Un comble pour la banque des agriculteurs qui se targue de s’impliquer activement dans la recherche sur le bien-être animal et promet de devenir, d’ici à 2022, le premier acteur européen de l’investissement responsable. Pour alerter ses clients, Welfarm déposera 7 millions d’euros en faux billets devant le siège du Crédit agricole à Montrouge, aujourd’hui à 10 heures. Avec cette nouvelle campagne, Welfarm espère inciter la banque à reporter ses investissements sur des modes d’élevage plus vertueux…
« Ta tête quand tu découvres que ta banque finance l’élevage intensif »
2,49 milliards d’euros : c’est la somme investie en 2018 par le Crédit agricole sous forme d’actions ou d’obligations dans des groupements d’élevages, sociétés de restauration, distributeurs et autres entreprises de l’agroalimentaire ne se souciant pas ou trop peu du bien-être des poulets. Selon une enquête diffusée en France par Welfarm et réalisée par le Fair Bank Guide Pays-Bas (coalition rassemblant Amnesty International, Oxfam Novib, Milieudefensie, PAX et World Animal Protection), le Crédit agricole se classe ainsi au premier rang des investisseurs bancaires de l’élevage intensif de poulets en France. De par son poids dans le secteur agricole (8 éleveurs sur 10 en sont clients), le Crédit agricole participe ainsi au maintien et au développement de l’élevage intensif et assure la pérennité de ce modèle, source d’innombrables souffrances pour des millions d’animaux.
407 millions d’euros pour McDonald’s, 23,5 millions pour Domino’s pizza…
Comme McDonald’s, Domino’s Pizza ou Walmart, les entreprises et multinationales dans lesquelles Crédit agricole investit ses fonds propres ne se sont pas engagés à ce qu’au moins 20 % de leurs approvisionnements en viande de poulet soient issus d’élevages en plein air (ou disposant d’un jardin d’hiver*) et à respecter les critères contenus dans l’European Chicken Commitment (ECC). Portée par une trentaine d’associations, dont Welfarm, l’ECC vise à assurer un socle minimum en matière de bien-être animal. Elle exige par exemple de passer de 42 kilos de poulets par m² (soit 22 animaux, la norme en élevage intensif) à 30 kg (soit environ 15 individus), d’enrichir leur environnement, de leur donner accès à la lumière naturelle, d’améliorer la qualité de l’air, etc.
70 000 faux billets déversés devant le siège du Crédit agricole
Afin d’alerter les clients du Crédit agricole, les militants de Welfarm vont déverser 70 000 faux billets de 100 euros, soit 7 millions d’euros au total, devant le siège du groupe, à Montrouge, ce matin. Ces billets représentent la somme investie quotidiennement par le Crédit agricole dans des entreprises soutenant l’élevage intensif des poulets. Les militants brandiront également 6 affiches parodiant les publicités du Crédit agricole. Un mini film en motion design est également diffusé sur YouTube, tandis que le site action-poulets.fr permet à chacun d’envoyer au Crédit agricole un message de réclamation pour lui demander de cesser de financer ces élevages intensifs.
La France, véritable cancre européen pour l’élevage des poulets
Avec 800 millions de poulets abattus en France chaque année, c’est la première viande produite et consommée dans notre pays. Or, 83 % des poulets sont détenus en élevage intensif : enfermés à vie en bâtiment, sur une litière souillée causant des lésions aux pattes et des problèmes respiratoires, sélectionnés génétiquement pour grossir anormalement vite… Pire encore, en France, les poulets sont entassés selon des densités parmi les plus élevées d’Europe ! Alors que la réglementation européenne autorise une densité maximale de 33 kilos de poulets par m² (soit environ 17 individus), la France abuse d’une dérogation pour y entasser 42 kg (soit 22 animaux). Plus de la moitié des poulets élevés à la densité maximale en Europe se trouvent ainsi en France, ce qui nous a valu d’être pointés du doigt par la Commission européenne. En cautionnant ces pratiques, le Gouvernement français est donc tout aussi responsable que les banques. Welfarm a donc lancé une pétition à l’attention du Gouvernement demandant la stricte application de la réglementation européenne sur les densités, et donc l’impossibilité d’y déroger. En espérant que le nouveau ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, répondra aux attentes des citoyens-consommateurs, de plus en plus soucieux du bien-être animal.
> Signez la pétition sur action-poulets.fr
(*) : Espace à l’air libre attenant au bâtiment où les animaux disposent de litière et de lumière naturelle.