Ce mercredi 4 décembre, l’Assemblée nationale a rejeté l’amendement 64 de la proposition de loi relative à différents articles de la loi Agriculture et alimentation, prévoyant l’obligation d’étiquetage du mode d’élevage sur les ovoproduits. Les députés devaient en effet décider si le code correspondant au mode d’élevage des poules pondeuses (0-1-2-3), déjà obligatoire sur les œufs coquilles, devait être généralisé aux produits alimentaires contenant des œufs comme ingrédients – comme par exemple la mayonnaise, les biscuits ou encore certaines crèmes glacées. Cet amendement, déposé par plusieurs députés de la majorité, n’avait malheureusement pas été soutenu par le Gouvernement ; une nouvelle opposition incompréhensible et inadmissible de la part du ministre de l’Agriculture Didier Guillaume à des progrès en matière d’information des consommateurs sur les conditions d’élevage des animaux, pourtant réalistes en ce qui concerne les ovoproduits.
Une occasion ratée dans la lutte contre l’élevage en cage
À l’instar des codes sur les œufs coquilles, cet étiquetage des produits contenant de l’œuf aurait pu renseigner le consommateur sur le mode d’élevage des poules pondeuses… et aurait pu être un outil précieux dans la lutte contre l’élevage des poules en cage. En effet, 71 % des œufs utilisés comme ingrédients sont issus d’élevage en cage en France. Or, le consommateur est de plus en plus attentif à ces questions. La mention du mode d’élevage sur les œufs coquilles a permis de voir baisser à moins de 50 % les ventes d’œufs issus de l’élevage en cage. Étendre cette mesure aux produits contenant de l’œuf pourrait ainsi permettre, par ricochet, un recul certain des modes de production intensifs au sein de la filière œufs.
Opposition du ministre de l’Agriculture
Malheureusement, le Gouvernement ne semble pas entendre ces arguments. WELFARM déplore en effet l’opposition du ministre de l’Agriculture à cet étiquetage, et regrette le fort taux d’absentéisme parmi les députés lors de l’examen de cette mesure à l’Assemblée nationale. À l’heure où l’information du consommateur et le bien-être animal apparaissent comme des préoccupations majeures au sein de l’opinion publique, comment est-il possible que seuls 18 députés votent pour une mesure destinée à répondre à ces enjeux ? Et cette obligation de transparence sur les modes d’élevage des poules pondeuses aurait-elle été adoptée si les 526 députés absents de l’hémicycle s’étaient exprimés ? Avant son élection en 2017, Emmanuel Macron assurait : « Je prends notamment l’engagement qu’il soit interdit d’ici 2022 de vendre des œufs pondus par des poules élevées en batterie. » Visiblement, trois ans plus tard, cette promesse ne semble toujours pas suivie d’actes concrets.