Au nom de la bientraitance animale, une filiale d’AgroMousquetaires met fin à l’abattage sans étourdissement

Depuis le 1er juillet, la Société vitréenne d’abattage (SVA) a mis fin à l’abattage sans étourdissement préalable dans ses abattoirs bretons de Vitré (Ille-et-Vilaine) et Trémorel (Côtes-d’Armor). C’est-à-dire l’abattage rituel. Une nouvelle que ne peut que saluer Welfarm qui accompagne AgroMousquetaires vers des pratiques qui prennent mieux en compte les souffrances des animaux.

Les scientifiques et vétérinaires sont unanimes : l’abattage sans étourdissement est source de souffrances pour les animaux.

L’abattoir de Vitré prend en charge des gros bovins, des veaux et des ovins. Celui de Trémorel est spécialisé dans les gros bovins.

Répondre aux attentes générales de la société

« Les attentes générales de la société concernant la bientraitance animale ont très significativement évolué au cours des dernières années. La décision de la SVA d’arrêter l’abattage sans étourdissement est la conséquence de cette prise de conscience sociétale, dans le respect de toutes les pratiques alimentaires », explique AgroMousquetaires, dont la SVA est une filiale.

Dans une interview à Ouest-France, le directeur général de la SVA, Jérôme Lebec, a expliqué la volonté de sa société de « devenir une référence en matière de bientraitance animale ». « Sur 300.000 bovins abattus par an dans nos abattoirs, le « rituel » concernait 15 % des animaux », a-t-il précisé.

Welfarm accompagne et sensibilise AgroMousquetaires

Depuis plusieurs années, Welfarm accompagne et sensibilise AgroMousquetaires sur de nombreuses questions relatives à l’abattage des différentes espèces animales au travers de comités d’experts. Ce travail inclue entre autres les pratiques controversées de l’accrochage des volailles ou de l’utilisation du CO2 pour l’étourdissement des porcs.

L’abattage sans étourdissement, source de grandes souffrances pour les animaux

Les scientifiques et vétérinaires sont unanimes : l’abattage sans étourdissement est source de souffrance pour les animaux.

Selon l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), « en raison des graves problèmes de bien-être animal liés à l’abattage sans étourdissement, un étourdissement devrait toujours être réalisé avant l’égorgement. » Pour la Fédération des vétérinaires d’Europe, « l’abattage des animaux sans étourdissement préalable est inacceptable en toutes circonstances ».

En France, l’abattage sans étourdissement représente 15 % des bovins abattus et 27 % des ovins1.

Après une saignée sans étourdissement, les ovins perdent conscience au bout de 14 secondes en moyenne. Chez les veaux et les bovins, cette durée peut aller de 8 secondes à… 11 minutes, des minutes de souffrance terrible pour les animaux2.

L’État refuse d’informer le consommateur sur le mode d’abattage

L’État n’est pas tenu d’informer le consommateur que la viande qu’il achète est issue ou non d’un abattage rituel pratiqué sans étourdissement, a estimé le Conseil d’État dans une décision datée du 1er juillet 2022.

Les viandes halal et kasher issues des abattages rituels, pratiqués sans étourdissement de l’animal, qui ne trouvent pas preneurs sur ces marchés confessionnels sont en effet dirigées vers le marché conventionnel sans aucune mention informative. C’est le système dit de la « complémentarité des circuits de distribution ».

Une dérogation à l’obligation d’étourdissement

Rappelons que l’étourdissement des animaux avant leur mise à mort est une obligation légale3. L’abattage rituel, en raison de la liberté fondamentale qu’est la liberté religieuse, bénéficie donc d’une dérogation à l’obligation d’étourdissement.

En décembre 2020, la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a décidé qu’un État peut imposer l’étourdissement préalable d’un animal lors de son abattage sans qu’il nie pour autant la liberté des cultes et les rites traditionnels juifs et musulmans.

Dans cette optique, l’abattage avec étourdissement dit réversible4 est un compromis entre respect des rites religieux et réduction des souffrances des animaux au moment de leur mise à mort. L’étourdissement réversible est compatible avec les abattages effectués selon des prescriptions religieuses, tout en offrant un soulagement aux animaux5. C’est la position défendue par Welfarm.

Mettre un terme à l’abattage sans étourdissement en France est donc tout à fait possible.

1 Rapport de la commission d’enquête parlementaire sur les conditions d’abattage des animaux de boucherie dans les abattoirs français (2016)

2 INRAE, 2009

3 Règlement européen (CE) n° 1099/2009 sur la protection des animaux au moment de leur mise à mort

4 Contrairement à l’étourdissement dit irréversible, lors d’un étourdissement réversible, la perte de conscience et de sensibilité de l’animal n’est que temporaire.

5 Arrêt de la CJUE du 17 décembre 2020, points 73 et suivants.