Les associations Welfarm et Seastemik publient aujourd’hui une lettre ouverte adressée aux dirigeants de Pure Salmon et Local Ocean, ainsi qu’aux responsables politiques et au grand public, afin d’ouvrir un débat démocratique sur les projets de fermes-usines de saumons à terre en France. Ces projets, qui pourraient produire jusqu’à 40 000 tonnes de saumons par an, soulèvent de vives préoccupations environnementales, économiques et éthiques.

Lettre ouverte : Le plus grand élevage intensif terrestre de saumons au monde, bientôt en France ? Ouvrons le débat démocratique
À l’attention des dirigeants de Pure Salmon et de Local Ocean, des responsables politiques et du grand public,
Deux projets de fermes-usines de saumons à terre progressent en France : un élevage ultra-intensif de 10 000 tonnes annuelles en Gironde (Pure Salmon) et un de 9 000 tonnes annuelles dans le Pas-de-Calais (Local Ocean).
Nous, les organisations Welfarm et Seastemik, accueillons très favorablement le souhait de Pure Salmon de participer au débat ouvert par la proposition de loi visant à instaurer un moratoire sur les fermes-usines de saumons à terre, déposée le 18 mars 2025 à l’Assemblée nationale. Un dialogue que nous cherchions en vain depuis des mois, puisque nos demandes à Pure Salmon étaient jusqu’alors restées sans réponse.
Aujourd’hui, nous invitons Pure Salmon à plus de transparence en engageant un dialogue avec toutes les parties prenantes, et en acceptant le débat reposant sur des faits scientifiques. Nous invitons également Local Océan à se joindre à ces échanges.
Nous appelons de nos vœux un débat démocratique sur ce sujet qui touche à notre avenir commun. Nous soutenons la proposition de loi transpartisane visant à instaurer un moratoire sur l’installation de ces fermes-usines de saumons.
En effet, ces fermes-usines de saumons sont d’un type nouveau : il s’agit d’élever des saumons dans des bassins à terre, de la naissance à l’abattage. Les volumes de production annoncés – jusqu’à 40 000 tonnes par an, à terme – sont démesurés et n’existent nulle part ailleurs. Ces élevages intensifs soulèvent de nombreuses questions environnementales, éthiques et économiques :
Menace sur le tissu économique local : l’implantation de ces élevages menacerait les emplois qui dépendent de l’équilibre écologique de nos côtes, de la conchyliculture au tourisme en passant par la pêche artisanale.
Dégradation des milieux naturels : les fermes-usines de saumons nécessitent d’importantes quantités d’eau et d’énergie ; une partie de l’eau est ensuite rejetée dans l’environnement. Ces implantations pourraient avoir des répercussions significatives sur les ressources locales et alourdir l’empreinte carbone déjà excessive de notre système alimentaire.
Mépris du bien-être des animaux : les saumons seraient élevés dans des conditions incompatibles avec leur bien-être. Les fortes densités pratiquées dans des espaces confinés augmentent les risques de problèmes de santé et de stress.
Face à ces risques, nous espérons que l’entreprise Pure Salmon remédie rapidement à son manque de transparence et de dialogue sur les impacts réels dont elle a fait preuve jusqu’ici.
À l’échelle locale, en particulier en Gironde, le débat contradictoire a jusqu’à aujourd’hui été bafoué. Un débat bafoué par Pure Salmon, d’abord, qui a engagé une procédure bâillon pour faire taire les opposants. En effet, face à la pétition largement soutenue par la population locale, Pure Salmon avait attaqué l’association Eaux Secours Agissons en justice pour diffamation, une affaire qui a été tranchée en faveur de l’association Eaux Secours Agissons en première instance et en appel. Mais aussi un débat bafoué par certains élus locaux ensuite, puisque de nombreuses demandes d’accès aux salles municipales sont refusées, empêchant toute réunion publique et tout débat à l’échelon local.
À l’échelle nationale, nous appelons à une concertation autour du développement de ce modèle d’aquaculture intensive en France, qui, au-delà des risques qu’il pose, nécessite une vérification de sa compatibilité avec le principe de précaution, les objectifs climatiques nationaux et la stratégie d’aquaculture durable. Les décisions qui affectent notre environnement et notre alimentation ne peuvent être prises ni dans la précipitation, ni dans l’opacité. Il est impératif que toutes les parties prenantes, y compris les citoyens, les associations environnementales et les autorités locales, soient informées et consultées sur les enjeux liés à l’implantation de ces fermes-usines. Nous restons à la disposition de tous les acteurs prêts à s’engager dans cette démarche et nous continuerons à rester mobilisés.