Un sondage a questionné les Français sur leurs connaissances et leurs attentes en matière d’élevage de poulets. Leur réponse est claire : ils réclament plus de bien-être dans les élevages, une réglementation plus stricte et un étiquetage clair dans les rayons.
Aujourd’hui en France, 83 % des 750 millions de poulets de chair – élevés spécifiquement pour leur viande – vivent enfermés dans des bâtiments surpeuplés(1), le plus souvent sous une lumière artificielle. La plupart est issue de souches à croissance rapide, si rapide qu’elle engendre déformations des pattes, douleurs, boiteries, troubles métaboliques. Une réalité qui tranche avec les attentes des consommateurs, comme le montre un sondage publié ce matin par ComRes pour Eurogroup for Animals et réalisé auprès de 7 000 personnes en France, Grande-Bretagne, Allemagne, Espagne, Italie, Pologne (premiers pays producteurs de poulet en Europe) et en Belgique.
95 % des sondés français consomment régulièrement du poulet (une fois par mois ou plus). Si 58 % avouent ne rien savoir (ou du moins peu de choses) sur la façon dont les poulets sont élevés, la grande majorité (89 %) estime qu’il est important qu’ils aient accès à l’extérieur, qu’ils ne souffrent pas de maladie (91 %) et que leur environnement leur permette d’exprimer leurs comportements naturels (90 %). 81 % des sondés sont convaincus que les poulets ressentent la douleur, 72 % pensent qu’ils sont des êtres sentients(2) et 64 % ne croient pas à l’idée reçue selon laquelle les poulets seraient dénués d’intelligence.
Pour toutes ces raisons, 92 % des personnes interrogées estiment que la réglementation devrait mieux protéger les poulets de chair. Et ils ont raison : la réglementation actuelle n’exige ni l’accès au plein air, ni l’enrichissement des bâtiments. Elle n’encadre pas non plus la sélection des souches (à croissance plus ou moins rapide) ou les conditions d’élevage des poussins et des poulets reproducteurs. Une série de dérogations permet par ailleurs aux éleveurs de dépasser les densités de peuplement maximales autorisées dans les bâtiments. Dérogations qu’utilise la quasi-totalité des élevages intensifs français. Mais les choses pourraient changer : en octobre dernier, le Parlement européen a adopté une résolution exhortant la Commission européenne à améliorer les conditions d’élevage des poulets de chair et ainsi réduire le risque de maladie chez l’animal et donc, le recours aux antimicrobiens.
« Les députés se sont emparés de la question du bien-être des poulets, mais c’est maintenant à la Commission européenne d’agir et de modifier la réglementation, non seulement sur les pratiques d’élevage, mais aussi sur l’étiquetage des produits », explique Lorène Jacquet, responsable Campagne et Plaidoyer chez WELFARM. Car, au-delà de la réglementation, c’est dans les rayons que se joue l’avenir des poulets de chair. Si WELFARM recommande aux consommateurs d’acheter des poulets Bio, label Rouge ou plein air (seuls labels garantissant que les animaux ont eu accès à l’extérieur), 88 % des sondés demandent à ce que les conditions d’élevage des poulets figurent systématiquement sur l’emballage. Selon Lorène Jacquet, « ce sondage sonne comme un avertissement pour l’ensemble des professionnels de l’agroalimentaire : éleveurs, industriels, distributeurs. Tous doivent répondre aux attentes des consommateurs et aller vers davantage de bien-être pour les poulets ».
(1) 22 à 23 poulets par mètre carré, à la mise en place.
(2) La sentience désigne l‘aptitude à avoir des sentiments et des émotions, impliquant d’éprouver préalablement des choses subjectivement.