Les mutilations infligées aux animaux d’élevage diminuent leur capacité à réguler leur température corporelle

Dans le cadre de sa campagne « Chaud Dedans ! », l’association Welfarm a publié une série recommandations relatives à l’élevage et au transport d’animaux vivants en période de fortes chaleurs. L’une d’entre elles porte sur l’intérêt de l’arrêt des mutilations sur les animaux pour leur permettre de réguler leur température corporelle.

Poule bec coupé
Les volailles épointées ont plus de difficultés à se débarrasser des parasites et à entretenir leur plumage. ©Ladanifer

Pour des raisons pratiques, de nombreuses mutilations sont pratiquées sur les animaux dans les élevages, en particulier dans les systèmes intensifs. Castration des porcelets, écornage des veaux, épointage des volailles… Des pratiques qui posent d’importants problèmes éthiques en raison des souffrances qu’elles font subir aux animaux.

Mais au-delà de la douleur infligée, ces mutilations ont parfois des conséquences sur la capacité des animaux à réguler leur température ou à se protéger des insectes, qui sont souvent plus nombreux lorsque le mercure grimpe.

C’est notamment le cas des mutilations infligées aux volailles ainsi qu’aux ruminants.

En ce qui concerne les volailles, l’épointage (coupe de l’extrémité du bec), réduit leur sensibilité et leur dextérité au niveau du bec. Les volailles épointées ont plus de difficultés à se débarrasser des parasites et à entretenir leur plumage. Or, un plumage en bon état participe à la thermorégulation de ces animaux. En outre, l’épointage peut aussi entraîner des douleurs chroniques ou des malformations du bec.

En ce qui concerne les bovins, ovins et caprins, l’écornage et l’ébourgeonnage privent les animaux d’un mode de dissipation de la chaleur qui se produit habituellement à travers la muqueuse interne des cornes. En effet les cornes de ces ruminants sont creuses et contiennent une cavité remplie d’air. La cavité est reliée à la cavité nasale par un canal appelé sinus frontal. La muqueuse interne des cornes est vascularisée et irriguée par des vaisseaux sanguins. Les ruminants dissipent la chaleur par la muqueuse interne des cornes en augmentant le débit sanguin vers les cornes quand il fait chaud. Le sang chaud circule dans les cornes et se refroidit par convection grâce à l’air présent dans la cavité. La chaleur est évacuée par l’échange avec l’air qui circule dans le sinus. Le sang refroidi retourne ensuite vers le reste du corps et abaisse la température corporelle.

Welfarm demande que l’intégrité physique des animaux d’élevage soit préservée, d’autant plus dans le contexte de changement climatique et de multiplication d’épisodes de fortes chaleurs.

Adapter la sélection génétique

L’association souhaite également que les filières privilégient une sélection génétique plus respectueuse des animaux, notamment en :

  • privilégiant les souches rustiques, lesquelles, d’une manière générale, sont plus adaptées au plein air ;
  • adaptant la sélection génétique et/ou les croisements dans un sens favorable au bien-être animal. Il s’agit en particulier d’intégrer la thermorésistance aux critères de sélection génétique ; de favoriser les croisements avec les races plus tolérantes à la chaleur (en tenant compte également de la résistance au froid) ; de ne pas uniquement privilégier la sélection sur des critères de productivité. Les souches les plus productives ont en effet des besoins énergétiques supérieurs aux autres et dégagent généralement plus de chaleur, ce qui augmente leur vulnérabilité face aux fortes chaleurs.

Une pétition est en ligne pour demander au Gouvernement de prendre des mesures ambitieuses pour transformer les conditions d’élevage et de transport des animaux.