Mauvais traitements dans un élevage de dindes : comment Welfarm travaille avec les professionnels pour empêcher ce type de dérive

Les images sont difficilement soutenables : des dindes et dindons que l’on entasse à coups de pied dans des cages bien trop petites, transportés comprimés les uns contre les autres jusqu’à l’abattoir. Une nouvelle enquête de L214 vient jeter une lumière crue sur les conditions d’élevage de ces oiseaux. Welfarm travaille sur le terrain auprès des professionnels pour les aider à mettre en place de meilleures pratiques et ainsi éviter de telles dérives.

Les ramasseurs tassent à coups de pied les oiseaux pour les faire rentrer dans des cages trop petites.

Tassés à coups de pied, écrasés les uns contre les autres

Les images proviennent d’un élevage de dindes et dindons (reproducteurs) de Loire-Atlantique et de leur transport vers un abattoir du Morbihan. Elles sont particulièrement violentes. Les cages de transports sont beaucoup trop petites (des animaux de 15kg à rentrer dans des caisses de 40 cm de hauteur) et les ramasseurs sont donc obligés de littéralement projeter et parfois tasser à coups de pied les oiseaux pour les charger. Les images du transport vers l’abattoir sont du même acabit : les animaux sont entassés, entravés dans leur mouvement.

[La vidéo est disponible ICI]

Allier respect des animaux et satisfaction de l’éleveur

Forte de son expertise, Welfarm est engagée sur le terrain pour soutenir les éleveurs qui souhaitent se tourner vers des pratiques plus respectueuses du bien-être animal. C’est par exemple le cas d’Éric Humphry en Bretagne. Avec sa coopérative agricole Eureden, il s’engage pour la refonte des conditions d’élevage de dindes de la région. Le but : agir en faveur du bien-être animal et des filières locales. Sur le terrain, en s’appuyant sur l’expertise et le savoir-faire de Welfarm, les conseillers techniques de la coopérative et Éric Humphry se sont associés pour mettre au point un bâtiment pilote exemplaire, qui garantit aux dindes plus d’espace de vie, avec une ouverture sur l’extérieur.

Au-delà de la volonté de certains éleveurs, un changement de législation est indispensable

En France, 97% des dindes sont élevées de manière intensive, soit plus de 50 millions d‘animaux. Ces derniers sont entassés dans des bâtiments, sans aucun accès à l‘extérieur. La vie des dindes en élevage intensif n‘est qu‘une longue succession de souffrances : frustrations comportementales, stress, douleurs physiques, problèmes locomoteurs et respiratoires, blessures, lésions cutanées… Nombre de dindonneaux meurent avant d‘atteindre l‘âge auquel ils sont normalement abattus. À cela s‘ajoutent des conditions de transports et d‘abattage souvent problématiques.

À ce jour, il n‘existe aucune réglementation spécifique en France et en Europe concernant la protection des dindes, bien qu’elles figurent parmi les animaux d’élevage les plus répandus dans l’UE. Le seul texte existant qui vise directement cette espèce est une recommandation européenne énoncée et adoptée par le Comité permanent du Conseil de l‘Europe en juin 2001, mais il n‘a aucune valeur obligatoire.1

Les recommandations de Welfarm

Welfarm accorde une importance particulière aux éléments suivants :

ꟷchoix de souches à croissance intermédiaire ou lente ;

ꟷlimitation de la densité et de la taille des groupes ;

ꟷaucune mutilation : interdiction de l‘épointage et du dégriffage ;

ꟷconception et aménagement des bâtiments d‘élevage en adéquation avec les besoins des animaux (perchoirs ou plateforme surélevées, litière de qualité et entretenue…) ;

ꟷaccès à un parcours extérieur : parcours arboré ou a minima jardin d’hiver accessible en permanence ;

ꟷlumière naturelle : ouvertures dans les bâtiments ; période de 8h sans lumière artificielle pour le repos nocturne ; transitions crépusculaires.

La Wallonie montre la voie

En avril dernier, un projet d’arrêté relatif au bien-être des dindes dans les élevages a été adopté par le gouvernement wallon. Cette réglementation impose entre autres un accès à un jardin d’hiver ou à un parcours extérieur, l’interdiction de caillabottis, des densités maximales plus faibles qu’auparavant, l’installation de perchoirs et de matériaux d’enrichissement du milieu de vie des dindes.

Les recommandations de Welfarm sont parfaitement en phase avec la nouvelle législation wallonne. Elles sont donc tout à fait réalistes et peuvent être mises en œuvre si les différents acteurs impliqués (professionnels de la filière, experts scientifiques, ONG) ont la volonté de trouver un compromis. Au-delà des professionnels, Welfarm agit en ce sens auprès des pouvoirs publics.

1 Comité permanent de la convention européenne sur la protection des animaux dans les élevages : recommandation concernant les dindes (Meleagris gallopovo) adopté par le Comité permanent le 21 juin 2001