Fermes-usines de saumons : les projets se multiplient en Europe… les oppositions aussi

Les projets d’élevages de saumons en circuits fermés se multiplient en Europe, mais sont confrontés à une forte résistance des associations et des collectifs locaux d’opposition.

Groupe de saumons atlantiques
Photo d’illustration. ©ink drop

Les projets de très grands élevages hyper-intensifs de saumons à terre sont une tendance de fond au niveau mondial. La consommation et, donc, la production de ce poisson carnivore ne cessent d’augmenter depuis le début des années 2000. La production mondiale de saumon a ainsi triplé ces vingt dernières années, passant de 1 million de tonnes à près de 3 millions de tonnes aujourd’hui.

Pour assurer une production en croissance constante, les industriels du secteur projettent de multiplier les élevages en circuits recirculés (RAS), notamment en Europe. Compte tenu des problèmes en matière de bien-être animal, d’environnement et de justice sociale posés par les élevages exclusivement en RAS, ces projets sont confrontés à une forte opposition de la société civile.

Projet de 5 000 tonnes par an au Royaume-Uni

C’est notamment le cas au Royaume-Uni, à Grimsby, dans l’est du pays. Un projet d’élevage de saumons avec une production prévisionnelle de 5 000 tonnes par an avait été validé en 2023 par les autorités locales. Mais grâce à la mobilisation de l’ONG Animal Equality UK, le projet de l’entreprise AquaCultured Seafood va faire l’objet d’une révision judiciaire, en raison de la non-prise en compte du bien-être animal lors du processus de planification.

Deux projets abandonnés en Belgique

Fin 2023, un projet d’élevage exclusivement en RAS de l’entreprise Cold Water à Baelen, en Belgique a été abandonné suite au rejet par le ministère wallon du Bien-être animal et de l’Environnement de la demande de permis de forage test déposée par l’entreprise piscicole.

Ce projet, qui prévoyait une production annuelle de 1 200 tonnes avait déjà vu cette demande de forages refusée à deux reprises par le conseil communal de Baelen. L’ONG belge Gaia s’était également mobilisée contre le projet et introduit une réclamation à son encontre.

Cold Water avait 60 jours pour contester le refus du ministère, mais l’entreprise a jeté l’éponge et n’a pas déposé de recours.

Le 29 novembre 2024, Gaia a obtenu une nouvelle victoire, cette fois-ci contre un très gros projet d’élevage à Ostende dans le nord du pays, qui prévoyait une production annuelle de 3 millions de saumons. Le projet avait été validé par le ministère flamand de l’Environnement, mais le recours que Gaia avait déposé devant le Conseil des litiges en matière de permis a porté ses fruits. Selon l’ONG, « non seulement le permis a été annulé, mais le Conseil a également jugé que ce projet n’était pas légalement réalisable à cet emplacement ».

Un projet proche d’aboutir en Espagne

En Espagne, l’entreprise norvégienne, Seafood Legacy projette de construire le premier élevage de ce type dans ce pays à Burela, en Galice, avec une production annuelle de 3 000 tonnes de saumon. Selon le média spécialisé Mispeces, l’entreprise est en phase finale d’obtention des permis nécessaires pour lancer la construction de cette unité de production.

Une première victoire en France

En France, Welfarm se mobilise pour empêcher la construction de fermes-usines de saumons. Nous avons remporté une première victoire le 31 octobre 2024, quand l’entreprise norvégienne Smart Salmon a retiré son dossier de demande d’autorisation environnementale pour un élevage qu’elle souhaitait installer à Plouisy, dans les Côtes d’Armor.

Mais deux projets risquent toujours de voir le jour dans l’Hexagone, au Verdon-sur-Mer, en Gironde ; et à Boulogne-sur-Mer, dans le Pas-de-Calais. Welfarm mène campagne pour que ces projets soient abandonnés et demande, avec l’association de protection des océans Seastemik, l’instauration d’un moratoire interdisant le développement de ce type de fermes-usines aquacoles tant que le bien-être des animaux aquatiques n’y sera pas garanti. Une pétition est en ligne pour que les citoyens soutiennent cette demande.