Lancé en 2021 par l’ITAVI et l’INRAE, le projet Cocorico vise à concevoir un nouveau mode d’élevage standard pour les poulets de chair, répondant mieux aux attentes sociétales en matière de bien-être animal et garantissant une viabilité économique pour la filière. Le but est d’accompagner les professionnels dans l’évolution de leurs pratiques en apportant des connaissances sur les besoins des poulets et des propositions concrètes pour mieux les satisfaire.
Le projet Cocorico est financé par le Compte d’affection spécial au développement agricole et rural (CASDAR) du ministère de l’Agriculture. Il finance l’appui à l’innovation et au développement agricole et rural.
Les besoins comportementaux comme point de départ de la réflexion
Dans le cadre de Cocorico, aux côtés de l’ITAVI, de l’ANSES ou encore de l’INRAE1, Welfarm participe à un groupe d’experts étudiant les besoins comportementaux de l’espèce Gallus gallus domesticus, autrement dit la poule, puisque, rappelons-le si nécessaire, poulets et poules pondeuses appartiennent à une seule et même espèce.
Prendre les besoins comportementaux comme point de départ est la base pour appréhender le bien-être animal. Entre les projections humaines et les besoins réels de l’animal, il existe bien souvent un grand décalage.
Un premier travail a donc consisté à identifier, à partir des données scientifiques existantes, les caractéristiques comportementales de la poule et les besoins associés, tout en tenant compte des particularités des jeunes oiseaux.
L’idée est donc de partir de ces besoins pour ensuite proposer des aménagements qui y répondent. Le groupe d’experts s’est basé essentiellement sur les apports de l’éthologie, la science qui étudie les comportements des espèces animales dans leur milieu naturel ou dans un environnement expérimental.
Quels sont les comportements des poulets de chair ?
La poule domestique présente une grande diversité de comportements. Dans le cadre du projet Cocorico, une dizaine de comportements spécifiques ont été retenus, dont l’expression est essentielle pour le bien-être des poulets. Il s’agit notamment de l’exploration de l’environnement, des soins au plumage comme les bains de poussières, du perchage pour le repos, des étirements et battements d’ailes, du jeu, des interactions positives avec des congénères…
De l’identification des besoins à leur satisfaction
Une fois le besoin identifié, il s’agit d’y répondre d’une manière concrète. Prenons le besoin de perchage par exemple. Sa satisfaction passe par l’installation de structures surélevées (perchoir, plateforme, ballot de paille) dans l’environnement de vie des animaux. Les perchoirs rassurent les poules et poulets, aussi bien en élevage que dans la nature où le perchage leur permet de se sentir à l’abri des prédateurs, en particulier durant leur sommeil.
Le besoin de repos, essentiel pour la récupération physiologique et mental de l’animal, doit de son côté être satisfait par l’alternance des phases lumineuses et obscures. Il est donc impératif de respecter le rythme circadien, avec une période sans lumière artificielle d’une durée suffisante pour le repos nocturne. Outre des zones de repos en hauteur, des aménagements structurant l’espace, tels que des panneaux verticaux, offrent aux oiseaux des endroits plus calmes, propices au repos.
Des ateliers de codesign pour imaginer l’élevage standard de demain
Dans le prolongement de l’étude des comportements et en s’appuyant sur ses enseignements, Welfarm participe avec des professionnels aux ateliers de codesign pour concevoir un mode d’élevage prenant mieux en compte l’ensemble des besoins des poulets. Les aménagements proposés doivent également répondre à l’impératif de rentabilité des élevages.
Ces propositions seront ensuite testées en stations expérimentales, notamment par l’ANSES.
Des observations de l’ITAVI dans des élevages où Welfarm est partenaire
Parallèlement à l’étude sur les besoins comportementaux, l’ITAVI a mené des observations dans des élevages sur l’utilité d’une sélection d’aménagements sur le bien-être des poulets2.
De son côté, Welfarm travaille depuis plusieurs années en partenariat avec les filières avicoles de la coopérative bretonne Eureden. Dans ces élevages de poulets de chair, plusieurs de nos recommandations ont déjà été mises en œuvre, telles que l’accès à un préau, la présence de ballots de paille, de plateformes surélevées, ou encore de panneaux verticaux contre lesquels les poulets se reposent plus au calme.
Les conclusions de l’ITAVI viennent valider le travail de Welfarm : une plus grande diversité de comportements spécifiques a été observée dans les environnements enrichis, tels qu’ils existent dans les élevages de la coopérative Eureden avec laquelle nous travaillons en partenariat.
Pour un nouveau standard à l’horizon 2024
La finalité de ces recherches et études est de guider les éleveurs et les filières dans leurs choix stratégiques. Le projet Cocorico doit aboutir en 2024. Nous restons fortement impliqués dans ce projet afin de faire appliquer au maximum nos recommandations, en espérant que les évolutions seront à la hauteur des enjeux pour le bien-être des poulets.
1 Institut technique de l’aviculture (ITAVI) ; Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) ; Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE).
2 Filières avicoles, Juillet-août 2022