La sélection génétique est une menace pour le bien-être animal : l’exemple de la race bovine blanc bleu belge

Volailles ou bovins, dans un souci unique de rentabilité, sont victimes de pratiques de sélection génétique délétères pour leur santé et leur bien-être. Un exemple typique : la race bovine blanc bleu belge.

La race Blanc bleu belge est élevée exclusivement pour la production de viande. Elle est facilement reconnaissable à sa musculature très impressionnante, en particulier sur la partie postérieure du corps.

Qu’est-ce que la race bovine blanc bleu belge ?

La race blanc bleu belge est la première race bovine belge. En France, elle est principalement élevée dans le Nord mais elle est présente au total dans 25 départements.

Apparue vers 1850 à cheval sur la frontière franco-belge, cette race est issue de croisements de populations locales avec la durham anglaise.

La race blanc bleu belge est élevée exclusivement pour la production de viande. Les animaux sont facilement reconnaissable à leur musculature très impressionnante, en particulier sur la partie postérieure du corps. Ce caractère morphologique est dû à une hypertrophie musculaire obtenue par sélection génétique dans le but d’augmenter la rentabilité de ces animaux. Les mâles atteignent aisément plus de 700 kg à l’âge de deux ans. Cette race a une valeur bouchère exceptionnelle. Elle présente le taux de rendement à l’abattage le plus élevé de toutes les races bovines. Elle est utilisée en race pure ou bien en croisement avec des races laitières pour obtenir la production des veaux de boucherie d’un poids plus élevé.

Comment a été créée la morphologie de la race bleu blanc belge ?

La protéine myostatine régule la prolifération des cellules musculaires pendant le développement. L’inactivation de cette protéine est à l’origine de l’hypertrophie musculaire des bovins dits culards1. Cette inactivation est permise par le « gène culard »2. Il en résulte alors une prolifération des fibres musculaires et donc une hypertrophie du muscle. La sélection génétique a permis la conservation de de ce gène et le développement de la race blanc bleu belge.

Si tous les représentants de cette race possèdent le gène culard, ce gène peut aussi être présent chez certains individus d’autres races (ex. blonde d’Aquitaine, charolaise etc.).

Césariennes, squelette bien trop faible, veaux qui peinent à téter… Ces animaux souffrent

Le problème majeur rencontré dans la race blanc bleu belge, et résultant de la sélection génétique en faveur de l’hypertrophie musculaire, est la quasi-impossibilité pour les vaches de mettre au monde leur veau naturellement. Ces derniers atteignent à la naissance une taille qui ne permet pas un vêlage par voie naturelle, d’autant moins que ces vaches ont un bassin étroit. Les éleveurs ont donc presque systématiquement recours à une césarienne, avec les risques de complications que cela comporte.

Par ailleurs, malgré un poids important, cette race se caractérise par une ossature particulièrement fine, avec pour conséquence de problèmes articulaires et d’aplomb.

Des insuffisances cardiaques peuvent également apparaître, ainsi que du brachygnathisme (défaut de croissance du maxillaire inférieur). Ce défaut de croissance du maxillaire inférieur, qui s’accompagne souvent d’une sécrétion excessive de salive, peut rendre difficile la préhension et la mastication des aliments. Les veaux présentent parfois une hypertrophie de la langue (macroglossie) et peinent alors à téter.

Il est temps de suivre l’exemple de la Suède et d’interdire l’élevage de la race blanc bleu belge

En France, en 2014, le nombre de vaches de race blanc bleu belge de plus de 36 mois s’élevaient à 17 4073 réparties sur 902 élevages4. En Belgique, elle représente la première race bovine avec un cheptel de 1 400 000 têtes5. Outre-Quiévrain, la tendance n’est clairement pas à une réduction de ce nombre. En 2022, Welfarm a effectué une visite à la Foire de Libramont en Wallonie. Des représentantes de la race bovine blanc bleu belge y étaient présentées comme un fleuron de la Belgique, en dépit des souffrances subies par ces animaux.

Des vaches de race Blanc bleu belge exposées à la Foire de Libramont, en Wallonie.

De son côté, la Suède, au nom du bien-être animal, a interdit dans les années 1990 la reproduction de vaches de race blanc bleu belge sur son sol. Cette interdiction avait été portée par la Fédération des vétérinaires suédois. Les Suédois élèvent par tradition des vaches de moyenne corpulence et certains d’entre eux qualifient les vaches de race bleu blanc belge de monstrueuses.

Pour mettre fin aux souffrances de ces bovins, Welfarm demande l’interdiction de la race blanc bleu belge, non seulement en France, mais aussi dans toute l’Union européenne.

Les bovins ne sont pas les seuls à être victimes de la sélection génétique

L’exploitation de races résultant d’une sélection génétique, orientée uniquement vers davantage de productivité et de rendement par animal, est responsable de nombreuses pathologies et de graves souffrances. Cette sélection ne se limite malheureusement pas aux bovins.

Les poulets de chair et les dindes en sont également victimes. Pour ces deux espèces de volailles, la sélection d’animaux de gros gabarit et à croissance rapide a des conséquences néfastes. Les oiseaux souffrent d’un déséquilibre de la masse corporelle aboutissant à des difficultés de déplacement, des boiteries, voire des fractures.

Aujourd‘hui, les poulets de chair atteignent leur poids d‘abattage en 35 jours, c‘est-à-dire deux fois plus rapidement qu‘il y a 30 ans. Le muscle grandit rapidement (la partie qui est consommée) mais la structure des pattes, du cœur et des poumons ne suit pas la même évolution. Les pattes fléchissent sous le poids surdimensionné du corps. En conséquence, les poulets de chair souffrent de douloureuses déformations des pattes ou de paralysie. Dans le pire des cas, ils peuvent à peine marcher et ne se déplacent qu’en rampant. Certains meurent de faim et de déshydratation car ils n‘arrivent tout simplement pas à se rendre aux points d‘eau et de ravitaillement.

Pour les poulets de chair comme pour les dindes, Welfarm recommande le choix de souches à croissance intermédiaire ou lente.

1 L’adjectif culard désigne un caractère phénotypique présent chez certaines races d’animaux domestiques et se traduisant par la présence d’une hypertrophie musculaire de l’arrière-train. On parle également d’individu ou de race bovine, ou ovine, cularde.

2 INRA, La myostatine : un régulateur négatif de la masse musculaire chez les vertébrés

3 Extraction de la Base de données nationale d’identification (BDNI) du 31/12/2014 (Racesdefrance.fr)

4 Extraction BDNI du 12/01/2011

5 Source : Herd-Book blanc bleu belge