Une pratique bien trop répandue
Alors que nous alertons sur les terribles dérives du transport maritime d’animaux depuis de nombreuses années, le calvaire des animaux transportés dans les navires bétaillers se poursuit sans vergogne.
Chaque année, l’Union européenne exporte par cargos des millions de bovins et d’ovins vers l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient. Des milliers d’animaux effectuent ainsi des trajets pouvant durer jusqu’à quinze jours en mer, sans la moindre surveillance vétérinaire à bord. Pourtant, les risques pour les animaux sont multiples lors d’un transport en mer : manipulations violentes lors des chargements et déchargements ; incidences de la météo ; infrastructures inadaptées causant de multiples blessures ; stress thermique ; insuffisance des quantités de nourriture et d’eau ; accumulation des excréments… S’ils se blessent lors du chargement, à bord du bateau ou s’ils tombent malades durant la traversée, ils ne peuvent donc pas être soignés correctement. Les pays de destination n’autorisant généralement pas le déchargement d’animaux morts sur leur territoire pour des raisons sanitaires, les cadavres sont jetés par-dessus bord.
Dernier en date, un jeune bovin retrouvé mort le 5 juillet sur une plage de l’île de Kos, en Grèce. Son origine n’a pas pu être identifiée. Et pour cause : lorsque l’équipage se débarrasse des animaux morts en cours de transport, il leur coupe les oreilles avant de les jeter à la mer, et ce afin d’empêcher toute identification de la provenance de l’animal.
Il existe un réel flou juridique autour de la question de la responsabilité des animaux à bord des navires. Une fois qu’ils quittent le port européen, les animaux ne sont plus de la responsabilité du pays de départ. Selon un rapport de la Commission Européenne de 2020, « cela crée une incertitude juridique quant à savoir qui est légalement responsable du bien-être des animaux en mer. S’il y a des morts, personne n’est responsable ».
Des atteintes graves à la réglementation
Dans ce contexte de flou juridique, les animaux morts au cours du trajet sont jetés à la mer pour se débarrasser des cadavres. Cette pratique abominable est en infraction totale avec la Convention MARPOL. Visant à prévenir et à réduire la pollution due aux navires, cette Convention établit des zones spéciales dans lesquelles les rejets sont strictement réglementés. En Méditerranée, il est ainsi formellement interdit de déverser des cadavres d’animaux ainsi que du lisier sous forme solide. Pourtant, selon l’ONG Animal Welfare Foundation, 300 000 m3 de fumier seraient déversés en méditerranée chaque année, car ni les ports de l’UE ni ceux des pays tiers ne possèdent les infrastructures adaptées pour collecter le lisier des navires bétaillers.
En outre, en juin dernier, interrogée par Le Monde, Welfarm confirmait les résultats accablants du rapport publié par trois ONG, dénonçant l’insalubrité des 78 bétaillères maritimes agréées par l’Union Européenne. Âgées en moyenne de 41 ans, la plupart d’entre elles naviguent en effet sous pavillon de complaisance. Ce trafic maritime est donc absolument néfaste au bien-être animal, à l’environnement, mais aussi à la santé publique. « Nous craignons désormais que ces cargos ne nuisent également à la santé publique, surtout quand les baigneurs se retrouvent face à des cadavres d’animaux en décomposition sur la plage », déclare Maria Boada de Animal Welfare Foundation. « Normalement, le public n’a pas de contacts avec les élevages intensifs, mais lorsque ces lignes sont franchies, on ne peut exclure le risque de propagation de maladies zoonotiques. Pour le bien des animaux, de l’environnement, mais aussi de la santé publique, ces transports en mer doivent être immédiatement interdits ».
Des animaux français parmi les victimes
Plusieurs animaux français ont été, eux aussi, retrouvés sur des plages européennes. En décembre 2020, 16 moutonsfrançais ont été retrouvés sur une plage grecque, à divers stades de décomposition. La boucle d’identification qu’ils portaient à l’oreille atteste de leur origine française. Hélas, même munies du numéro d’identification, les autoritésfrançaises alertées par les ONG n’ont pas pu retrouver la société chargée de leur transport. Une preuve supplémentaire de l’absence totale de traçabilité en mer, et de l’impossibilité de faire appliquer la Convention MARPOL.
Il y a quelques jours, l’Uranus II, un cargo classé sur liste noire, transportait 1738 jeunes bovins français vers Israël. Au port d’Ashdod, où la température atteignait les 37°C, les animaux sont arrivés dans un état terrible : « Ils étaient épuisés et couverts d’excréments. A cause de la chaleur, le déchargement a été extrêmement lent et la vue de ces animaux haletants nous a brisé le cœur », témoigne Yaron Lapidot de l’organisation de protection des animaux Israel Against Live Ships (IALS), qui a filmé l’arrivée des animaux dans le port d’Ashdod :
Vendredi dernier, Emmanuelle Soubeyran, cheffe de l’Office vétérinaire français, était interrogée lors d’une audition de la commission ANIT mise en place par le Parlement européen pour enquêter sur la protection des animaux durant le transport. Lors de son audition, elle a admis que la France n’était pas en mesure d’appliquer l’arrêt de la Cour de justicede l’UE qui exige la protection des animaux jusqu’à leur arrivée dans les pays tiers. Autrement dit, alors que cet arrêt impose que le règlement CE/2005 soit respecté durant l’intégralité du voyage, ce qui comprend évidemment le trajet en mer, la France autorise l’exportation d’animaux vivants vers des pays tiers, alors même qu’elle est consciente que cela contrevient à la règlementation. Dans le pays de destination, elle n’a pas d’ailleurs pas plus d’emprise sur les conditions de transport sur route et sur l’abattage…
Pour lutter contre ces transports intolérables, une seule solution: interdire les transports d’animaux vivants vers les pays tiers !
Nous appelons l’Union européenne à agir en ce sens et pour ce faire, nous vous invitons à SIGNER NOTRE PETITION! Et parce que le calvaire de ces animaux commence bien souvent sur la terre ferme à bord des bétaillères, TELECHARGEZ NOTRE APPLICATION TRUCK ALERT (disponible sur Play store et App Store) pour dénoncer les transports par plus de 30°C !