Grippe aviaire : 16 millions de volailles abattues en France, un record

Selon le ministère de l’Agriculture1, au 2 mai, la France comptait 1.364 foyers d’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) en élevage, 46 cas en faune sauvage et 30 cas en basse-cours. D’ordinaire, le virus touche surtout les élevages dans le Sud-Ouest. Cette année, pour la première fois, la majorité des foyers ont été recensés dans l’Ouest. WELFARM appelle une nouvelle fois à mettre en place une véritable politique de prévention sur le long terme.

Welfarm tire la sonnette d’alarme depuis déjà plusieurs années. Face à une gestion au coup par coup, il est temps de s’attaquer aux problèmes de fond qui favorisent les épidémies de grippe aviaire.

Un premier foyer d’influenza aviaire hautement pathogène a été détecté le 26 novembre dans un élevage commercial de poules pondeuses dans le département du Nord. Le 16 décembre, un foyer de type H5N1 a été confirmé dans un élevage de canards prêts à gaver dans le Gers, premier foyer avicole mis en évidence dans le Sud-Ouest depuis le début de ce nouvel épisode. Plusieurs départements du Sud-Ouest ont ensuite été touchés avec de nombreux cas dans les Landes et les Pyrénées atlantiques, notamment.

Alors que la situation commençait à se stabiliser dans le Sud-Ouest, les foyers d’IAHP ont fortement augmenté dans la région Pays de la Loire depuis fin février. Deux départements (Vendée et Loire-Atlantique) ont connu une diffusion rapide du virus d’IAHP et la région Pays de la Loire enregistre un nombre de foyers équivalent à plus du double de celui du Sud-Ouest.  Une nouvelle zone d’infection s’est développée depuis fin mars dans la région du Lot, de la Dordogne et de la Corrèze qui enregistre à ce jour plus de 100 foyers.

Le nombre d’abattages atteint des chiffres inédits. Seize millions de volailles ont été abattues en France depuis novembre pour endiguer l’épizootie2 de grippe aviaire, a fait savoir le ministère de l’Agriculture. « Le pic épidémique a été passé à la fin du mois de mars et l’épizootie décélère », a cependant souligné le ministère.

«L’État demande l’arrêt des ventilations pour provoquer la mort des animaux par asphyxie»

Nous relations en mars dernier la colère de la Confédération paysanne devant la gestion de l’épidémie par les pouvoirs publics. Le syndicat agricole reprochait aux services de l’État de laisser les éleveurs démunis en première ligne « faire le sale boulot » et notamment de leur demander « l’arrêt des ventilations pour provoquer la mort des animaux par asphyxie ».

Une vidéo de l’association L214 publiée à la fin du mois d’avril témoigne elle aussi de l’ampleur de la crise actuelle. Les images, filmées au drone, montrent l’enfouissement de millions d’oiseaux d’élevage dans une fosse réquisitionnée par l’État sur un chantier d’autoroute en Vendée. On y voit des monceaux de cadavres de poulets étalés à la pelleteuse et recouverts de chaux dispersée par des sortes de canons à neige.

La Chine détecte le premier cas humain de grippe aviaire H3N8

Toujours à la fin du mois d’avril, la Chine a affirmé avoir détecté le premier cas de grippe aviaire H3N8 chez l’homme, mais les autorités sanitaires assurent que le risque de transmission entre humains est faible. La souche H3N8 est connue pour infecter les chevaux, les chiens et les phoques, mais n’avait pas encore été détectée chez l’homme. Le ministère chinois de la Santé a déclaré le 26 avril qu’un garçon de quatre ans, vivant dans la province du Henan (centre), avait été testé positif à la souche H3N8 après avoir été hospitalisé début avril pour une fièvre et d’autres symptômes. La famille du malade élève des poulets et vit dans une zone peuplée de canards sauvages.

Le garçon a été infecté directement par les oiseaux, a indiqué le ministère de la Santé. Toujours selon le ministère, le cas du garçon résulte d’une «transmission interespèces ponctuelle» et «le risque de transmission à grande échelle est faible».

Les cas de transmission de grippe aviaire entre humains sont extrêmement rares. Les souches H5N1 et H7N9, détectées respectivement en 1997 et 2013, ont été les principales à l’origine des cas humains de grippe aviaire, selon les Centres américains de contrôle et prévention des maladies (CDC).

Welfarm appelle à s’attaquer «aux problèmes de fond»

 Welfarm tire la sonnette d’alarme depuis déjà plusieurs années. Face à une gestion au coup par coup, il est temps de s’attaquer aux problèmes de fond qui favorisent les épidémies de grippe aviaire afin de mettre en place une véritable politique de prévention à long terme. Parmi ces problèmes de fond : la concentration des sites d’élevage ou de transit des volailles domestiques (accouveurs, éleveurs, abatteurs), surtout lorsqu’ils sont situés sous un couloir de migration des espèces sauvages, les fréquents transports des volailles d’une région à une autre et entre les acteurs d’une même région, ou encore le nombre élevé d’animaux sur un même site. Sans compter l’imposition de la claustration des volailles d’élevages de plein air dans les bâtiments afin de les éloigner de la faune sauvage. Une mesure, qui, au-delà des atteintes évidentes au bien-être animal qu’elle engendre, ne présenterait qu’un faible avantage dans la lutte contre les épidémies de grippe aviaire.

En outre, Welfarm dénonce vivement le fait que le ministère de l’Agriculture ait recommandé à des éleveurs de laisser mourir des animaux par étouffement. Cela démontre des graves lacunes dans les moyens dont dispose l’État pour gérer de telles crises sanitaires dans la filière volaille et procéder, sans faire souffrir les animaux, à des abattages destinés à enrayer la propagation d’un virus.

1 https://agriculture.gouv.fr/influenza-aviaire-la-situation-en-france  

2 Une épizootie est une épidémie qui frappe les animaux.