Nouveau drame à la frontière bulgaro-turque : une cinquantaine de génisses abattues en raison d’un problème administratif

55 jeunes vaches ont été abattues après que les autorités turques leur ont refusé l’entrée sur le territoire, en raison d’un désaccord sur le statut sanitaire de certains des animaux.

Photo : DR

C’est un nouveau drame lié au transport d’animaux vivants qui s’est joué mardi 2 septembre 2025 au poste frontière de Kapikule, à la frontière bulgaro-turque.

Originaires des régions d’Elk et Lomza, dans le nord-est de la Pologne, les 55 génisses (de jeunes vaches n’ayant jamais mis bas) étaient en transit à destination d’une ferme située à Bandirma, en Turquie.

Le 24 août, l’Agence bulgare de sécurité alimentaire avait autorisé les animaux à quitter l’Union européenne, mais à leur arrivée à la frontière bulgaro-turque, les autorités turques leur ont refusé l’entrée sur le territoire.

Ankara a expliqué ce refus par la provenance des animaux, originaires d’une région affectée par la fièvre catarrhale ovine (FCO), une maladie infectieuse potentiellement mortelle qui touche les ruminants (les ovins, mais aussi les caprins et les bovins).

Imbroglio administratif

Les autorités polonaises ont, de leur côté, déclaré que les animaux provenaient de zones non touchées par la maladie. En effet, la Pologne applique une cartographie détaillée de la FCO, qui reconnaît des zones exemptes dans les régions ou l’épizootie est présente.

Mais de son côté, la Turquie se base sur les données fournies par l’Organisation mondiale de la santé animale, et considère donc que la région est touchée dans son entièreté par la maladie.

C’est cette différence d’interprétation qui a conduit au blocage des animaux au poste frontière, puis à leur abattage d’urgence, malgré la mobilisation d’organisations de protection animale, comme Eurogroup for animals, dont Welfarm fait partie.

Un problème malheureusement récurrent aux frontières de l’Europe

Ce n’est pas la première fois que des animaux originaires d’Union européenne font les frais de problèmes administratifs et sanitaires lors de leur transport vers la Turquie.

En septembre 2024, 69 vaches gestantes originaires d’Allemagne avaient été envoyées en Turquie à des fins d’abattage. Après plus de 2 000 km de voyage à bord de deux camions, les animaux étaient restés bloqués à la frontière pendant plus d’un mois en raison de soupçons de FCO.

Ces bovins étaient restés enfermés dans les camions, agonisant dans leurs excréments pendant plus de 30 jours. Certaines génisses avaient mis bas dans ces conditions atroces et plus de 20 de ces animaux avaient péri à l’intérieur des camions.

En juillet 2018, 57 vaches originaires de France étaient restées bloquées à la Frontière turque treize jours durant, en pleine canicule, sans possibilité de descendre des camions, sans abreuvement ni nourriture suffisante. Elles avaient finalement pu reprendre la route vers Ankara pour y être abattues en urgence.

Des solutions existent

En décembre 2023, la Commission européenne a proposé un nouveau règlement protégeant les animaux transportés. Le texte de la commission prévoit que, pour des animaux exportés vers des pays tiers par voie maritime, les autorités du pays d’origine n’autorisent pas le transport si les autorités du pays de destination n’ont pas rempli et signé les documents garantissant que les animaux seront autorisés à entrer sur leur territoire.

Malheureusement, le transport routier n’est pas concerné par cette mesure, et des animaux pourront toujours rester bloqués à la frontière bulgaro-turque pour des problèmes documentaires.

Pour que ce genre de situation ne se reproduise pas et pour mettre fin à toutes ces souffrances inutiles causées aux animaux d’élevage, une fois encore, Welfarm demande l’interdiction des transports d’animaux à destination des pays tiers de l’UE. Notre organisation souhaite qu’ils soient remplacés par le commerce de viande et de carcasses, afin que les animaux naissent, soient élevés et abattus dans un même bassin de production.