Nous nous en faisions l’écho au début du mois dernier, le ministre de l’Agriculture allemand, le Vert Cem Özdemir, l’a confirmé le 7 juin. S’exprimant en conférence de presse, il a présenté les grandes lignes du futur étiquetage du mode d’élevage. Il ne sera ni un label, ni un signe de qualité, mais une information obligatoire à destination du consommateur.
L’information avait fuité dans la presse allemande le mois dernier, l’annonce du 7 juin par le ministre allemand de l’Agriculture l’a rendue officielle, relate Contexte.
Un étiquetage à cinq niveaux
Dans un premier temps, cet étiquetage ne concernera que la viande fraîche et non transformée de porc. Contrairement aux informations du mois dernier, l’étiquetage comportera cinq niveaux : élevages en bâtiment avec ou sans 20 % d’espaces supplémentaires par rapport aux normes minimales, contact avec le climat extérieur, plein air et bio.
Une entrée en vigueur espérée en 2023 et une extension progressive à d’autres espèces
Le gouvernement souhaite adopter une proposition de texte d’ici à la pause parlementaire estivale, avant une validation par le Bundesrat (Conseil fédéral) à l’automne, puis un débat au Parlement à la fin de l’année. Le ministre Cem Özdemir a indiqué qu’il espérait une entrée en vigueur du nouvel étiquetage « courant 2023 ».
Cet étiquetage obligatoire s’étendra « progressivement » à la viande bovine, aux produits laitiers et à la volaille, indique le ministère, précisant qu’un calendrier sera présenté lors du lancement des débats sur la loi.
Seule la viande produite en Allemagne est concernée
L’obligation d’étiquetage du mode d’élevage ne pourra s’appliquer qu’à la viande produite en Allemagne. Quant à son extension à la viande produite ailleurs, « nous prenons les devants au sein du marché intérieur européen », note le ministère.
L’étiquetage obligatoire du mode d’élevage s’inscrit dans un plan plus vaste de la coalition au pouvoir en Allemagne (socialistes, libéraux et écologistes). Dans le budget fédéral pour 2023, il est prévu d’investir un milliard d’euros pour la transformation de l’élevage. Cet argent serait utilisé sur quatre ans pour soutenir financièrement les investissements dans des bâtiments d’élevage « du futur », offrant un accès à l’air libre, de la lumière naturelle et plus de bien-être pour les animaux.
Il est également prévu des aides aux investissements sur des critères de mode d’élevage, et de manière générale, de n’accorder des aides que pour les niveaux supérieurs de l’étiquetage du mode d’élevage.
En France, une expérimentation de l’étiquetage du mode d’élevage qui fait flop
À la suite des travaux conduits au cours des États généraux de l’Alimentation tenus en 2017, le Conseil national de l’Alimentation (CNA)1 a été saisi par le gouvernement pour définir les modalités de mise en œuvre d’une expérimentation de l’étiquetage du mode d’élevage. Après plusieurs séances de travail, dans lesquelles Welfarm s’est pleinement impliquée, le CNA a rendu en 2020 un avis recommandant une expérimentation reposant sur deux scénarios :
ꟷUn étiquetage des seuls modes d’élevage reposant sur des signes de qualité (Viande bovine, Label Rouge et Agriculture Biologique).
ꟷUn étiquetage de tous les modes d’élevage des produits appartenant à une même catégorie.
La première option a le soutien des représentants des filières de l’élevage et de l’agroalimentaire. Elle exclut toutefois un étiquetage des modes d’élevage associés aux produits standards, c’est-à-dire de ceux qui sont par nature les plus à même d’être sources de souffrances animales.
La seconde option a les faveurs des ONG de protection animale, dont Welfarm qui l’a vigoureusement soutenue, puisqu’elle prévoit un étiquetage de tous les modes d’élevage.
Hélas, depuis que le CNA a rendu son avis, aucune expérimentation d’étiquetage des modes d’élevage n’a été mise en œuvre sur le terrain. En l’absence de consensus parmi les parties prenantes, le gouvernement français semble ne pas vouloir pousser l’exercice jusqu’à son terme.
Welfarm regrette vivement cette situation et réaffirme son souhait que les produits animaux bénéficient tous d’un étiquetage du mode d’élevage, comme c’est le cas actuellement pour les œufs. L’association invite donc le gouvernement français à suivre l’exemple de l’Allemagne cité ci-dessus, qui, une fois de plus, fait office de précurseur.
L’Étiquette Bien-Être Animal : l’étiquetage français à vocation européenne soutenu par Welfarm
Welfarm est à la pointe du combat pour un étiquetage relatif au bien-être des animaux depuis plusieurs années, notamment dans le cadre de l’Association Étiquette Bien-Être Animal (AEBEA), qui regroupe des ONG de protection animale, des producteurs et des acteurs de la distribution.
Le but est de proposer une solution qui permette de connaître les conditions de vie de l’animal dont les produits en magasins sont issus, de sa naissance jusqu’à son abattage, en incluant l’élevage et le transport. L’objectif est de contribuer à la mise en place d’un étiquetage harmonisé sur le bien-être et la protection animale au niveau national à moyen terme et au niveau européen à plus long terme.
L’Étiquette Bien-Être Animal est déjà déployée dans une première filière : le poulet de chair. En plein essor, l’étiquetage concerne 90 millions de poulets dont 60 millions de poulets plein air (Label Rouge ou bio) et 3 000 éleveurs français de volailles sont impliqués dans la démarche.
Une démarche qui est en cours de déploiement sur la filière porcine. Les premiers produits étiquetés sont attendus en fin d’année.
Cette solution française répond aux recommandations de la Commission européenne dans le cadre sa stratégie « De la Ferme à la Table » dont l’un des objectifs annoncés est la révision de la législation sur le bien-être animal d’ici fin 2023. L’Étiquette Bien-Être Animal se positionne légitimement comme une solution aboutie de référentiel commun à l’échelle européenne.
1 Le Conseil national de l’Alimentation (CNA) est une instance consultative française placée auprès des ministres de l’Environnement, de l’Agriculture, de la Santé et de la Consommation. Il débat et formule des propositions liées à la politique de l’alimentation, notamment le Programme national pour l’alimentation.