Le 22 mars dernier, Welfarm annonçait entrer en campagne pour les animaux d’élevage aux côtés de sa fédération Eurogroup for Animals et des 69 autres ONG membres de celle-ci. Armée de ses 7 revendications clés, Welfarm dénonce ainsi les faiblesses de la législation, appelle à signer massivement sa pétition et réclame à la Commission européenne une révision profonde des textes propres à la protection animale dans le cadre de la stratégie européenne « De la ferme à la table ». Jusqu’au mois d’octobre prochain, Welfarm consacre à chacune de ses revendications un focus mensuel destiné à souligner les manques des textes actuels et plaider pour la révision des normes applicables (focus du mois d’avril à retrouver ici et du mois de mai à lire ici).
Ce mois-ci, Welfarm rappelle combien il est nécessaire d’élever les animaux dans des conditions qui respectent leurs besoins naturels… et donc à quel point il est indispensable que les normes européennes évoluent en profondeur.
L’ETAT ACTUEL DU DROIT PERMET DE NUIRE AUX COMPORTEMENTS NATURELS DES ANIMAUX
Les animaux d’élevage devraient pouvoir exprimer les comportements naturels inhérents à leurs espèces. Ils devraient être élevés dans des conditions respectueuses de leurs impératifs biologiques.
Ainsi, la poule a besoin de se percher, le lapin doit pouvoir bondir et le cochon a besoin de fouiller le sol.
Leur élevage en cage ou sur un sol ajouré entrave pourtant ce type de comportements. Par manque notamment de place, de lumière ou d’équipements adaptés, ils sont trop souvent élevés dans des conditions qui ignorent leurs besoins fondamentaux.
Le Traité sur le Fonctionnement de l’Union européenne qualifie l’animal d’« être sensible » et érige la nécessité de préserver leur bien-être en action que les États membres doivent mettre en œuvre 1.
Pourtant, les règlements et directives pris en application des Traités édictent des normes minimales qui contredisent en tout ou partie les besoins naturels des animaux. Par exemple, les veaux sont des animaux grégaires. En temps normal, ils se joignent au troupeau dès leur 2ème semaine de vie. Placés en élevage, ils sont couramment isolés dans des logements individuels jusqu’à 8 semaines.
Ce sont par ailleurs des millions d’animaux qui ne sont concernés par aucun texte à ce jour. Oubliés de la législation, aucune protection spécifique ne leur est accordée.
Citons quelques exemples :
Les lapins ont besoin de bondir. Élevés dans des cages, ils disposent d’une superficie équivalant à une feuille A4. Aucun saut ni déplacement suffisant n’est par conséquent envisageable, entrainant des risques de troubles squelettiques. La hauteur des cages ne leur permet pas non plus de se tenir debout. Il s’agit pourtant d’une posture naturellement adoptée par le lapin pour scruter son environnement, en cas d’alerte. Les matériaux utilisés pour les cages (métal ou plastique) ne leur permettent pas de creuser, alors que leur habitat naturel comporte un terrier où l’animal passe la nuit et s’y réfugie en cas de danger. En outre, ces matériaux sont inconfortables pour les animaux et provoquent de fréquentes irritations et lésions des pattes. Ces cages sont vides de tout aménagement pour permettre aux animaux de trouver un abri en cas d’agression par un congénère, ou encore de tout matériel à ronger, alors que leurs dents poussent en continu.
Les dindes sont des animaux sociaux qui apprécient d’évoluer en groupes de petite taille (maximum 50 individus). Elles donnent naissance à une douzaine de dindonneaux par an et sont dotées d’un très fort instinct maternel. Elles se livrent à une série de comportements nécessaires à leur confort et bien-être : elles se lissent les plumes, déploient leurs ailes, se livrent à des bains de poussière, etc. Or, faute de réglementation en la matière, aucune densité maximale n’est imposée dans les élevages. Elles sont donc en moyenne 8 à se partager un seul mètre carré, ce qui provoque un stress social qui favorise les agressions entre individus. Les bâtiments dans lesquels elles sont entassées sont régulièrement dépourvus de tout aménagement qui pourrait contribuer à leur bien-être (absence de structures pour se percher, d’espaces pour prendre des bains de poussière, de ballots de foin à picorer, etc.). Ils sont en outre très faiblement éclairés pour réduire l’activité des dindes alors que ces oiseaux actifs préfèrent les zones éclairées, lorsqu’ils ne sont pas au repos. C’est encore l’instinct maternel des dindes reproductrices que les élevages compromettent trop souvent : pour éviter toute couvaison, leurs œufs leur sont fréquemment retirés en usant de méthodes aussi diverses que brutales (installation de nid avec éjecteur, déplacement forcé des animaux, etc.).
Dans leur milieu naturel, les saumons passent la 1ère année de leur vie en eau douce, dans leurs rivières natales. Ils rejoignent ensuite les océans pour terminer leur croissance. Une fois adultes, ils nagent ensuite en direction des rivières initiales et bravent des torrents pour s’y reproduire. Ces longs périples sont interdits pour le million et demi de tonnes de saumon Atlantique (soit l’équivalent d’environ 300 millions d’individus) élevé chaque année en Europe dans des fermes aquacoles. Enfermés dans des dispositifs immergés, ils sont entassés dans une eau de qualité médiocre, ce qui les expose aux maladies et aux parasites tels que le fléau que représentent les poux de mer. Ces conditions d’élevage intensives font que ces poissons luttent pour avoir le droit de respirer : il leur est finalement nécessaire de remonter à la surface pour tenter de trouver de l’oxygène.
LA LEGISLATION EUROPEENNE DOIT ETRE REVISEE EN PROFONDEUR ET DE TOUTE URGENCE.
Ces pratiques, permises par une politique productiviste, confinent à l’absurde et doivent devenir un lointain souvenir.
Dans sa communication du 20 mai 2020 relative à la stratégie « De la Ferme à la Table », la Commission européenne a annoncé qu’elle allait revoir la législation européenne sur la protection des animaux d’élevage.
Agissons pour que ses propositions soient à la hauteur des enjeux.
Assurons-nous que la révision annoncée ne se limite pas à un exercice de style. Interpellons la Commission !
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1 TFUE, article 13.