À l’heure où les Français exigent de la nouvelle Politique agricole commune (PAC) et du Plan de relance qu’ils soient garants de meilleures conditions d’élevage des animaux, les investissements considérables du secteur bancaire dans l’élevage intensif continuent d’affluer sans être aucunement questionnés. Car les banques se gardent bien de communiquer sur ses placements peu éthiques qui restent, encore aujourd’hui, méconnus de leurs clients et du grand public.
Crédit Agricole, premier dans l’élevage intensif de poulets
Première banque des Français, première banque des agriculteurs, Crédit agricole est aussi le premier investisseur bancaire français dans l’élevage intensif de poulets. En 2018, la banque avait en effet souscrit pour près de 2,5 milliards d’euros en actions ou en obligations auprès de producteurs, de sociétés de restauration ou de distributeurs qui s’approvisionnent directement auprès d’élevages intensifs de poulets.
Dans ces exploitations, les animaux sont détenus dans des hangars, entassés les uns sur les autres à 22 par mètre carré. La litière n’est pas changée, les bâtiments sont souvent sombres et l’air est chargé en ammoniac. Sélectionnés génétiquement pour grossir toujours plus rapidement, les poulets sont nombreux à souffrir de graves problèmes cardiaques ou locomoteurs pouvant les mener à la mort.
Pourtant, sur son site Internet, Crédit agricole se targue d’être leader dans la finance verte et poursuit l’ambition de devenir première banque européenne dans l’ « investissement responsable ». On est aujourd’hui loin du compte : malgré les nombreuses interpellations des citoyens et d’associations de protection animale, la banque refuse de communiquer publiquement sur un quelconque engagement en matière de bien-être animal.
Les mastodontes de l’élevage intensif, grands gagnants des investissements bancaires
1,2 milliard : c’est l’argent injecté auprès de McDonald’s par les six principales banques françaises en 2018. Elles ont également investi 114 millions auprès de Domino’s pizza et 157 millions auprès de JBS, l’une des plus importantes entreprises agroalimentaires mondiales du secteur de la viande. Comme le montre l’enquête relayée par l’association Welfarm en septembre dernier, la liste des acteurs de l’élevage intensif bénéficiant des placements des banques françaises ne s’arrête pas là… Elle témoigne d’une chose : ce n’est pas l’éthique, mais bien la rentabilité à court terme qui guide les investissements bancaires français. Car, malheureusement, ni McDonald’s, ni Domino’s pizza, ni aucun autre bénéficiaire de la liste n’a encore signé l’European Chicken Commitment, une déclaration assurant un socle minimum de protection des poulets.
Transition agro-écologique : les banques doivent être au rendez-vous !
Si les fonds dédiés de la PAC au soutien des élevages français avoisinent le milliard d’euros par an, Crédit agricole injecte à lui seul près de 2,5 milliards d’euros uniquement dans l’élevage intensif de poulets chaque année. Peu pointées du doigt jusqu’à présent malgré leurs investissements dans le domaine de l’agro-alimentaire, les banques jouent pourtant un rôle prépondérant dans l’orientation des modes de production et pourraient soutenir les transitions nécessaires dans le domaine de l’élevage.
La crise sanitaire que nous traversons nous amène à réfléchir sur le modèle agricole et alimentaire que nous souhaitons pour demain. Cette réflexion ne peut occulter la question de la souffrance animale. Et le défi est de taille, puisque 80 % des animaux élevés en France sont aujourd’hui dans des systèmes de production intensive.
Les attentes des Français en matière de bien-être animal sont importantes : 98 % considèrent qu’il est important de protéger les animaux d’élevage , 88 % se positionnent contre l’élevage intensif et 91 % des Français sont favorables à rendre obligatoire un accès extérieur, pour tous les animaux d’élevage, dans un délai de dix ans . Cependant, bien que l’opinion publique se prononce en faveur de modes d’élevage résilients et respectueux des animaux, les banques françaises ne semblent pour l’instant pas enclines à soutenir, avec les moyens colossaux qui sont les leurs, les changements nécessaires pour répondre aux attentes sociétales actuelles et futures.
Cet argent que les banques investissent dans l’élevage intensif c’est notre argent. Nous avons le pouvoir de questionner ces investissements et d’engager le secteur bancaire dans une démarche plus responsable à l’égard des animaux.
> Pour en savoir plus : action-poulets.fr