Face à un contexte où l’élevage intensif demeure la norme, le réalisateur a décidé de dresser le portrait d’éleveurs attentifs à leurs bêtes et à leur bien-être. Et c’est poussé par cette démarche qu’Oliver Dickinson est venu à la rencontre de WELFARM, qui milite depuis vingt-cinq ans pour un élevage plus respectueux des animaux. À l’occasion de la sortie du documentaire Un lien qui nous élève, Ghislain Zuccolo, directeur général de WELFARM, explique pourquoi l’association a choisi de s’associer à ce projet.
Dans quel but Oliver Dickinson est-il venu filmer les actions de WELFARM ?
Ghislain Zuccolo : Le réalisateur s’est avant tout intéressé à notre ferme refuge et éducative, La Hardonnerie. En effet, celle-ci détient une fonction singulière, dans la mesure où elle n’a pas vocation à produire du lait, de la laine, des œufs ou toute autre denrée issue des animaux. Il s’agit, au contraire, d’un lieu d’hébergement pour des bêtes, notamment réformées de l’élevage intensif. Elles y vivent une retraite paisible et bien méritée. À La Hardonnerie, on reconnaît aux animaux une individualité, des personnalités propres. Et les éleveurs rencontrés dans ce film partagent cette vision. C’est pourquoi il a paru pertinent que nous apparaissions à leurs côtés. Car nous œuvrons, chacun à notre manière, pour un élevage plus en phase avec le bien-être animal.
Comment ces agriculteurs se distinguent-ils des élevages industriels ?
Les éleveurs d’Un lien qui nous élève entretiennent tous une relation empreinte de respect et confiance avec leurs animaux. Les productrices de lait d’ânesse Martine Rulens et Nathalie Appelmans, par exemple, continuent de s’occuper de leurs animaux après leur retraite et laisse les ânons grandir aux côtés de leurs mères. Igor Marconnet, lui, ne coupe pas la queue de ses brebis – mutilation pourtant courante, car l’appendice peut venir gêner la traite. Dans son combat pour les animaux d’élevage, WELFARM s’est toujours attachée à dénoncer les dérives de l’élevage industriel et à saluer le travail des agriculteurs qui exercent leur métier avec égard pour la vie animale. Or, ceux présentés dans ce documentaire en sont de fidèles représentations. Citons notamment Anne-Gaëlle Arzel, ancienne salariée de la filière porcine industrielle, désormais reconvertie dans la production de viande de porc bio.
Peut-on alors considérer que le film présente une critique négative de la filière industrielle ?
Ce qu’il faut retenir avant tout, c’est que ce documentaire ne s’érige pas contre l’élevage. Il témoigne d’une des convictions profondes de WELFARM : l’animal n’est pas uniquement un simple produit de consommation. Or, la filière industrielle a tendance à nous faire oublier cet état de fait. La course à la productivité et donc, l’élevage intensif, a donné lieu à certaines aberrations. On a, par exemple, abandonné les races mixtes. Citons comme exemple les bovins, pour lesquels les filières laitière et viande sont bien distinctes. Ou encore les deux filières poules pondeuses et poulets de chair. Ces distinctions entraînent des absurdités comme le gazage des poussins mâles, inutiles à la filière pondeuses. Le film d’Oliver Dickinson présente en contre-exemple des vaches maraîchines. Une race mixte à faible effectif, rustique et évoluant dans son milieu naturel. Dans une agriculture où le zéro pâturage est la règle – comme dans la ferme aux milles vaches, ce portrait laisse effectivement songeur…