Le syndicat agricole Confédération paysanne est vent debout contre la gestion par les pouvoirs publics de l’épidémie de grippe aviaire qui frappe particulièrement la Vendée et reproche au gouvernement de «laisser le sale boulot» à la charge des éleveurs. WELFARM, de son côté, appelle à mettre en place une véritable politique de prévention sur le long terme.
La brusque flambée des contaminations d’élevages par le virus H5N1, principalement en Vendée – la région Pays de la Loire est le deuxième territoire de production des volailles françaises après la Bretagne – fait de cet épisode le plus sévère qu’ait connu le pays, habitué à voir les cas se concentrer dans les élevages du Sud-Ouest. Dix millions de volailles ont été abattues en France depuis novembre pour endiguer la grippe aviaire, selon le ministère de l’Agriculture.
Depuis le premier cas recensé dans le nord de la France, fin novembre, près de mille élevages ont été contaminés par le virus, dont au moins 450 en Vendée, où les autorités sont en train de vider les élevages de volailles par des abattages massifs d’animaux malades mais aussi d’animaux sains, préventivement.
«Ces pratiques (…) sont absolument contraires au bien-être animal»
Dans un communiqué au vitriol diffusé lundi 21 mars, la Confédération paysanne ne mâche pas ses mots vis-à-vis de la gestion de cette crise par le gouvernement dans les départements des Pays de la Loire : «Face à la pénurie en matériel pour transporter les cadavres, à la pénurie en vétérinaires et à la saturation des outils d’équarrissage, il revient aux éleveurs et éleveuses de faire le sale boulot. C’est inadmissible», s’insurge le syndicat agricole. Qui poursuit : «Les services de l’Etat demandent désormais l’arrêt des ventilations pour provoquer la mort des animaux par asphyxie. Ces pratiques ou consignes orales, absolument contraires au bien-être animal, sont un scandale et un cauchemar pour les éleveurs.euses qui s’y trouvent contraints.» S’il s’avérait que ces consignes étaient effectivement données par le gouvernement, Welfarm les condamnerait avec la plus grande fermeté.
La Confédération paysanne s’inquiète notamment de la «détresse psychologique» chez les éleveurs qui doivent faire face à cette politique de la terre brûlée. Le syndicat est également préoccupé par la santé des éleveurs «qui doivent ramasser eux-mêmes leurs animaux morts avec les moyens du bord», alors qu’«aucun conseil n’a été donné en termes d’équipements» concernant «l’enfouissement» des cadavres d’animaux.
Welfarm appelle à s’attaquer «aux problèmes de fond»
Récemment, Welfarm, sans remettre en cause «la réactivité des services de l’Etat lors de l’identification d’un foyer de grippe aviaire», émettait des doutes quant à l’efficacité des mesures pour endiguer les contaminations : «Certaines des mesures préventives rendues obligatoires interrogent : le remède sera-t-il pire que le mal?»
Dans la ligne de mire de Welfarm, notamment, l’imposition de la claustration des volailles d’élevages de plein air dans les bâtiments afin de les éloigner de la faune sauvage. Une mesure, qui, au-delà des atteintes évidentes au bien-être animal qu’elle engendre, ne présenterait qu’un faible avantage dans la lutte contre les épidémies de grippe aviaire. Ainsi, selon les conclusions des experts de l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) concernant l’épidémie de grippe aviaire de 2017 dans le Sud-Ouest, «le maintien de l’épizootie dans le Sud-Ouest, [est resté] essentiellement lié à la diffusion des virus par les activités humaines associées à la filière palmipèdes gras».1
Dans une perspective de «politique du moindre mal», Welfarm propose la mise en place de jardins d’hiver qui pourrait adoucir les conditions de vie des volailles durant les périodes de crise sanitaire, une mesure que Welfarm recommande d’ailleurs pour tous les élevages de volailles, quel que soit le mode de production.
D’une manière plus générale, Welfarm milite pour s’attaquer aux problèmes de fond qui favorisent les épidémies de grippe aviaire afin de mettre en place une véritable politique de prévention à long terme. Parmi ces problèmes de fond : la concentration des sites d’élevage ou de transit des volailles domestiques (accouveurs, éleveurs, abatteurs), surtout lorsqu’ils sont situés sous un couloir de migration des espèces sauvages, les fréquents transports des volailles d’une région à une autre et entre les acteurs d’une même région, ou encore le nombre élevé d’animaux sur un même site.
Retrouvez ICI les recommandations de Welfarm en faveur du bien-être animal pendant la grippe aviaire actuelle.
1Anses, 2017. Avis de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail relatif «aux conséquences de la détection de cas d’IAHP dans la faune sauvage»