La Commission européenne a présenté aujourd’hui sa stratégie “De la Ferme à la Table”, une politique destinée à mettre en œuvre les objectifs de son projet Pacte vert (Green Deal) dans les domaines de l’agriculture et de la santé publique. Bonne nouvelle : la stratégie de la Commission européenne entend engager des travaux d’ampleur pour l’amélioration du bien-être animal, notamment en matière de transport et d’abattage. Welfarm salue l’engagement de la Commission européenne à travailler de nouveau sur les réglementations protégeant les animaux après des années d’inertie, et appelle à une ambition forte pour répondre à cet objectif.
Si la Commission européenne a dû faire face à la crise Covid-19 pendant l’élaboration de cette stratégie, force est de constater que ce contexte particulier n’a fait que révéler la nécessité d’engager de profondes réflexions quant au modèle d’élevage de demain, avec toutes les questions sanitaires et environnementales qu’il comporte.
Le 15 mai dernier, Welfarm et 7 autres ONG de protection animale interpellaient à ce propos le Gouvernement français, lui demandant de tirer des conclusions de la crise sanitaire que nous traversons et d’appuyer des mesures ambitieuses dans le cadre de cette stratégie européenne. Nous appelions notamment l’État français à soutenir l’intégration du bien-être animal dans les politiques publiques comme un élément essentiel du développement durable des systèmes alimentaires.
Si la mise en œuvre et le niveau d’ambition de la stratégie “De la Ferme à la Table” (ou “De la Ferme à la Fourchette“) restent encore à éclaircir, elle comporte néanmoins des engagements encourageants :
La révision et le renforcement des réglementations européennes sur le bien-être animal, y compris les règlements sur le transport et l’abattage
Cet engagement de la Commission européenne laisse entrevoir la prochaine adoption de nouvelles normes favorables au bien-être animal, pour les espèces déjà couvertes par des réglementations qui demeurent insuffisamment protectrices (poulets de chair, poules pondeuses, porcs, veaux par exemple).
Welfarm a également l’espoir que la Commission élaborera, dans le cadre de sa nouvelle stratégie, des normes protectrices pour les espèces qui ne bénéficient à ce jour d’aucune réglementation spécifique pour les protéger (chèvres, bovins, poissons par exemple).
Une révision de la directive générale sur les conditions d’élevage des animaux pourrait également s’inscrire dans cette stratégie, donnant suite à la récente initiative citoyenne européenne End the Cage Age, dont l’objectif est de demander l’interdiction de l’utilisation des cages dans les systèmes d’élevage.
Les révisions annoncées des réglementations européennes sur le transport et l’abattage représentent de véritables opportunités d’engager la transition tant attendue du transport d’animaux vivants vers le transport de carcasses, et de mettre un terme, au niveau européen, à l’abattage des animaux sans étourdissement (encore autorisé à titre dérogatoire aujourd’hui).
La stratégie vise également à réduire les ventes d’antimicrobiens destinés aux animaux d’élevage et en aquaculture de 50 % d’ici à 2030
L’utilisation massive d’antiobiotiques par l’élevage intensif conduit, comme cela est rappelé par la Commission européenne, au développement de la résistance aux antimicrobiens, fortement préjudiciable à la santé publique. Diminuer l’utilisation d’antibiotiques dans les élevages concourt à réduire les pratiques intensives : en effet, les animaux soumis à des mutilations et enfermés en surnombre dans des bâtiments sont davantage enclins à développer des pathologies nécessitant l’administration d’antibiotiques.
Bien que l’engagement en faveur d’un nouveau cadre pour le développement d’un système alimentaire durable soit à féliciter, il demeure indispensable que la Commission mette au service de ce projet des moyens financiers pour soutenir les producteurs dans la transition vers une agriculture respectueuse du bien-être animal. En ce sens, la Politique agricole commune (PAC) devrait jouer un rôle majeur en s’alignant sur les objectifs et les engagements pris par la Commission européenne dans le cadre de la stratégie “De la Ferme à la Table”, qui sera mise en œuvre sur les prochaines années.
Face aux travaux d’ampleur envisagés par la Commission Européenne, Welfarm appelle le Gouvernement français à engager d’ores et déjà des réflexions, afin de préparer les transitions à venir en matière d’élevage, de transport et d’abattage, et de les encourager de façon structurelle dans le cadre de ses politiques et soutiens publics.