Transport d’animaux vivants : de la nécessaire mise en place de plans d’urgence

Rarement médiatisés, les accidents impliquant des véhicules transportant des animaux d’élevage sont monnaie courante. Ils sont souvent synonymes de grandes souffrances pour ces animaux. Pourtant la réglementation européenne prévoit qu’un plan d’urgence adapté à chaque trajet soit élaboré avant le départ, afin de pouvoir mettre en place rapidement des mesures en cas de problème. Welfarm travaille depuis 2017 à l’élaboration d’un outil pour assister les transporteurs dans cette tâche.

Logo Plan d'urgence

Des dizaines de cochons gambadant sur l’autoroute à proximité des voitures. Ces images insolites ont été filmées le 31 juillet dernier en Espagne suite à un accident de la route impliquant une bétaillère survenu sur l’AP7 qui relie l’Espagne à la frontière française.

Après un choc avec une voiture au nord de Barcelone, le camion s’était renversé, provoquant l’ouverture des portes et libérant les cochons sur la chaussée. L’accident avait provoqué plus de 10 km de bouchons et les autorités catalanes ont mis près de 9 heures à évacuer les animaux. Plusieurs cochons avaient trouvé la mort lors de la collision.

Des accidents parfois dramatiques pour les animaux

Si cet accident a été particulièrement médiatisé, c’est loin d’être un cas isolé. Les accidents impliquant des bétaillères sont fréquents, notamment en France.

Le 16 mars 2023, un camion transportant 53 veaux s’était renversé sur l’A432, dans le département du Rhône. Cinq veaux sont morts sur le coup et cinq autres ont dû être euthanasiés.

Quelques semaines plus tôt, le 16 février 2023, en Seine-Maritime, un incendie dans la remorque d’un camion avait coûté la vie à 15 vaches, brûlées vives dans la bétaillère.

Importance des procédures d’urgence

Outre le fait que le transport d’animaux en lui-même ‒ et particulièrement lors des chargements et des déchargements ‒ est une source importante de stress pour les animaux d’élevage, les accidents de la route peuvent provoquer des blessures, voir la mort dans de grandes souffrances pour ces derniers.

D’autres situations peuvent aussi poser des problèmes en matière de bien-être animal :

  • animaux inaptes au transport ;
  • dysfonctionnement de l’abreuvement ou des ventilateurs ;
  • embouteillages ;
  • intempéries ;
  • températures extrêmes…

Des procédures d’urgence adaptées pourraient permettre de réduire les souffrances subies par les animaux lors de ces situations.

Le règlement (CE) n°1/2005 du Conseil du 22 décembre 2004 relatif à la protection des animaux pendant le transport et les opérations annexes précise que les transporteurs doivent produire « des plans d’urgence prévus en cas d’urgence ». Une condition qui devrait normalement être remplie pour qu’ils puissent être autorisés à effectuer des voyages de longue durée.

Malheureusement, à ce jour, cette obligation est loin d’être systématiquement respectée.

Aider les transporteurs à produire des plans d’urgence

Afin d’inciter et d’aider les transporteurs à élaborer des plans d’urgence spécifiques à chaque voyage, Welfarm a souhaité développer un outil simple d’utilisation pour les entreprises concernées.

Un travail de longue haleine initié en 2017, lorsque la direction générale de l’Alimentation, qui dépend du ministère de l’Agriculture, a constitué plusieurs groupes de travail afin de favoriser « une meilleure organisation administrative et logistique » des transports d’animaux de longue durée, dans le respect de la réglementation.

Un de ces groupes de travail s’est vu confier la mission de « développer des plans d’urgence professionnels ». Welfarm s’est proposé à la présidence de ce groupe et a donc commencé à réfléchir à un outil répondant à plusieurs critères :

  • un outil en ligne, pour éviter la paperasserie et limiter les contraintes pour les entreprises ;
  • gratuit et personnalisable ;
  • spécifique à chaque transport ;
  • qui met un fort accent sur le bien-être animal.

Un outil en ligne, simple d’utilisation

Pour le développer, Welfarm a tout d’abord identifié les différents risques possibles ainsi que les mesures à mettre en œuvre de manière préventive et lors de la situation d’urgence. Pour déterminer ces mesures, l’association de protection animale s’est appuyée sur sa propre expertise en la matière, sur les mesures préconisées dans les autres pays européens et sur les guides européens de bonnes pratiques pour le transport d’animaux

Afin de rendre l’outil plus facilement utilisable par les transporteurs ainsi que spécifique à chaque voyage, un tableur a été développé. La structure de ce fichier devait permettre de générer un plan d’urgence, contenant un certain nombre de messages spécifiques pouvant apparaître en fonction des caractéristiques du voyage (espèce transportée, stade physiologique, période de transport, destination, etc.).

Et maintenant ?

Enfin, Welfarm a travaillé, avec le concours de la junior-entreprise de l’école d’informatique Télécom Nancy, au développement d’un site Web (intégrant les données du tableur) qui permet de générer des plans d’urgence spécifiques, et qui répond aux attentes des transporteurs en matière de confidentialité de certaines données propres aux trajets, avec la possibilité de créer un espace utilisateur.

screenshot plan d'urgence

Pour l’heure, ce site est toujours à l’état de prototype. Aux professionnels du transport et aux pouvoirs publics de s’en saisir afin de faciliter la production de plans d’urgence par les entreprises du secteur.

Réglementation insuffisante

Welfarm souligne que la réglementation qui encadre le transport d’animaux vivants, pas toujours respectée, est insuffisante en ce qui concerne le bien-être animal.

Pour limiter les souffrances subies par les animaux d’élevage, l’association demande que le ministre de l’Agriculture soutienne auprès de l’Union européenne les trois demandes suivantes :

  • l’interdiction des transports de plus de 8 heures pour les bovins, ovins, caprins, porcins et équins et de plus de 4 heures pour les volailles et lapins, ainsi que l’interdiction totale du transport pour les animaux les plus fragiles comme les jeunes animaux non sevrés ;  
  • l’interdiction des exportations d’animaux à destination des pays tiers de l’Union européenne ;
  • l’interdiction des transports organisés sous des températures extrêmes. 

Une pétition est en ligne pour soutenir ces demandes.