De 2005 à 2022, le temps moyen de trajet des bovins élevés en France pour rejoindre l’abattoir s’est allongé de 14 minutes. Une augmentation à mettre en perspective avec la baisse du nombre d’abattoirs sur le territoire national durant cette période.
Selon une étude publiée en juin 2023 par Agreste – le service de statistique et de prospective du ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire – le temps moyen de trajet séparant un bovin élevé en France de l’abattoir a augmenté de 14 minutes entre 2005 et 2022, passant de 1h45 à 1h59.
Au cours de cette période, les temps de trajets inférieurs à 1 heure sont en fort recul (31,6 % en 2022, contre 38,3 % en 2005), alors que la proportion de trajets d’une durée supérieure à 2h30 a nettement augmenté (25,1 % contre 21,3 %).
Disparités régionales
En 2022, en moyenne, ce sont donc près de deux heures qui séparent un bovin de l’abattoir, mais de nombreuses disparités existent selon les régions. Les temps de trajets les plus faibles sont observés depuis l’Ille-et-Villaine (1h15 pour rejoindre l’abattoir), alors que les plus élevés concernent les bovins en provenance de l’Aisne (3h09).
Sur la période 2005-2022, les temps de trajet vers les abattoirs ont le plus augmenté dans le Sud-Ouest et le Nord-Est : + 34 minutes pour les animaux en provenance de la région Grand-Est, + 19 minutes pour ceux originaires de Nouvelle-Aquitaine et d’Occitanie.
Les temps de trajet entre l’exploitation et l’abattoir augmentent autant pour les bovins de races allaitantes que pour ceux de races laitières. L’augmentation est plus importante pour les veaux (+ 20 minutes en moyenne), et particulièrement pour les veaux de races laitières (+ 26 minutes).
Temps de transport directement corrélés au nombre d’abattoirs
Cette augmentation des temps de trajet est, selon Agreste, en partie due à la baisse, depuis 2010, du nombre d’abattoirs de bovins en France métropolitaine. En effet, en 2022, l’Hexagone compte 181 établissements d’abattage de bovins, soit près de 80 de moins qu’en 2005. Alors qu’ils étaient environ 270 jusqu’à 2010, leur nombre a fortement diminué entre 2010 et 2015, période durant laquelle un quart des abattoirs ont disparu. La baisse s’est poursuivie plus modérément jusqu’en 2020 et, depuis, le nombre d’abattoirs est stable.
Welfarm souhaite que cette stabilisation se poursuive afin de limiter le temps de transport des animaux d’élevage. Toutefois, il est à craindre que le nombre d’abattoirs de bovins sur le territoire national diminue dans le contexte actuel : selon les chiffres d’Agreste, le repli des abattages de bovins en France se poursuit et s’accentue (- 8,4 % en mai sur un an). Les exportations de viande bovine s’effondrent (- 25.1 % en avril, après – 26.9 % en mars), et la consommation nationale est en recul (-3,5 % sur un an).
Rôle des abattoirs mobiles
Welfarm précise que le développement d’abattoirs mobiles pourrait être une piste d’amélioration pour limiter le temps de transport des animaux issus d’élevages très éloignés des sites d’abattage classiques, à condition d’appliquer scrupuleusement les dispositions réglementaires, et notamment l’obligation d’étourdissement avant abattage.
Les trajets vers les abattoirs ne représentent qu’une partie des nombreux trajets effectués par les animaux d’élevage au cours de leur vie. Or, le transport est une situation extrêmement stressante pour eux. Outre le trajet en lui-même, les étapes de chargement et de déchargement sont bien souvent sources de grandes souffrances, d’autant plus lorsque les animaux sont manipulés avec brutalité.
Pour limiter les souffrances endurées par les animaux d’élevage pendant leur transport, Welfarm demande :
– la limitation à 8 heures du transport des bovins, ovins, caprins, porcins et équins, et à 4 heures celui des volailles et lapins ;
– l’interdiction totale du transport des jeunes animaux non sevrés, des poussins vivants et des femelles gestantes.
Une pétition est en ligne pour appuyer ces demandes.