La publication de la Stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat, qui devait intervenir le 5 septembre 2025 – avec deux ans de retard –, a été bloquée par le cabinet du Premier ministre démissionnaire, à quelques jours de sa chute. Welfarm cosigne une lettre ouverte au nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu, pour lui demander de publier sans tarder le texte.

Avant de tirer sa révérence, l’ancien Premier ministre, François Bayrou, a concédé un dernier cadeau aux groupements d’intérêt économique de la filière viande.
Alors qu’un important travail interministériel avait été mené ces trois dernières années par les ministères de l’Agriculture, de la Santé, et de la Transition écologique pour aboutir à un consensus sur la Stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat (Snanc), Matignon a décidé de bloquer le texte, qui devait être publié le 5 septembre 2025, à l’issue d’une réunion interministérielle conclusive tenue le 3 septembre.
Initialement prévue pour juillet 2023, la Snanc avait finalement été mise en consultation le 4 avril 2025 par le Gouvernement, et avait enregistré près de 4 000 contributions.
Welfarm avait d’ailleurs participé à cette consultation ainsi qu’à la publication d’un décryptage de la Snanc avec plus de 50 organisations de la société civile (lire notre article).
Suppression du terme « réduction » de la consommation de viande
Malgré des avis convergents entre les trois ministères concernés et la société civile, fruits de trois années de travail et de consultations, le gouvernement sortant a choisi d’entraver le processus démocratique qui avait permis d’aboutir à ce texte tant attendu.
Pire encore : alors que la réunion interministérielle conclusive évoquait une évolution « caractérisée notamment par une réduction de la consommation de viande » ‒ sans toutefois définir d’objectifs chiffrés ‒, le cabinet de l’ancien Premier ministre a choisi de vider le texte de sa substance sur ce sujet en supprimant toute référence à la réduction ou limitation de la consommation de viande.
Selon le média spécialisé Contexte, Matignon aurait retenu dans sa version du texte la formule suivante : « Cette évolution des régimes alimentaires est caractérisée notamment par une consommation de viande équilibrée. » Une formule vide de sens qui laisse place à toutes sortes d’interprétations.
Lettre ouverte au Premier ministre
Le blocage et la réécriture édulcorée de la Snanc sont inadmissibles. Rehausser les ambitions de la stratégie et la publier au plus vite est une question de respect démocratique et de cohérence scientifique.
117 organisations de la société civile, dont Welfarm, ont publié le 24 septembre une lettre ouverte à l’attention du nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu, l’exhortant à publier le texte sans délai et en réintroduisant la notion de réduction de la consommation de viande.
Il est indispensable de fixer une trajectoire claire vers « moins et mieux » de produits animaux d’ici à 2030. Une trajectoire chiffrée incluant la réduction de la consommation de viande et un soutien aux produits animaux durables d’origine France.
En effet, la Stratégie nationale bas-carbone fixe une baisse des cheptels de l’ordre de 10 % à l’échéance 2030. En l’absence de baisse simultanée de la consommation de produits carnés, une augmentation des importations est à craindre alors qu’elles représentent déjà un tiers de la viande consommée en France.
Des produits importés qui proviennent parfois de pays tiers de l’Union européenne, qui ne respectent pas les standards communautaires en matière de bien-être animal, au risque de favoriser des pratiques moins-disantes à l’autre bout du monde tout en fragilisant la santé économique des élevages français.