La Chine pousse l’élevage intensif à son paroxysme, la France n’est pas en reste

Un immeuble de 26 étages capable d’accueillir 650 000 animaux. Au centre de la Chine, près de Wuhan, la plus grande porcherie au monde vient d’être mise en service. Et cette ferme-usine n’est pas une exception dans l’Empire du milieu. Sans atteindre le gigantisme chinois, en France, l’élevage intensif est également la norme.

Ce projet, qui frappe par son gigantisme, traduit une tendance de fond en Chine. (photos captures d’écran)

25 000 animaux par étage

Dans la ville d’Ezhou, au centre de la Chine, un gratte-ciel de 26 étages abrite désormais la plus grande porcherie du monde. La structure est gérée par la société Zhongxin Kaiwei Modern Farming pour une capacité de production de 650 000 porcs charcutiers. Près de 25 000 bêtes sont logées à chaque niveau. Dans cet immeuble où tout est automatisé, les porcs sont montés dans la tour grâce à de gigantesques ascenseurs d’une capacité de 40 tonnes.

Il est plus qu’évident que dans de telles conditions, il est impossible pour les animaux d’exprimer leurs comportements naturels, étant réduits à l’état de purs objets.

Photo de l'intérieur de la plus grande ferme-usine au monde dans le Chine.
Près de 25 000 bêtes sont logées à chaque niveau.

Ce projet, qui frappe par son gigantisme, traduit une tendance de fond en Chine. À Ezhou, une deuxième tour de 26 étages est déjà construite. Le complexe prévoit au total cinq immeubles pouvant accueillir plus de trois millions de cochons. En 2020, l’entreprise privée agricole Yangxiang avait déjà inauguré un bâtiment de ce genre de « seulement » 12 étages en 2020. Toujours en 2020, la firme Muyuan Foods ouvrait une ferme refermant 84 000 truies pour produire 2,1 millions de porcs chaque année. Autre exemple, en 2019, la Guifei Mountain Sow Farm, abritant 28 000 truies réparties dans huit bâtiments de neuf étages chacun.

Une industrialisation poussée à l’extrême au nom de la sécurité sanitaire

Pour Mathilde Le Boulch, ingénieure d’études économiques à l’Ifip, citée par Porcmag, « cette nouvelle mode des usines porcines sur différents étages avec parfois même la présence de l’usine d’aliment sur place, a été soutenue par le récent épisode de fièvre porcine africaine en Chine qui a abouti à l’arrêt progressif de l’élevage individuel et familial. Le gouvernement a encouragé cette industrialisation et cette augmentation de la production dans le but d’atteindre l’auto-suffisance ». En 2019, la peste porcine africaine a décimé 200 millions de porcs avec pour conséquences d’augmenter fortement les importations et faire monter le prix de la viande.

La Chine est le premier consommateur mondial de porcs.

La France mal placée pour donner des leçons

Si ces structures géantes chinoises ne sont évidemment pas dans les cartons en France, il est bon de rappeler que l’élevage intensif y est aussi la norme. Dans l’Hexagone, 95% des porcs sont élevés en élevage intensif, en bâtiment fermé sans accès extérieur, sur un sol bétonné et ajouré sans paille appelé caillebotis1. Ils n’ont pas la moindre opportunité d’exprimer leurs comportements naturels. À la fin de leur vie, les porcs mâles sevrés ne disposent même pas d’un mètre carré par individu : la réglementation autorise d’élever un porc pesant entre 85 et 110kg sur une surface de seulement 0,65m2.

Les services de l’État donnent leur accord à une ferme aux 12 000 cochons en Bretagne

Sans atteindre les dimensions colossales évoquées précédemment, les exploitations porcines françaises peuvent elles aussi regrouper des milliers d’animaux. C’est par exemple le cas en Bretagne. Dans le Finistère, les services de l’État viennent ainsi de donner leur accord à l’extension d’un élevage géant de porcs à Landunvez. L’exploitation pourra accueillir près de 12 000 porcs avec l’objectif de passer à terme à 27 000 porcs.

1 INAPORC (Interprofession nationale porcine). « Les trois systèmes d’élevage » , leporc.com.