Colère des agriculteurs : abandonner le modèle intensif pour sortir de la crise

moutons dans prairie élevage extensif
©jefwod

Si les annonces du Gouvernement ont permis de lever la plupart des blocages provoqués dans le pays par les agriculteurs en colère, Welfarm déplore le fait que les propositions de l’exécutif visent à maintenir un modèle d’agriculture et d’élevage intensifs centré sur les exportations. Un modèle qui ne permet pas d’assurer un niveau satisfaisant de respect du bien-être animal, pas plus qu’un revenu décent pour les paysans, tout en étant désastreux d’un point de vue environnemental.

L’agriculture française traverse une crise profonde, source de mal-être pour les paysans, qui peinent à vivre dignement de leur travail et ont manifesté ces derniers jours leur désarroi à travers le pays.

Certains leaders syndicaux tentent d’utiliser la colère légitime des agriculteurs pour remettre en cause les normes environnementales et de bien-être animal, ainsi que la transition agroécologique. Pourtant, cette crise, structurelle, est liée à des décennies soutien politique à des modèles d’agriculture intensive qui ont mené à des faibles revenus pour les producteurs.

En effet, l’industrie agroalimentaire et la distribution captent l’essentiel de la valeur ajoutée des ressources agricoles au détriment des agriculteurs, souvent surendettés et sous-rémunérés.

Ce modèle agro-industriel est aujourd’hui à bout de souffle. Il ne permet pas aux agriculteurs de vivre de leur travail, détruit les écosystèmes et ne permet pas d’assurer un niveau suffisant de bien-être animal dans les élevages.

Changement de paradigme

Depuis de nombreuses années, Welfarm lutte contre l’élevage intensif et ses dérives. L’association milite pour une transition profonde de notre système agricole et de nos pratiques alimentaires, pour assurer une alimentation durable aux citoyens, tout en préservant la biodiversité et en favorisant le bien-être animal.

Welfarm est également mobilisée aux côtés des éleveurs pour les aider à améliorer leurs pratiques en matière de respect du bien-être animal.

Alléger les normes qui encadrent l’agriculture et l’élevage et ralentir transition agroécologique ne ferait qu’aggraver le problème en faisant perdurer un modèle à bout de souffle, qui épuise l’environnement et les animaux, à force de course à la productivité. Les accords de libre-échange, dépourvus de clauses de réciprocité sur le bien-être animal, mettent en outre les agriculteurs face à une concurrence déloyale de la part des pays tiers.

Concernant les poulets et les œufs Ukrainiens, importés en grande quantité pour soutenir le pays en guerre, Welfarm appelle depuis plusieurs années à ce que ces importations soient conditionnées à la mise en œuvre en Ukraine des normes européennes qui apportent une protection minimale ces volailles.

Il est temps que le Gouvernement et la Commission européenne changent de cap et cessent de soutenir un modèle productiviste centré sur les exportations. Il est aujourd’hui nécessaire de soutenir un modèle d’agriculture paysanne agroécologique réclamé par de nombreux agriculteurs et par la société en général. Seul un modèle de ce type permettra de concilier bien-être animal et souveraineté alimentaire, tout en offrant un revenu décent à ceux qui nous nourrissent.

7 propositions de Welfarm pour sortir de la crise

– Développer l’accompagnement et les aides à la mise en place des normes.

– Introduire des clauses de réciprocité, notamment en matière de respect du bien-être animal, dans les accords de libre-échange entre l’Union européenne et les pays tiers.

– Faire respecter et renforcer les lois Egalim.

– Activer le levier de la commande publique et éduquer les citoyens pour changer les modes de consommation. La charte ETICA de Welfarm, récemment signée par les services de restauration de l’Assemblée nationale, vise à accompagner les collectivités pour des approvisionnements plus respectueux du bien-être animal.

– Opérer un changement de modèle agricole : interdiction des cages et de l’élevage sans accès à l’extérieur, réorientation vers l’agriculture biologique, l’agroécologie, l’élevage sur prairie extensive.

– Orienter davantage les aides de la PAC vers ces modèles vertueux.

– Favoriser le développement des circuits courts avec production et consommation sur un même bassin.