Portée par des députés des groupes En Marche, Agir ensemble et MoDem, la proposition de loi (PPL) visant à renforcer la lutte contre la maltraitance animale sera présentée mardi prochain à l’Assemblée nationale. Et si un certain nombre de dispositifs vont – enfin – dans le bon sens, notamment en ce qui concerne les animaux de compagnie, le moins que l’on puisse dire c’est que ce texte manque cruellement d’ambition… Notamment en ce qui concerne les millions d’animaux élevés pour leur chair, leur lait ou leurs œufs…
850 millions d’oubliés
En France, près de 850 millions d’animaux terrestres sont détenus dans des élevages intensifs. Ils y sont enfermés à vie, en grand nombre. Ils subissent par ailleurs des mutilations routinières : la plupart des cochons ont la queue coupée à vif, des chevrettes et veaux ont le bourgeon des cornes brûlés, des canards sont gavés de force, nombre de dindes sont dégriffées, les chapons sont castrés sans anesthésie…. Toutes ces pratiques sont extrêmement cruelles. Cruelles, mais exclues de la PPL qui arrive à l’Assemblée nationale, tout comme la question des cages ou de l’enfermement à vie des animaux en bâtiment. Car le texte se limite aux seuls animaux de compagnie et aux animaux sauvages. En réalité, il reprend, en bonne partie, les mesures déjà annoncées par la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili, en septembre dernier.
Lors de l’examen de la PPL en Commission des affaires économique mercredi 20 janvier, un certain nombre de parlementaires ont déposé des amendements pour le rendre plus protecteur des animaux. Ces ajouts visaient notamment à inclure les problématiques de la chasse et de l’élevage qui sont deux secteurs sources de souffrances pour des millions d’être vivants. Malheureusement, leurs propositions furent jugées irrecevables. Retour à la case départ donc…
Et les autres animaux ?
Il n’est pas l’heure de faire la fine bouche. Oui, un certain nombre d’articles, s’ils sont votés la semaine prochaine puis par le Sénat, vont dans le bon sens. L’interdiction des élevages de visons pour la fourrure est un geste à saluer. Mais des questions demeurent sur ce point et sont représentatives du manque d’ambition global de ce texte. À l’heure où nos voisins interdisent tour à tour l’élevage de visons sans délai, la PPL propose de les interdire en France… à échéance de 2023 ! Et pourquoi les seuls visons sont concernés, alors qu’il existe des élevages à fourrure de lapin où les animaux sont détenus en cage pareillement ?
On peut toutefois se réjouir des mesures visant à lutter contre les abandons des animaux de compagnie, la stérilisation des chats errants ou encore l’interdiction de détenir un animal pour les personnes condamnées pour maltraitance.
En conclusion…
« Le problème de ce texte est qu’il traite différemment les animaux selon qu’ils soient considérés comme de compagnie ou d’élevage. Ce que vous permettez pour les animaux d’élevage, jamais vous ne l’accepterez pour des chiens ou des chats », a déclaré le député Bastien Lachaud en commission des affaires économiques. Et c’est bien le nœud du problème : en excluant certains secteurs, cette proposition de loi ne traîte pas en profondeur de la question de la maltraitance animale. Il semblerait, une nouvelle fois, que les intérêts économiques qui se cachent derrière l’élevage intensif et la chasse prédominent sur la question du bien-être de millions d’être sensibles.
Welfarm exhorte le ministre de l’Agriculture à prendre des mesures significatives pour améliorer les conditions de vie des animaux d’élevage. La première d’entre elles étant, bien entendu, la sortie de l’élevage intensif et la fin des cages.