Des parlementaires français appellent la Commission européenne à supprimer l’exigence de poids minimum des foies gras

Seize parlementaires français demandent à la Commission européenne de supprimer l’exigence de poids minimum dans les normes de commercialisation du foie gras. Une mesure qui permettrait d’en produire sans recourir à cette méthode qui relève de la cruauté.

Quatorze députés français ainsi que les sénateurs Arnaud Bazin et Samantha Cazebonne, ont cosigné le 8 juin un courrier adressé aux commissaires européens Janusz Wojciechowski (Agriculture et Développement rural) et Stella Kyriakides (Santé et Sécurité alimentaire) à l’occasion de la révision du règlement (CE) n° 543/2008 sur les normes de commercialisation de la viande de volaille.

Les parlementaires demandent à la Commission européenne, dans sa révision de ce texte, « de proposer la suppression de la référence au poids minimum des foies pouvant être vendus comme « foie gras » ».

Réglementation arbitraire

À l’heure actuelle, pour qu’un produit puisse être appelé foie gras, il doit peser au minimum 300 g pour les foies de canards et 400 g pour les foies d’oies. Des poids « arbitrairement introduits dans le règlement CE sur les normes de commercialisation de la volaille en 1991 », selon les parlementaires, qui soulignent que de tels poids ne peuvent être obtenus sans recourir au gavage.

Ils rappellent qu’une production de foie gras alternative est possible : « Certains producteurs choisissent de donner aux volailles de plus grandes quantités d’aliments spécifiques pour faire grossir leur foie sans recourir au gavage », précise le courrier. « Cependant, l’hypertrophie qui en résulte n’est pas suffisante pour produire des foies qui atteignent le poids minimum requis » par le règlement pour pouvoir être appelés « foie gras ».

Les éleveurs concernés sont donc obligés d’utiliser des appellations différentes, « perdant ainsi des parts de marché en faveur d’un produit similaire qui cause des souffrances inutiles à des millions d’animaux », déplorent les signataires.

Une opportunité d’interdire le gavage

Les parlementaires rappellent que « le consensus au sujet de la cruauté inhérente au gavage » a conduit à une interdiction de cette pratique dans 22 États membres de l’Union européenne, ainsi qu’en Flandre et en Région bruxelloise, en Belgique.

Selon eux, la révision en cours de la législation européenne sur le bien-être animal offre une opportunité d’interdire le gavage pour la production de foie gras dans l’ensemble de l’Union européenne. Ils demandent donc également à la Commission de considérer l’interdiction du gavage dans la prochaine législation sur le bien-être animal.

Welfarm soutient la démarche des députés et sénateurs. L’association rappelle qu’en Europe, seules la France, la Hongrie, la Bulgarie, l’Espagne et la Wallonie en Belgique se livrent encore à la pratique du gavage. En France, l’article L654-27-1 du Code rural prévoit qu’« on entend par foie gras, le foie d’un canard ou d’une oie spécialement engraissée par gavage », interdisant de fait tout mode de production alternatif dans l’Hexagone.

En l’état actuel des choses, Welfarm ne peut que condamner fermement la production de foie gras, le gavage allant à l’encontre des fondamentaux du bien-être animal.