Des dizaines de taureaux enfermés durant près de trois semaines dans des camions, pataugeant dans leurs excréments et dans les restes d’un de leur congénère. Ces événements tragiques se sont déroulés entre le 3 et le 22 janvier 2024 dans le port de Tanger-Med, au Maroc.
Selon l’ONG allemande de protection animale Animal’s Angels, deux bétaillères en provenance du Portugal transportées à bord d’un navire roulier sont restées bloquées pendant 20 jours en raison de problèmes administratifs, notamment de modifications de droits de douane.
Il s’agirait d’environ 80 taureaux destinés à l’abattoir, soumis durant près de trois semaines à des souffrances terribles. Plongés jusqu’aux chevilles dans un mélange d’excréments et d’urine, beaucoup d’entre eux souffraient de problèmes respiratoires et d’inflammations oculaires en raison des émanations d’ammoniac.
L’un d’entre eux, Luiz, est mort le 8 janvier 2024 au bout de cinq jours de calvaire. Son cadavre a été laissé à l’intérieur de la remorque qui le transportait. Le 22 janvier, il s’y trouvait encore, dans un état de décomposition avancé, piétiné par ses congénères.
Un calvaire de 20 jours
Le 2 janvier, deux transports de taureaux en provenance du Portugal et à destination du Maroc ont été dédouanés. Les animaux ont quitté l’Union européenne (UE) via le poste de contrôle frontalier du port d’Algésiras, dans le sud de l’Espagne. Ils ont été transportés à bord d’un navire roulier vers le port de Tanger-Med, au Maroc. Parvenus à destination, ils ont été retenus à bord des camions jusqu’au 22 janvier.
S’ils ont été approvisionnés en eau et en nourriture par les chauffeurs des bétaillères et par l’acheteur des animaux, leur état s’est aggravé jour après jour en raison du manque d’hygiène et de l’accumulation d’excréments à l’intérieur des camions. Ces conditions de détention relèvent de la cruauté.
Selon Animal’s Angels, les taureaux étaient en bon état de santé lorsqu’ils ont quitté l’UE. Aucune irrégularité n’a été constatée en ce qui concerne les exigences sanitaires et les documents d’accompagnement. L’exportation n’a en effet été autorisée qu’après accord des autorités marocaines.
Absence d’aire de quarantaine adaptée
D’après l’ONG, les animaux ont été retenus en raison de modifications des droits de douane à l’importation, actuellement très élevés pour la catégorie de poids des véhicules concernés. Comme c’est souvent le cas, les bovins ont été retenus pour des raisons économiques, au mépris de toute notion de respect du bien-être animal.
Les taureaux ont finalement pu repartir vers leur destination finale, à Kenitra, au Maroc dans la soirée du 22 janvier. Ils seront ainsi abattus après 20 jours de souffrances inutiles.
Au port de Tanger, aucun plan d’urgence n’existe pour ce genre de situation, pas plus que de zones de quarantaine adaptées pour accueillir les animaux d’élevage, selon Animal’s Angels. Les animaux sont simplement laissés à leur sort à l’intérieur des camions.
Non aux exportations d’animaux vivants vers les pays tiers !
On imagine aisément l’ampleur qu’aurait pu prendre ce type de drame en période estivale, sous des températures élevées.
Pour que ce genre de situation ne se reproduise pas et pour éviter toutes ces souffrances causées aux bovins, une fois encore, Welfarm demande l’interdiction des transports d’animaux à destination des pays tiers de l’UE, qui ne peuvent garantir un niveau suffisant de prise en compte du bien-être animal.