Comment une entreprise basée aux Pays-Bas exporte la maltraitance animale en dehors de l’Union européenne

L’élevage de poules pondeuses en cage, qui est en recul, pourrait prendre fin en 2027 au sein de l’Union européenne (UE). Pendant ce temps, une entreprise basée aux Pays-Bas, Eurobird, rachète ces mêmes cages dans plusieurs pays européens pour les revendre à des producteurs des pays tiers (hors UE). Eurobird participe ainsi à l’exportation de l’élevage en cage.

Les cages dans lesquelles les poules européennes sont enfermées sont exportées hors de l’Union européenne.

Une pratique vouée à disparaître en Europe

Le 30 juin 2021, la Commission européenne a annoncé des mesures ambitieuses : la suppression progressive puis l’interdiction des cages au plus tard en 2027, afin que des « millions d’animaux puissent vivre dans un environnement libre », si cette proposition reçoit l’assentiment du Conseil des ministres européens de l’Agriculture. Dans un futur très proche, des millions d’animaux pourraient ne plus être maintenus en cage au sein de l’UE.

Rappelons qu’au-delà de la législation, la fin des cages est une évolution sociétale portée par les consommateurs européens. Ainsi, l’étiquetage obligatoire des œufs (cage, sol, plein air, bio) a conduit à une baisse de l’utilisation des cages de 80% à 36% dans les élevages de poules pondeuses entre 2003 et aujourd’hui en France1.

« Fourniture de cages pour batteries automatiques »

Sur son site internet, Eurobird se présente comme « une société européenne spécialisée dans le démantèlement, le lavage et la fourniture de cages pour batteries automatiques de volailles usagées en provenance de tous les pays de l’Union européenne ». L’entreprise se vante d’être « le principal fabricant de cages à volailles automatiques d’occasion ».

Concrètement, Eurobird achète des cages de poules pondeuses en Europe puis les revend au Moyen-Orient, ainsi qu’au Pakistan ou encore au Soudan. Ces pays, où le thermomètre grimpe bien plus haut qu’en Europe, ont des législations sur le bien-être animal bien moins exigeantes que celles de l’UE qui sont pourtant déjà insuffisantes.

« Santé animale et sécurité »

Selon la Commission européenne, « l’importation d’œufs destinés à la consommation depuis des pays tiers est autorisée, mais nécessite le respect de conditions spécifiques en matière de santé animale et de sécurité. Les œufs de table doivent également respecter les règles concernant les normes de commercialisation ». Il est question ici de « santé animale » et de « sécurité ». Nulle mention de bien-être animal donc.

Il est donc tout à fait possible de retrouver sur le marché européen des œufs issus de poules pondeuses élevées dans des cages, entassées par de fortes chaleurs. Des cages européennes exportées dans des pays tiers…

Il est indispensable que les consommateurs soient les plus vigilants possibles au moment de leurs achats afin de ne pas cautionner de telles pratiques. Il convient notamment d’être particulièrement attentif au niveau des ovoproduits2 ainsi qu’au niveau de produits (pâtes, gâteaux…) contenant des œufs qui peuvent être issus de poules élevées en cage.

1 Comité national pour la promotion de l’œuf (CNPO)

2 Produit obtenu à partir de l’œuf, après élimination de la coquille et des membranes. Par exemple les jaunes d’œuf ou blancs d’œuf destinés à l’industrie agroalimentaire (jaune d’œuf, blanc d’œuf) ou les omelettes précuites ou surgelées ou encore les blancs en neige destinés à la restauration hors domicile.