« Pour une Europe sans fourrure » : une initiative citoyenne pour obliger la Commission européenne à se prononcer sur la fin de la fourrure

En tant que membre d’Eurogroup for Animals, Welfarm lance, aujourd’hui, l’initiative citoyenne européenne1 (ICE) “Fur Free Europe” (« Pour une Europe sans fourrure »). L’objectif est de collecter au minimum un million de signatures de citoyens européens, dans au moins sept États membres, afin d’appeler la Commission européenne à légiférer pour interdire les élevages d’animaux à fourrure en Europe ainsi que la commercialisation de produits contenant de la fourrure.

Pour Welfarm, l’élevage d’animaux pour leur fourrure est tout simplement incompatible avec le bien-être animal.

Des millions d’animaux victimes de l’exploitation de leur fourrure

Malgré une diminution du nombre de visons abattus pour leur fourrure en raison de la pandémie de Covid-19, fin 2020, des millions de visons mais aussi de renards étaient encore élevés pour leur fourrure au sein de l’Union européenne (UE), tout comme des milliers de chiens viverrins, principalement en Finlande, Pologne, Lituanie et Grèce. L’initiative « Fur Free Europe »  appelle l’UE à mettre fin à leurs souffrances en interdisant purement et simplement l’élevage d’animaux pour leur fourrure ainsi que toute commercialisation de produits en contenant2. Si elle parvient à réunir 1 million de signatures dans au moins sept États membres, alors la Commission européenne sera contrainte d’agir.

Les besoins comportementaux des animaux élevés pour leur fourrure ne peuvent pas être satisfaits

Plusieurs des cinq libertés définissant le bien-être animal ne peuvent être respectées dans le cadre de cette activité. Ces cinq libertés sont les suivantes : l’absence de faim, de soif et de malnutrition, l’absence de peur et de détresse, l’absence de stress physique et/ou thermique, l’absence de douleur, de lésions et de maladie et la liberté d’expression d’un comportement normal de son espèce.

L’élevage d’animaux pour leur fourrure ne peut répondre à toutes ces exigences.

Dans les fermes, les animaux à fourrure ne vivent pas dans un environnement leur offrant un logement approprié ou une aire de repos confortable et adaptée à leur espèce. Leurs conditions d’élevage sont avant tout pensées pour préserver la valeur marchande de la fourrure. Des millions d’animaux sont ainsi élevés dans des cages particulièrement étroites.

Or, de nombreuses études scientifiques3 ont montré que les besoins comportementaux des visons et des renards, c’est-à-dire les principales espèces élevées pour leur fourrure, ne peuvent tout simplement pas être satisfaits dans les élevages. Dans les cages, ces carnivores actifs ne peuvent pas exprimer l’ensemble de leurs comportements naturels et souffrent ainsi d’importantes frustrations. Des mouvements répétitifs, comme tourner en rond ou faire les cent pas dans la cage, témoignent de la souffrance de ces animaux.

En 2001, le comité scientifique de la santé et du bien-être des animaux de la Commission européenne a conclu dans un rapport4 que les systèmes d’élevage « posent de sérieux problèmes à toutes les espèces d’animaux élevées pour la fourrure. Des efforts devraient être faits pour toutes les espèces afin de concevoir des systèmes de logement qui répondent aux besoins des animaux ». Ces changements n’ont pas eu lieu au cours des 21 années qui se sont écoulées depuis la publication du rapport de la Commission. Il est devenu tout à fait clair que l’industrie de la fourrure est incapable de faire évoluer ses pratiques d’élevage.

Des animaux sauvages inadaptés à un élevage intensif en cage

Alors que les animaux à fourrure élevés dans des fermes sont pour beaucoup instinctivement solitaires, ils sont entassés à plusieurs dans des cages grillagées exigües, privés de tout ce dont ils ont besoin. Ils ne peuvent ni se déplacer, ni se cacher, ni s’isoler, ni même fuir leurs congénères rendus agressifs par ces conditions de détention. Le sol grillagé de leur cage leur blesse sévèrement les pattes.

Les animaux utilisés dans l’industrie de la fourrure sont des prédateurs carnivores territoriaux qui, à l’état sauvage, se déplacent beaucoup. L’élevage est par conséquent particulièrement contre-intuitif pour ces animaux.

Pour Welfarm, élever des animaux sauvages pour la production de fourrure tout en garantissant un niveau acceptable de bien-être animal est tout simplement impossible. En effet, les animaux à fourrure n’ont pas connu le long processus de domestication (commencé au néolithique) et de sélection génétique ; leurs instincts sauvages les rendent donc particulièrement inaptes à l’élevage en détention et encore moins en cages.

Des méthodes d’abattage sources de souffrances

Les animaux sont pour beaucoup tués à l’âge de 6 ou 7 mois, après la mue qui masque tous les défauts du pelage. Les animaux sont gazés, électrocutés, tués par injection, empoisonnés ou pendus, avant d’être dépecés, parfois encore conscients.

Par exemple, la méthode la plus utilisée pour tuer les renards et les chinchillas est l’électrocution anale. Le processus consiste à fixer une pince sur le museau de l’animal, à introduire une barre métallique dans son anus, puis à envoyer une décharge électrique par l’intermédiaire d’une batterie. Les visons sont quant à eux gazés. Il arrive aussi que les chinchillas soient tués par dislocation des cervicales. Il n’est pas rare qu’une électrocution ne suffise pas. L’animal sera alors dépecé vivant.

Pour bâtir une Europe sans fourrure, vous pouvez soutenir la campagne « Fur Free Europe », en signant notre pétition en ligne. On compte sur vous ! Merci.

1 Si une initiative citoyenne européenne (ICE) rassemble au moins un million de signatures d’Européens venant d’au moins sept États membres, la Commission européenne est sommée d’étudier cette initiative. À elle ensuite de décider de l’action à entreprendre.

2 En France, la loi contre « la maltraitance animale » de novembre 2021 prévoit une interdiction de l’élevage d’animaux pour leur fourrure dans un délai de 5 ans. Les importations de produits contenant de la fourrure ne sont pas concernées.

3 Mason, G.J., Cooper, J. and Clarebrough, C. (2001). Frustrations of fur-farmed mink: Mink may thrive in captivity but they miss having water to romp about in. Nature, 410:35-36; Ahola, L., Mononen, J. and Mohaibes, M. (2011). Effects of access to extra cage constructions including a swimming opportunity on the development of stereotypic behaviour in singly housed juvenile farmed mink (Neovison vison). Applied Animal Behaviour Science, 134: 201-208; Kornum, A.L., Röcklinsberg, H. and Gjerris, M. The concept of behavioural needs in contemporary fur science: do we know what American mink (Mustela vison) really need? Animal Welfare 2017, 26: 151-164.

4 Le bien-être des animaux élevés pour la production de fourrure