans modifier radicalement leurs pratiques. Pourtant, sans évolution en ce sens, de trop nombreux animaux resteront élevés dans des conditions déplorables. 

Le projet de loi Climat et résilience actuellement soumis à l’Assemblée nationale pourrait changer la donne : son adoption pourrait permettre d’exclure définitivement des 50 % de produits dits « de qualité » ceux qui sont issus des élevages intensifs. Welfarm espère donc un amendement en ce sens et ce, d’autant que les autres labels (AOP, label Rouge, etc.) restent encore perfectibles en matière de protection animale.

Dans cette attente, saluons quelques initiatives qui méritent d’être encouragées. Certaines collectivités ont en effet inclus la protection du bien-être animal dans leurs marchés publics. C’est ainsi que Saint-Rémy-de-Provence, Grenoble, Strasbourg ou bien encore Lyon ont fait le choix de tourner le dos à l’élevage intensif pour tout ou partie de leurs approvisionnements. Avec son initiative Etica, Welfarm accompagne les professionnels et collectivités vers une meilleure prise en compte du bien-être animal en restauration collective.

 
(*) La charte interprofessionnelle EVA a été conçue comme un socle minimum d’exigences dans les élevages avicoles standards français. C’est une initiative nationale de l’interprofession de la dinde (Cidef), des comités interprofessionnels du poulet de chair (CIPC) et du canard (Cicar). Elle atteste du respect de la réglementation et de l’application des bonnes conditions et bonnes pratiques d’élevage soit le niveau règlementaire minimal. L’objectif de la charte est d’établir un socle commun de référence reconnu qui permet aux abatteurs de valoriser la qualité et l’origine France auprès d’acheteurs français ou étrangers. Cette charte recouvre l’ensemble de l’élevage conventionnel français. Voir aussi

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