Welfarm est, avec plus de 50 organisations de la société civile, cosignataire d’un décryptage sur le projet de Stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat. Ce décryptage est accompagné de recommandations pour rehausser l’ambition de cette stratégie, notamment en matière de bien-être animal. Le projet de stratégie est soumis à consultation publique, vous pouvez donc agir pour que ces recommandations y soient intégrées.

Initialement prévu pour juillet 2023, le projet de Stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat (Snanc) a été publié et mis en consultation le 4 avril 2025 par le Gouvernement.
Le texte compile 82 actions au service de 20 objectifs, ainsi que 7 objectifs chiffrés pour 2030 et 15 actions phares dont la mise en œuvre est prévue pour les prochains mois.
Dans l’ensemble, les thématiques et objectifs de cette première mouture de la Snanc correspondent dans les grandes lignes aux recommandations de la société civile, à savoir :
- améliorer la cohérence entre les programmes portant sur l’alimentation émanant des différents ministères ;
- transformer l’offre et les environnements alimentaires plutôt que de faire reposer le fardeau du changement sur le consommateur, en prenant des mesures incitatives et contraignantes à l’égard des acteurs économiques (industriels, distributeurs, restaurateurs) ;
- faire évoluer les régimes alimentaires vers « moins mais mieux » de produits d’origine animale, et davantage d’aliments végétaux de qualité (fruits et légumes, légumineuses, fruits à coque, produits céréaliers complets).
Un progrès pour la mise en œuvre d’une politique alimentaire
Cette stratégie propose une approche interministérielle de l’alimentation, à la croisée des enjeux agricoles, écologiques, sociaux et de santé. Aussi, elle reconnaît l’intérêt de ne pas faire reposer tout l’effort sur les consommateurs en ciblant également les industriels, les distributeurs et le secteur de la restauration hors foyer pour améliorer la qualité des produits qu’ils proposent.
Certains des objectifs chiffrés à l’horizon 2030 présents dans la Snanc sont à saluer, comme celui d’atteindre 12 % de produits bio consommés en moyenne pour l’ensemble de la population (contre moins de 10 % au quotidien actuellement), ou encore celui d’appliquer les objectifs de la loi Egalim1 (50 % de produits « durables et de qualité » dont 20 % de produits bio dans la restauration collective).
Un texte qui manque d’ambition
Malheureusement, cette stratégie manque d’ambition, et semble avoir fait les frais de la pression de certains groupements d’intérêt économique.
Alors qu’un des objectifs de la Snanc est d’accompagner au mieux l’évolution de nos systèmes alimentaires vers « moins mais mieux de produits animaux », les objectifs chiffrés de réduction de la consommation de viande ont été supprimés alors qu’ils étaient présents dans une version antérieure du texte.
Or, en l’absence d’objectifs chiffrés, comment fixer une trajectoire ? Comment déployer des moyens et des mesures pour la suivre, et comment apprécier l’atteinte ou non des résultats à l’échéance 2030 ?
Les attentes des citoyens sont pourtant fortes en la matière. Selon un récent baromètre sur la consommation de viande réalisé pour le Réseau action climat, 85 % des Français sont favorables à des campagnes encourageant à consommer moins de viande et à avoir une alimentation plus végétale. Toujours selon cette étude, ils sont 87 % à être favorables à un étiquetage environnemental sur les produits alimentaires qui affiche une note sur les impacts écologiques et indique le mode d’élevage.
Des recommandations pour améliorer la Snanc
La 4 avril 2025, un décryptage de la Snanc a été publié par plus de 50 organisations de la société civile, dont Welfarm. Ce document contient 28 recommandations pour rehausser les ambitions de la stratégie.
Certaines de ces recommandations vont dans le sens d’une meilleure prise en compte du bien-être animal dans le système alimentaire français :
- fixer des objectifs d’approvisionnement en produits sains, biologiques, équitables et de qualité pour la grande distribution, sur le modèle Egalim (…) ;
- fixer une trajectoire globale et chiffrée d’évolution du système alimentaire vers le « moins et mieux » de produits d’origine animale, incluant des objectifs chiffrés de réduction de la consommation de viande de boucherie, de volaille et de charcuterie à l’horizon 2030 ;
- détailler le chiffrage de 12 % de bio d’ici 2030, débouché par débouché, avec des sous-objectifs ;
- préciser les moyens mobilisés pour assurer les ambitions sur la consommation de produits biologiques ;
- adopter l’objectif d’une option végétarienne quotidienne ou de deux repas végétariens par semaine dans l’ensemble de la restauration scolaire d’ici 2030 ;
- apporter un soutien financier fléché spécifiquement vers l’atteinte des objectifs EGAlim, en priorité vers les secteurs les plus en retard comme le secteur médicosocial et les cantines rurales ;
- enrichir les formations de l’ensemble des métiers de la restauration collective (cuisiniers, diététiciens, élus, acheteurs publics, personnel d’accompagnement du temps de repas) avec les enjeux nutritionnels, climatiques, de biodiversité et de bien-être animal, et leurs liens avec l’alimentation ;
- rendre obligatoire l’étiquetage sur le bien-être animal et les modes d’élevage pour tous les produits d’origine animale en distribution et en restauration hors domicile.
Répondez à la consultation publique !
Vous pouvez appuyer tout ou partie des recommandations listées ci-dessus en répondant à la consultation publique lancée par le Gouvernement.
Afin de donner plus de poids à vos réponses, nous vous recommandons d’expliquer, avec vos propres mots, ce que ces mesures apporteraient, selon vous, en matière de bien-être pour les animaux d’élevage.
Date limite de réponse le 4 mai 2025 inclus.
Il est primordial de demander au Gouvernement de revoir à la hausse l’ambition de sa stratégie en renforçant les mesures incitatives par des actions plus contraignantes, en définissant des objectifs chiffrés et des indicateurs clairs, et en garantissant des moyens institutionnels, législatifs et financiers à la hauteur des enjeux.
(1) La loi du 30 octobre 2018 pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine, durable et accessible à tous, couramment appelée « loi EGalim », pour objectifs de favoriser une alimentation saine, sûre et durable pour tous ; de renforcer le bien-être animal ; de réduire l’utilisation du plastique dans le domaine alimentaire ; d’améliorer les conditions sanitaires et environnementales de production ; de permettre aux agriculteurs d’avoir un revenu digne en répartissant mieux la valeur.