Étiquetages du bien-être animal : une influence pour l’instant contrastée sur les achats

Une récente étude de l’IFIP-Institut du porc sur l’impact sur le consommateur français des étiquetages du bien-être animal et des autres mentions des modes d’élevage démontre le travail important d’éducation et de sensibilisation qui reste encore à accomplir.

L’Étiquette Bien-Être Animal est déjà déployée dans une première filière : le poulet de chair.

« Comment les consommateurs perçoivent-ils les mentions relatives au bien-être animal au moment de l’achat de produits du porc? » : c’est la question à laquelle l’IFIP a tenté de répondre dans une récente étude1 menée auprès des consommateurs (dans la grande distribution) et qui s’appuie sur la littérature scientifique.

Une sensibilité des consommateurs au bien-être animal qui ne se traduit pas forcément dans leurs achats

« Si les études montrent une préoccupation grandissante des citoyens pour la condition animale ainsi qu’un consentement à payer pour les produits labellisés (…), on observe un écart entre ces déclarations et les achats réellement effectués (…). La littérature indique en effet qu’il existe une dualité entre citoyens et consommateurs : en tant que citoyens, les individus réclament de meilleures conditions de vie pour les animaux d’élevage mais en tant que consommateurs, ils achètent peu les produits qui mentionnent l’amélioration du bien-être animal. » Tel est le constat de l’IFIP, dont l’étude porte sur le poulet et le porc transformé (charcuteries).

Une multiplication de mentions sur l’étiquette

Les mentions relatives à la durabilité (emballage, sans pesticides…), à la santé, au mode d’élevage « se superposent aux critères plus généraux de choix des consommateurs tels que le prix, la marque, la quantité ou la date de péremption ». Le consommateur est ainsi amené à effectuer un « compromis » entre ces différents attributs au moment de l’achat.

Les facteurs de la prise en compte du bien-être animal lors de l’achat

L’IFIP liste une série de 4 facteurs qui déterminent les comportements de consommation qui prennent, ou non, en compte le bien-être animal.

La connaissance par le consommateur des modes d’élevage et des normes de bien-être animal.

La motivation à utiliser les informations présentes sur l’emballage. Plus les consommateurs sont impliqués et motivés à faire l’usage de l’information, plus ils vont faire des efforts pour décrypter l’emballage et faire ensuite leur choix.

La confiance envers les labels, appellations d’origine et de qualité et autres mentions valorisantes reconnues.

L’habitude. C’est-à-dire un certain nombre de routines liées au consommateur, mais également à ses lieux d’achat, son équipement de cuisine, ses compétences etc., soit dans tout un écosystème qui s’est créé en lien avec son environnement et les besoins du ménage. « Ce sont les déterminants les plus robustes et les plus compliqués à changer. »

Cinq profils de consommateurs

Cinq profils ont été construits en fonction de leur prise en compte ou non du bien-être animal lors de leur achat.

Les engagés. Ils choisissent rapidement, à l’instinct, sans lire les détails. Ils achètent fréquemment des produits labellisés.

Les confiants. Ils achètent des produits qu’ils pensent garantir le bien-être animal. Ils gardent la vision d’un élevage traditionnel et ils accordent leur con­fiance à l’éleveur.

Les contraints. Ils ont conscience de ne pas acheter des produits qui promeuvent le bien-être animal mais disent être freinés par le prix et la très faible visibilité de l’offre.

Les méfiants. Ils doutent des labels et logos en général mais accordent une grande con­fiance à l’origine. Ils privilégient les attributs prix et qualité et cherchent un bon rapport entre les deux.

Les indifférents. Ils ne sont pas intéressés par la question de l’élevage et supposent que les animaux sont correctement élevés. Ils privilégient en premier les attributs prix, praticité, dates de péremption et goût.

L’étiquetage obligatoire des œufs a eu une influence décisive sur le mode d’élevage

Si les résultats de l’étude ne sont guère satisfaisants pour les défenseurs des animaux, notons que l’étiquetage du mode d’élevage a une réelle incidence sur les conditions de vie des animaux. Ainsi, l’étiquetage obligatoire des œufs (cage, sol, plein air, bio) a conduit à une baisse de l’utilisation des cages de 80 % à 56 % entre 2003 et 2015 au sein de l’Union européenne, rappelle l’IFIP. Ce qui prouve que l’information apportée aux consommateurs a un réel impact sur les conditions de vie des animaux d’élevage.

Welfarm est associée à la première démarche française d’étiquetage du bien-être animal

Welfarm plaide depuis plusieurs années auprès des autorités françaises et européennes pour un étiquetage relatif au bien-être des animaux, notamment dans le cadre de l’Association Étiquette Bien-Être Animal (AEBEA) , qui regroupe des ONG de protection animale, des producteurs et des acteurs de la distribution.  Le but est de proposer une solution qui permette de connaître les conditions de vie de l’animal dont les produits en magasins sont issus, de sa naissance jusqu’à son abattage, en incluant l’élevage et le transport. L’objectif est de contribuer à la mise en place d’un étiquetage harmonisé sur le bien-être et la protection animale au niveau national à moyen terme et au niveau européen à plus long terme.

L’Étiquette Bien-Être Animal est déjà déployée dans une première filière : le poulet de chair. 3000 éleveurs sont déjà engagés, soit environ un tiers de éleveurs. Cette démarche est en cours de déploiement sur la filière porcine. Les premiers produits étiquetés sont attendus en fin d’année.

1 Les Cahiers de l’IFIP, vol 8 – n°1 – 2022