Les Français sont confinés chez eux, les écoles et les magasins fermés, la plupart des vols annulés, les transports publics quasi à l’arrêt… Et pourtant, en pleine épidémie, des millions d’animaux d’élevage circulent toujours à bord de camions qui les expédient à l’autre bout de l’Europe, ou à bord de navire à destination de l’Afrique du Nord ou du Moyen-Orient. Du fait des restrictions sanitaires, des bouchons se forment déjà aux frontières. Les animaux doivent attendre des heures dans des camions à l’arrêt. Cette pandémie évoluant de jour en jour, elle risque de générer des situations dramatiques : si un pays refuse de laisser un bateau entrer sur son territoire, qu’adviendra-t-il des animaux qui se trouvent à bord ?
Avec le Covid19, le transport des animaux est hors de tout contrôle :
- de moins en moins de chauffeurs disponibles ? Les opérateurs risquent de surcharger les camions pour compenser les pertes ;
- des vétérinaires en arrêt maladie ou confinés chez eux ? Qui va contrôler que les camions sont conformes et que les animaux sont aptes au transport ?
- des forces de l’ordre surmobilisées pour lutter contre l’épidémie ? Plus personne pour effectuer des contrôles sur route ;
- moins d’ONG sur le terrain du fait du confinement ? Moins de lanceurs d’alerte pour dénoncer les mauvaises pratiques.
La Commission européenne, qui connaît ces risques, publiait pourtant le 16 mars ses consignes pour la gestion des frontières durant l’épidémie. Dans ce document, la Commission insiste sur le fait que le transport du bétail entre les états-membres doit se poursuivre malgré l’épidémie.
Poursuivre le commerce d’animaux vivants constitue une menace, non seulement pour les animaux, mais pour la santé publique. Les animaux ne voyagent pas seuls : chauffeurs, équipages de navires, fonctionnaires aux postes-frontières, vétérinaires… Tous risquent être infectés ou d’apporter le virus dans des zones qui étaient épargnées.
37 ONG appellent la Commission européenne à limiter les transports durant l’épidémie
À la lumière de toutes ces considérations, il est évident que la crise du Covid19 ne permet pas le respecter le principe fondamental du Règlement (CE) n° 1/2005 sur le transport des animaux : « Nul ne transporte ou ne fait transporter des animaux dans des conditions telles qu’ils risquent d’être blessés ou de subir des souffrances inutiles. »
Ce matin, 37 ONG dont Welfarm ont donc adressé un courrier à la Commission et au Conseil de l’Europe lui demandant instamment de :
- suspendre toutes les exportations terrestres et maritimes d’animaux de ferme vivants vers les pays tiers. Il existe un risque réel que les navires arrivant dans les ports des pays tiers ne soient pas autorisés à décharger les animaux. En outre, les pays importateurs sont encore moins susceptibles qu’actuellement de garantir que les animaux soient abattus conformément aux normes de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) sur le bien-être à l’abattage ;
- suspendre tout transport d’animaux de ferme vivants sur des trajets de plus de huit heures entre états-membres : ni les vétérinaires, ni la police n’auront le temps pendant la crise Covid19 de faire respecter le règlement sur le transport des animaux.