Fermes à sang : nouvelles enquêtes en Islande

Welfarm a rendu publique aujourd’hui une vidéo dévoilant des images tournées par les ONG allemande Animal Welfare Foundation et suisse Tierschutzbund Zürich (AWF|TSB) sur les fermes à sang. 

Réalisées en Islande, elles montrent des juments saignées pour récolter l’hormone eCG que ces animaux produisent pendant leur gestation. Alors que Welfarm avait révélé les dessous de la production d’hormone eCG en Amérique latine en 2018, ces images montrent, une fois encore, les terribles conditions dans lesquelles les juments sont exploitées dans des fermes à sang… 

L’hormone eCG en bref

L’hormone eCG (dite également, « PMSG ») est une hormone de fertilité que les juments produisent naturellement lors de leur gestation. Dans ces enquêtes en Islande, les juments sont allaitantes ; dans les enquêtes de 2018 sur les fermes à sang en Amérique latine, elles étaient au contraire avortées.

En France, comme au sein de l’Union européenne, les élevages standards recourent à cette hormone pour programmer et synchroniser la période d’ovulation des femelles. L’eCG est notamment utilisée pour les truies, brebis, vaches, chèvres, etc. 

Ce produit augmente ainsi non seulement la cadence de la production de lait mais aussi le nombre de naissances par femelle.

Des juments exploitées dans les fermes à sang islandaises

En l’espace de quelques jours en 2019, puis en septembre 2021, AWF|TSB a découvert 40 fermes à sang en Islande. Le nombre de fermes à sang sur l’île est toutefois supérieur à 100. Elles sont pour l’essentiel concentrées dans le Sud-Ouest et le Nord-Ouest de l’Islande et concernent 5 000 juments.

Les enquêtes montrent les terribles conditions dans lesquelles les juments y sont exploitées pour la production d’hormone eCG.

Allaitantes en plus d’être gestantes, les juments et leurs poulains sont emmenés en dehors des pâtures par le personnel de ces fermes. Les juments sont ensuite séparées de leurs petits. À grand renfort de coups de bâton ou de fouet dans les pattes ou sur la tête, elles sont alors placées dans des boxes de contention pour être saignées. Les enclos sont faits de planches de bois vétustes, où les juments peuvent se coincer les pattes, voire de métal qui est tout autant à même de blesser ces animaux. Les portes et parois des enclos sont régulièrement tâchées de sang. Lorsque ces boxes sont situés en extérieur, les juments sont rarement protégées contre les intempéries.

Dans ces boxes, la tête des juments est étroitement immobilisée en hauteur par une corde. Ce dispositif est particulièrement dangereux : outre le caractère stressant de ce type de manipulation et de contention pour l’animal, celui-ci peut se blesser à la nuque en tentant de s’échapper et en tombant. 

La saignée commence ensuite : une canule d’un demi-centimètre de diamètre est insérée dans leur veine jugulaire et cinq litres de sang leur sont prélevés pendant plusieurs minutes. Cette opération est ensuite répétée chaque semaine, pendant deux à trois mois par an.

Ces juments sont quasiment sauvages : ces manipulations répétées leur causent donc un profond stress. Chaque saignée représente environ 15% de leur volume total de sang.

De leur côté, les poulains qui ont été séparés de leurs mères hennissent et tournent autour des enclos, au mépris des tentatives du personnel de les écarter et des risques de blessures que les équipements peuvent leur causer. Il leur faudra pourtant attendre que la canule soit ôtée, souvent par du personnel sans formation suffisante et non par un vétérinaire. Ce n’est qu’ensuite qu’ils rejoindront leur mère, tremblante et affaiblie. Les poulains finiront à l’abattoir ou en élevage pour la reproduction.

Les enjeux économiques de la production d’hormone eCG en Islande

En marge de ces images choc, ces enquêtes révèlent aussi les enjeux économiques qui sous-tendent la production d’hormone eCG en Islande.

Supervisées par l’autorité vétérinaire islandaise, les fermes à sang fournissent l’unique acheteur de l’île, la société Isteka ehf. Cette structure transforme ensuite le sang en poudre eCG, qu’elle exporte ensuite en totalité. L’Union européenne, dont la France, compte parmi ses destinations privilégiées.

En France, deux laboratoires pharmaceutiques vendent des produits formulés à base d’hormone eCG. C’est le cas d’Intervet, une filiale de MSD qui est l’un des principaux distributeurs européens d’hormone eCG. 

De son côté, Céva Santé Animale s’était engagée auprès de Welfarm en 2018 à cesser de s’approvisionner auprès de son fournisseur argentin Syntex, après notre campagne sur le sujet. À ce jour cependant, elle continue de commercialiser des produits formulés à base d’hormone eCG en s’approvisionnant notamment en Islande.

Pour WELFARM, le commerce des fermes à sang doit cesser

Ces nouvelles enquêtes en Islande mènent Welfarm au constat suivant : la production d’hormone eCG est à même de causer de graves souffrances aux juments gestantes, quel que soit le pays où elle est organisée. 

Pour cette raison, Welfarm demande que soient interdites de toute urgence les importations et la production d’hormone eCG au sein de l’Union européenne. L’ONG salue par conséquent la résolution adoptée par le Parlement européen le 20 octobre dernier qui demandait à la Commission européenne d’édicter ces interdictions dans le cadre de la stratégie « De la Ferme à la Table ».

Pour Welfarm, bien que des produits synthétiques soient déjà sur le marché européen, c’est bien l’arrêt, à terme, de l’utilisation des hormones de fertilité en élevage qui est demandé. L’association estime que les institutions publiques devraient financer des formations au profit des éleveurs et vétérinaires afin qu’ils puissent mettre en œuvre des mesures zootechniques plus respectueuses du bien-être animal. Par exemple, les femelles peuvent être rassemblées ou bien encore placées près des mâles en leur laissant suffisamment d’espace pour se mouvoir. Ce type de méthode est en effet à même de stimuler leurs chaleurs.

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