Les poulets dit « de chair » sont utilisés pour la production de viande ; les femelles ne sont pas utilisées pour la ponte mais servent aussi à cette production. Les poulets de chair ont effectivement été sélectionnés pour grandir vite et produire beaucoup de muscle et non pas pour produire des œufs. Leurs muscles seront la viande. Le rythme de croissance des poules pondeuses est bien moins important que celui des poulets de chair.
Il y a quarante ans, le poulet n‘était pas un plat ordinaire mais un petit plaisir réservé aux dimanches et aux grandes occasions.
Au fur et à mesure des années, le prix du poulet a fait une chute vertigineuse et est devenu un plat quotidien, à bas prix, ce qui a encouragé une plus grande consommation. Les animaux, eux, le payent au prix fort…
Les conditions de vie de la plupart des poulets sont pitoyables. Les 6 milliards de poulets élevés annuellement dans L‘Union européenne pour leur chair sont presque tous entassés dans des bâtiments surpeuplés. Du fait de leur croissance très rapide, beaucoup souffrent de douloureux problèmes aux pattes ou meurent d‘une insuffisance cardiaque. Nous les faisons naître, nous les faisons grandir dans des élevages concentrationnaires, nous les transportons et nous les tuons pour les manger. Ils ne voient la lumière du jour que pour être chargés dans un camion qui les mènera à l‘abattoir. Manipulés avec brutalité, entassés dans des caisses, ils n‘en seront sortis que pour être suspendus par des crochets qui les feront plonger dans un bac d‘eau électrifié… Là , étourdis, ils seront égorgés.
WELFARM demande que la production intensive particulièrement détestable soit interdite. WELFARM demande aux consommateurs de donner leur préférence aux poulets biologiques, aux poulets fermiers élevés en liberté ou en plein air label Rouge ou de baser son alimentation sur les bienfaits des fruits, des légumes, des céréales, des légumineuses…
N‘hésitez pas à consulter notre fiche sur l‘élevage des poulets de chair du dossier Bien-être et labels de qualité (PDF)pour faire la différence entre le label rouge et l‘élevage bio.
Les compter
De tous les animaux d‘élevage, ce sont de loin les poulets de chair qui sont élevés en plus grand nombre.
Tous les ans, 830 millions de poulets sont élevés en France. Le chiffre annuel du nombre de poulets élevés dans L‘Union européenne (UE) se monte à 6 milliards. Ils sont pour la grande majorité (86% en France) élevés dans des conditions intensives.
Des pattes déformées et un cœur affaibli
Le problème le plus important pour le bien-être des poulets provient du fait que les éleveurs industriels ont utilisé la sélection génétique (et une alimentation enrichie) pour que les oiseaux atteignent leur poids d‘abattage deux fois plus rapidement. Aujourd‘hui, les poulets de chair atteignent leur poids d‘abattage en 35 jours, c‘est-à-dire deux fois plus rapidement qu‘il y a 30 ans. C‘est en particulier le muscle qui grandit rapidement (c‘est la partie qui est consommée) mais la structure des pattes, du cœur et des poumons ne suit pas la même évolution que celle du corps.
Les pattes fléchissent sous le poids surdimensionné du corps. En conséquence, tous les ans, des millions de poulets de chair de l‘UE souffrent de douloureuses déformations des pattes ou de paralysie. Dans le pire des cas, ils peuvent à peine marcher et ne se déplacent qu‘en rampant. Certains meurent de faim et de déshydratation car ils n‘arrivent tout simplement pas à se rendre aux points d‘eau et de ravitaillement. Le professeur Donald Broom explique qu‘élever des animaux dont le corps est surdimensionné par rapport aux pattes « c‘est comme si un enfant de neuf ans devait se tenir sur les jambes d‘un enfant de, disons, un enfant de 5 ans ». Souvent, le cœur ne peut suivre le développement trop rapide du corps. Tous les ans, des millions de poulets de chair de l‘Union européenne succombent des suites de faiblesses cardiaques avant même d‘atteindre leur âge d‘abattage de 6 semaines. Les problèmes cardiaques les plus courants sont des ascites et le « symptôme de la mort subite ».
Il est scandaleux que nous pratiquions l‘élevage d‘animaux qui ne peuvent même pas atteindre l‘âge de 6 semaines sans que des millions d‘entre eux deviennent paralysés, boiteux ou meurent d‘insuffisance cardiaque. Ces maladies, ainsi que d‘autres, provoquent chaque jour la mort de dizaines de milliers de poulets de chair en France.
Des densités d‘élevage excessives
Après éclosion, les poussins sont conduits à l‘élevage et entassés dans d‘énormes poulaillers sans fenêtre qui peuvent renfermer de 30 à 40 000 individus. Lorsque ces oiseaux de basse-cour grandissent, le bâtiment devenant surpeuplé, leurs conditions de vie se dégradent. Alors, on peut à peine voir le sol, celui-ci étant entièrement recouvert de volailles. Dans bon nombre d‘élevages industriels, on ne compte pas moins de 22 poulets, ou plus, par m2. Des recherches scientifiques ont montré que cette surpopulation provoque de sérieux problèmes de bien-être. Les poulets dont la densité d‘élevage est trop élevée, souffrent de nombreuses pathologies (ex. mobilité réduite, ampoules sur la poitrine, dermites se propageant par contact) et d‘une mortalité bien plus importante que lorsque les oiseaux sont moins entassés.
Les maladies de peau
A cause des problèmes de claudication et du surpeuplement, de nombreux poulets de chair passent quasiment tout leur temps assis sur la litière (généralement constituée de copeaux de bois) recouvrant le sol. Bien souvent, celle-ci est humide et sale. Le contact prolongé avec une litière dans un tel état amène logiquement les oiseaux à souffrir de douloureuses ampoules sur la poitrine, de brûlures aux jarrets et d‘ulcères aux pattes. Non seulement leurs blessures sont douloureuses mais elles peuvent causer également une infection généralisée. Celle-ci peut se transmettre par le biais de la circulation sanguine et provoquer une inflammation des articulations. Le dégagement d‘ammoniac de la litière détériore encore un peu plus les conditions de vie.
Les antibiotiques
Les conditions de vie sont si mauvaises, dans de nombreux pays, que les oiseaux ingèrent une dose d‘antibiotiques mélangés à l‘eau et à la nourriture afin de stopper les maladies qui, autrement, se propageraient comme un feu de paille dans des poulaillers surpeuplés. La mauvaise utilisation d‘antibiotiques dans les élevages industriels a conduit à l‘émergence de bactéries résistantes à certains antibiotiques utilisés pour guérir l‘homme de maladies sérieuses.
Des famines chroniques chez les reproducteurs de poulets de chair
Les problèmes de santé des poulets de chair (problèmes provoqués par le rythme de croissance excessivement rapide) sont tels que, s‘ils devaient vivre au lieu d‘être abattus après 6 semaines d‘existence, beaucoup mourraient avant d‘atteindre l‘âge pubère de 18 semaines.
Ceci pose un énorme problème dans l‘un des secteurs de l‘élevage de poulets : celui des poulets reproducteurs, c‘est-à -dire des oiseaux qui doivent donner naissance aux générations à venir. Ces reproducteurs doivent non seulement vivre jusqu‘à l‘âge adulte mais également rester en assez bonne santé pour se reproduire.
Si les reproducteurs pouvaient grandir aussi vite que leurs congénères abattus après 6 semaines, beaucoup mourraient avant l‘âge adulte et les survivants seraient très peu fertiles. Pour éviter ces problèmes, les éleveurs ont dû trouver une solution pour ralentir la croissance des poulets reproducteurs (cette croissance excessive a été imposée aux reproducteurs pour que les oiseaux atteignent aussi vite que possible leur poids d‘abattage). La solution trouvée par les éleveurs est la suivante : ils nourrissent les reproducteurs avec des rations très limitées ; parfois, les animaux ne reçoivent que 25% à 50% de ce qu‘ils mangeraient s‘ils avaient un libre accès à la nourriture. Les poulets qui reçoivent une quantité restreinte de nourriture souffrent chroniquement de la faim, sont frustrés et stressés.
Le ramassage des poulets
Quand l‘heure est venue pour les poulets de chair d‘aller à l‘abattoir, des équipes vident très rapidement les élevages en attrapant dans chaque main 4 à 5 oiseaux suspendus la tête en bas. Les poulets sont tenus par une seule patte et sont souvent malmenés. Attraper ces oiseaux ainsi, provoque chez certains des luxations de la hanche. Ceci s‘accompagne souvent de graves hémorragies et, dans le pire des cas, le fémur s‘enfonce dans l‘abdomen de l‘oiseau.
Le ramassage à la main est le plus fréquent. Il existe également des machines qui prélèvent et mettent les poulets dans des caisses de transport. Au vu des retours des professionnels, ces machines ne sont pas tout à fait au point et occasionneraient davantage de fractures.
Le transport des poulets
Entassés dans des cageots sur des camions pouvant contenir jusqu’à 6 500 poulets de chair, le trajet vers l‘abattoir est souvent abominable. Tous les ans, en France, des centaines de milliers de poulets meurent sur le chemin de l‘abattoir. Beaucoup de ceux qui survivent souffrent terriblement des températures extrêmes (froid glacial en hiver, chaleur accablante en été), de membres cassés et d‘hématomes. Pendant le trajet, les oiseaux ressentent des secousses brutales, des vibrations, entendent des bruits assourdissants, sont privés d‘eau et de nourriture et souffrent d‘entassement excessif. Tout ceci provoque détresse et extrême angoisse.
L’abattage des poulets
Les oiseaux sont suspendus la tête en bas, à des crochets de fer ; la compression des pattes par le métal provoque des douleurs. Les crochets suivent un rail en mouvement qui amène les oiseaux terrifiés vers un bain d‘eau électrifiée dans lequel la tête est plongée. Ceci est destiné à les étourdir ; ils sont ensuite dirigés vers des lames automatiques.
Beaucoup de poulets ne sont pas étourdis correctement et reprennent conscience juste avant ou après qu‘on leur ait tranché la gorge. Certains échappent d‘emblée au bac destiné à l‘étourdissement et sont totalement conscients lorsqu‘ils se dirigent vers les lames automatiques. La science a démontré que pour offrir une mort rapide, les deux artères de la carotide (principale alimentation de sang vers le cerveau) doivent être sectionnées. De nombreux abattoirs ne se soumettent pas à ce procédé ce qui signifie qu‘il faut plus de temps aux oiseaux pour perdre tout leur sang jusqu’à ce que mort s‘en suive et que certains reprennent conscience au cours de ce processus. Certains oiseaux sont toujours vivants lorsqu‘ils sont plongés dans l‘échaudoir (prévu pour relâcher les plumes avant que l‘oiseau ne soit plumé).
L‘électronarcose est le mode d‘étourdissement le plus fréquemment utilisé pour l‘abattage des poulets. D‘autres méthodes existent mais leur efficacité n‘est pas toujours optimale. L‘utilisation du gaz limite les manipulations et les douleurs de l‘accrochage (les poulets restent dans leurs cages de transport) mais certains rapports ont montré que le temps de perte de conscience est plus long que pour l‘électronarcose. Des douleurs et souffrances peuvent ainsi survenir (le poulet suffoque et aurait « l‘impression de se noyer.
Les abattoirs modernes tuent de 8 à 10 000 poulets à l‘heure – ce qui représente la mort d‘environ 170 oiseaux à la minute. A une telle vitesse il est difficile, voire impossible, d‘assurer correctement le bien-être des animaux ou une certaine hygiène de la viande.
Un rapport de l‘Union européenne
Un rapport éminent publié en l‘an 2000 par le Comité scientifique vétérinaire pour la santé et le bien-être des animaux de la Commission européenne est très critique à l‘égard de l‘élevage intensif des poulets de chair. Vous pouvez télécharger ce rapport en anglais ici, choisir celui qui s‘intitule ‘The Welfare of Chickens kept for Meat Production (Broilers)‘.
Il condamne en particulier :
- la vitesse de croissance rapide qui est à l‘origine de douloureux problèmes aux pattes et d‘insuffisances cardiaques ;
- les densités d‘élevage excessives dans les hangars où sont élevés les poulets de chair ;
- la faim chronique infligée aux poulets reproducteurs (ce Comité affirme que ces oiseaux « ont très faim» et que « les restrictions sévères de nourriture … ont pour conséquence d‘inacceptables problèmes de bien-être»).
Les poulets élevés dans des hangars surchargés sont aussi moins actifs, du fait qu‘ils n‘ont pas suffisamment de place pour se mouvoir. En outre, le repos des poulets de chair est constamment interrompu par leurs congénères qui ne cessent de leur marcher dessus et de les bousculer.
Les scientifiques ont démontré que les densités d‘élevage excessives aggravent les problèmes aux pattes. En effet, les oiseaux ne pouvant se mouvoir correctement à cause du manque d‘espace ont des os plus fragiles. A l‘inverse, les poulets regroupés dans des hangars où la densité d‘élevage est moindre font plus d‘exercice et, par voie de conséquence, ont des os plus solides.
Une synthèse de l‘INRA, un constat sans appel
Dans une récente étude de l‘INRA (Institut National de Recherche Agronomique), « Faire marcher le poulet : pourquoi et comment » indique que : « Plutôt qu’une mortalité très importante, ces troubles [locomoteurs] entraînent surtout une forte morbidité des animaux : d’après des études faites en élevage intensif, entre 75 et 90 % des animaux ont une démarche altérée, et entre 26 et 30 % ont une démarche sévèrement altérée ce qui entraîne une augmentation de l’indice de consommation et une diminution de la vitesse de croissance. Au-delà des pertes économiques directes, ces troubles affectent aussi l’image de qualité promue par la filière avicole.â€
La morbidité correspond au pourcentage de malades dans l‘élevage. L‘indice de consommation est le rapport entre ce que coûte un poulet et ce qu‘il rapporte…
Un peu plus loin, on peut lire : des études indiquent que les poulets atteints de boiteries graves souffrent de manière chronique. Quand ils sont entraînés à discriminer entre deux aliments contenant ou non un analgésique, les poulets atteints de boiteries ingèrent plus d’aliment avec l’analgésique que les poulets sains, et ce d’autant plus que la boiterie est sévère. De plus, des poulets boiteux à qui on a administré un analgésique, traversent un parcours d’obstacles plus rapidement et font plus de bains de poussière que ceux à qui on a injecté une solution saline.