Deux éleveurs normands nous ont ouvert les portes de leur abattoir à la ferme. Kathleen et Stéphane ont décidé d’accompagner leurs animaux jusqu’au bout, en essayant de réduire le stress au moment de l’abattage.

Kathleen Bremont, installée à Ver en Normandie, élève des vaches Angus certifiées bio depuis 2019. Les animaux pâturent dans des prairies de l’exploitation, qui s’étend sur environ 200 hectares.
Un mode d’abattage plus respectueux
Alors qu’ils avaient pour habitude de faire abattre leurs bovins dans un abattoir classique, Kathleen et Stéphane ont pris la décision de procéder eux-mêmes à l’abattage de leurs animaux. Ils ont donc construit un abattoir sur leur ferme. Kathleen Bremont nous a confié qu’elle n’aimait pas la façon dont les animaux étaient traités « dans l’industrie ».
Abattus dans leur lieu de vie, les bovins ne subissent pas le stress du transport, restent dans un environnement familier et ne sont pas mélangés à des congénères inconnus.
Accompagner leurs animaux jusqu’à la mort est un moyen selon eux de retrouver du sens dans l’activité d’élevage, en respectant les derniers instants de l’animal ainsi que le travail de l’éleveur.
« C’est tellement facile de charger un camion, de fermer la porte et de s’en laver les mains », déplore Stéphane. « Quand on fait de l’élevage aujourd’hui, il faut aller jusqu’au bout », poursuit-il.
Ils ont pensé et construit leur abattoir avec le soutien des services vétérinaires. Grâce à leur formation de responsable protection animale, ils sont habilités à étourdir eux-mêmes leurs animaux.
Leur priorité : réduire le stress des animaux
Afin de limiter le stress des animaux lors de l’abattage, les éleveurs procèdent à une phase de familiarisation : ils habituent les bovins à circuler calmement dans le chemin menant au poste d’étourdissement, et les incitent à entrer dans le système de contention, parfois à l’aide de nourriture, quelques jours auparavant.
Le jour J, ils veillent à ne pas sortir individuellement les bovins de la zone d’attente, car cela génère du stress. Ils dirigent donc tout le groupe dans le couloir d’amenée qui est suffisamment large pour permettre aux bovins non destinés à être abattus ce jour-là d’effectuer un demi-tour afin de regagner la zone d’attente.
Par ailleurs, les éleveurs ont installé une cloison coulissante entre le poste d’étourdissement et le poste de saignée. Cette installation innovante permet de garantir que les animaux en attente ne puissent voir leurs congénères accrochés au rail de saignée.

Welfarm suit attentivement les projets d’abattoirs alternatifs
Les éleveurs souhaitent que leur projet soit reproductible et contribue à faire avancer la cause animale. Welfarm souhaite de même que ce type d’infrastructures puisse se développer malgré les investissements importants qu’elles nécessitent.
En effet, Welfarm soutient les projets d’abattoirs alternatifs permettant de réduire le transport des animaux, tels que le projet de la ferme EBEN ou les projets d’abattoirs mobiles. Welfarm est également favorable aux projets d’abattoirs fixes « paysans » qui, par leur présence, contribuent à réduire le temps de transport des animaux. Ces abattoirs, à cadence réduite, sont gérés par les éleveurs, qui ont la possibilité d’accompagner leurs animaux jusqu’au bout.