Besoins spécifiques et recommandations par fortes chaleurs : la truite arc-en-ciel

Cette fiche technique présente les mesures préconisées par Welfarm en pisciculture pour réduire les souffrances des truites arc-en-ciel lors d’épisodes de fortes chaleurs.

truite arc en ciel
©2ragon

La truite arc-en-ciel est la principale espèce de poisson élevée en France en tonnage. C’est un poisson d’eaux froides, donc particulièrement vulnérable aux fortes chaleurs.

La quasi-totalité des truites élevées dans l’Hexagone le sont dans des bassins d’eau douce à terre en dérivation de rivière, en système « raceway ». L’élevage en mer est peu développé sur les côtes françaises car l’eau est souvent trop chaude en été pour cette espèce.

Ce bref article n’a pas vocation à être exhaustif. Il liste des conseils techniques à destination des exploitations piscicoles pour réduire les souffrances des poissons d’élevage durant les vagues de chaleur.

Besoins spécifiques de l’espèce en matière de température de l’eau1
Œuf et alevins : < 15 °C (critique au-dessus de 15 °C).
Stades ultérieurs entre 4 et 18 °C en eau douce (critique à partir de 22 °C), entre 4 et 16 °C en eau de mer (critique à partir de 19 °C).

Besoins spécifiques de l’espèce en matière de taux d’oxygène de l’eau1
Général : ≥ 7 mg/l (critique en dessous de 5 mg/l).

Recommandations de Welfarm en cas de fortes chaleurs

Mesures d’urgence :

aération ou oxygénation des bassins en cas de baisse des taux d’oxygène dissous ;

ajuster la distribution de l’alimentation aux besoins des poissons (un peu plus de nourriture si augmentation de la température sous les seuils critiques, stopper l’alimentation si seuils dépassés).

Éviter les manipulations hors de l’eau et le crowding2 durant les vagues de chaleur.

Mesures durables :

réduire les densités dans les bassins tout au long de l’année ;

aménager les bassins pour permettre aux poissons de disposer de zones d’ombrage. En plus de réduire la température de l’eau, des zones d’ombrage protègent les poissons de la surexposition aux ultraviolets (qui peut causer des coups de soleil, des cataractes) et leur permettent de satisfaire leur préférence pour la pénombre. En limitant la photosynthèse, les zones d’ombre réduisent également le développement des algues, diminuant ainsi les baisses d’oxygène estivales ;

permettre aux poissons d’exprimer les comportements naturels qui favorisent leur thermorégulation, en garantissant une profondeur d’eau suffisante pour permettre aux poissons de nager où la température de l’eau est plus fraîche. En bassin de type « raceway », des contraintes existent à propos des propriétés hydrauliques : l’augmentation de la profondeur de ces bassins ne doit se faire que si des solutions techniques sont mises en place pour maintenir un autonettoyage efficace et une vélocité de l’eau suffisante (minimum 3,3 cm/sec).

prendre en compte la thermotolérance et la résistance à l’hypoxie dans la sélection génétique des truites ;

ne pas implanter d’exploitation piscicole sur des sites exposés à des risques élevés liés aux fortes chaleurs.

(1) Ces chiffres correspondent aux niveaux acceptables et critiques concernant la température et le dioxygène. Les seuils optimaux en matière de bien-être animal ‒ difficiles à respecter en périodes de fortes chaleur ‒ peuvent être plus exigeants que les valeurs présentées ici.
(2) Manipulation qui consiste à rassembler les poissons à forte densité dans un coin du bassin ou de la cage marine avec un filet en vue d’un transfert.