Trois vidéos choc pour en finir avec l’export d’animaux vivants

Trois vidéos – trois enquêtes : il n’en fallait pas moins pour montrer au Gouvernement, aux exportateurs et aux éleveurs français ce qu’ils infligent aux animaux qu’ils exportent en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Des ports européens aux abattoirs libanais, en passant par les marchés aux bestiaux marocains, quatre ONG ont filmé le sort des milliers de bovins français expédiés chaque semaine de l’autre côté de la Méditerranée. Des enquêtes dévoilées aujourd’hui en exclusivité par Welfarm dans Libération et Sur le front.

VIDÉO 1 : Mort avant même d’embarquer sur le bateau

Juillet 2020, port de Carthagène, en Espagne, qui se dit « pionnier dans le bien-être animal ». Un bovin aux pattes fracturées se traîne au pied d’un navire. Né dans le Puy-de-Dôme, exporté en Espagne pour y être engraissé, il devait embarquer pour la Libye. Le déferlement de coups de pieds et de chocs électriques n’y fera rien : un tracteur devra traîner l’animal paralysé et hurlant de douleur jusque dans un camion. Direction l’abattoir. La loi exigeait qu’il soit euthanasié sur place, mais dans ce cas, impossible de tirer profit de sa viande… Comme lui, 425 000 bovins français sont exportés chaque année en Espagne pour y être engraissés1. Combien embarquent ensuite à Carthagène ?  Impossible à dire, puisqu’ils disparaissent des statistiques françaises. La France demeure cependant le premier fournisseur de bovins pour l’Espagne, qui est elle-même le premier pays exportateur d’Europe2 : beaucoup plus de bovins français qu’on ne le prétend meurent de l’autre côté de la Méditerranée. Pour Maria Boada, chef de projet chez Animal Welfare Foundation, qui a filmé ces images aux côtés d’Animals International et de Welfarm : « Dans les ports européens comme dans les pays tiers, l’absence de contrôles, d’infrastructures et de sanctions est désastreuse pour les animaux. La présence d’un vétérinaire n’est même pas obligatoire à bord des bateaux qui quittent l’Union européenne. Des milliers d’animaux sont ainsi privés de soins durant des jours, voire des semaines. »

VIDÉO 2 : transportés comme de vulgaires marchandises

Décembre 2019, près de Rabat (Maroc). La porte d’une bétaillère pleine à craquer écrase les flancs d’une vache française. Exportée alors qu’elle n’était encore qu’une génisse gestante, elle se retrouve comme les autres sur un marché aux bestiaux. Plus loin, d’autres bovins ont les pattes ficelées, la tête couverte d’une bâche en plastique. Des chèvres sont entassées sur une brouette. « Aucune loi ne protège les animaux au Maroc, la situation sur les marchés et les abattoirs y est catastrophique, explique Héléna Bauer, auteure des images et chef de projet chez Animals’ Angels. Les exportateurs français et européens prétendent que les animaux qu’ils exportent en Afrique sont bien traités, car ils sont destinés à la reproduction (comme les génisses) et non à l’abattage. Or, nos enquêtes montrent que tous finissent leur vie dans les mêmes souffrances, sur les marchés aux bestiaux et dans les mêmes abattoirs. » En 2018, la France a exporté plus de 12 000 bovins vers le Maroc3.

VIDÉO 3 : Abattus Avec une cruautÉ que rien ne justifie 

Août 2020. Sur les images filmées par Animals International et Animals’ Angels au Liban et au Maroc, les bovins subissent tous le même sort : les coups, la terreur, l’agonie interminable. « Au Moyen-Orient comme en Afrique du Nord, j’ai vu ces animaux français endurer une mort lente et douloureuse à cause de travailleurs qui ne sont ni équipés, ni formés et qui ont peur de ces gros bovins, déclare Gabriel Paun, directeur Europe d’Animals International. Ils utilisent des cordes pour les maintenir, ils les poignardent et leur cisaillent la gorge. Les animaux sont terrifiés, ils souffrent et sont conscients jusqu’au bout. Ces pratiques sont extrêmes, inutiles et vont à l’encontre de tous les préceptes religieux en vigueur dans les pays importateurs. Ces pratiques seraient d’ailleurs illégales en France.”

 

L’export : Un business aussi cruel qu’hypocrite 

Le ministère de l’Agriculture, les exportateurs, les éleveurs et le port de Sète connaissent ces images, ils continuent pourtant d’y exporter des animaux. Et pour cause, l’exportation de bovins a généré près d’1,5 milliard d’euros en 2018, dont 118 millions vers les pays extérieurs à l’Union européenne4. La France n’arrive même pas à détecter et résoudre les problèmes au sein de ses propres abattoirs, comment imaginer que nous puissions avoir la moindre influence sur ce qui se passe de l’autre côté de la méditerranée ? La vérité est que la France n’a plus aucun contrôle dès que les animaux quittent son sol. Le seul moyen de leur éviter ces souffrances est de ne pas les envoyer là-bas vivants. Autrement dit, exporter oui, mais de la viande. L’Égypte en a importé 340 000 tonnes équivalent carcasse (tec) en 2019. L’Algérie 65 0005. Preuve que cela est possible. 

 

> Signez la pétition contre l’export d’animaux vivants sur : action-transports.fr

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