Que cache la viande chevaline vendue en France ?

Dans ces pays, les chevaux destinés à la boucherie vivent un enfer. Affamés, meurtris, trainés hors des camions par des chaînes, saignés conscients… La vidéo diffusée ce jour par Welfarm pose une question : les 6 millions d’hippophages français savent-ils vraiment ce qu’ils mettent dans leur assiette ?

Un tout petit marché à l’origine de grandes souffrances

Seuls 9% des Français consomment de la viande chevaline. Un marché de niche donc, qui ne représente plus que 0,1 % des ventes de viande en France. Mais ses amateurs savent-ils qu’à peine 5 % de la viande chevaline vendue en grandes surfaces est française ? Le reste est importé, en majeure partie d’Amérique ou, indirectement, d’Australie. Or, grâce à une enquête de l’ONG Tierschutzbund Zürich / Animal Welfare Foundation (TSB/AWF), Welfarm révèle aujourd’hui comment les chevaux destinés à la boucherie y finissent leur vie : 

  • Argentine, août 2019 – octobre 2020 : des montagnes de cadavres en décomposition, des centaines de chevaux agonisant dans les “champs de l’horreur”, un système de traçabilité défaillant permettant à une véritable mafia de vendre à des abattoirs exportant vers l’UE, des chevaux volés ou ayant reçu des substances médicamenteuses interdites en France…
  • Australie, février – mars 2020 : des chevaux arrivant morts à l’abattoir de Meramist (seul à exporter vers l’UE) sont traînés par une corde hors d’un camion. Dans une autre vidéo filmée entre 2017 et 2019, des chevaux reçoivent des coups, des chocs électriques sur les parties génitales, subissent des étourdissements ratés jusqu’à cinq fois de suite, sont saignés et découpés encore conscients…
  • En 2019, Welfarm et AWF/TSB avaient révélé le sort tout aussi effroyable réservé aux chevaux de boucherie en Uruguay et au Canada (voir la vidéo)

Cette viande se retrouve-t-elle dans l’assiette des Français ?

Oui, et c’est le paradoxe français : alors que nous possédons le 2e cheptel équin d’Europe, 80 % de la viande chevaline vendue en France est importée (soit 9 000 tonnes en 2019). Pendant ce temps, nous exportons la plupart de nos chevaux de trait (notamment vers le Japon !) pour la production de viande. Comment cela se traduit-il en rayons ? Fin février, Welfarm a visité 12 supermarchés des Hauts-de-France, région où la consommation de viande chevaline est la plus élevée. Résultat : du cheval argentin chez Cora, du cheval uruguayen chez Auchan, Leclerc, Carrefour, Intermarché ou Grand Frais et, dans la plupart, du cheval en conserve Equinox (marque liée à l’abattoir argentin de Lamar). Dans six supermarchés, des étiquettes ne mentionnent même pas d’origine ou, comme chez Cora, « Elaboré en France », ce qui revient au même. Cora est le seul magasin visité à proposer quelques steaks français. L’origine « Belgique », vue chez Intermarché est trompeuse. Véritable plaque tournante, la Belgique importe de la viande puis la réexporte. 98 % de la viande chevaline australienne importée par l’UE lui est ainsi destinée. Les 2 % restants sont importés par la France. 

Cet inventaire n’est évidemment pas exhaustif, il s’agit d’un échantillon prélevé dans une région très consommatrice de viande chevaline, mais il est inquiétant. Welfarm avait déjà alerté les distributeurs en 2019, mais ils persistent à vendre de la viande importée. Nous leur demandons de s’engager à ne plus se fournir en Argentine, Uruguay et au Canada et de ne surtout pas se rabattre sur la viande australienne. Quid des boucheries ? En 2019, Welfarm a alerté la Fédération des bouchers hippophagiques. Pas de réponse. Idem pour la chaîne Henri Boucher dont le site Web indique pourtant l’origine Argentine, Australie, Canada et Uruguay. 

Distributeurs et bouchers dupés par un marketing mensonger  

Henri Boucher répond aux consommateurs que le bien-être des chevaux est surveillé par des professeurs indépendants de l’université de Louvain. Ils font référence à Respectful life, projet monté de toutes pièces par les importateurs de viande, afin de redorer leur image. Sur un site Web verdoyant, les participants « s’engagent activement à optimiser le bien-être des chevaux qu’ils considèrent comme une priorité ». Qui sont-ils ? Les abattoirs de Lamar, Land L, Bouvry, Clay, Meramist… Autrement dit, ceux où TSB/AWF filme des horreurs depuis huit ans. Dans les faits, les importateurs envoient les universitaires visiter une fois par an ces abattoirs pour qu’ils rédigent un rapport. Conclusion, en 2019 : « On peut parler en Argentine et Uruguay d’évolution clairement positive au niveau du bien-être animal. » Sur leurs photos de l’abattoir argentin de Land L : des chevaux bien nourris et en bonne santé. Or, en 2020, TSB/AWF y filmera deux chevaux gisant au sol, meurtris, laissés à l’agonie une nuit entière. L’intégrité des chercheurs n’est pas remise en doute, mais en annonçant leur venue, peut-être devraient-ils se douter qu’ils ne verront que ce que les abattoirs veulent bien montrer…

La Commission européenne doit fermer la porte à ces quatre pays !

La Commission européenne, elle, n’est pas dupe. Ses rapports d’audits menés en Uruguay en 2018 et en Argentine en 2020, pointent une magouille des centres de rassemblement consistant à faire disparaître la totalité des chevaux la veille de l’audit : pas de cheval, pas de preuve de maltraitance. C’est donc à la Commission européenne que Welfarm, TSB/AWF et dix autres ONG s’adressent : elle doit rayer l’Argentine, l’Australie, l’Uruguay et le Canada de la liste des pays autorisés à exporter de la viande chevaline vers l’UE. Tout comme elle l’a fait pour le Brésil et le Mexique. En France, Welfarm exhorte distributeurs et bouchers à ne plus se fournir dans ces pays ou leurs intermédiaires : la viande chevaline produite dans ces quatre pays est une horreur, ils doivent cesser d’en vendre ou assumer les images !

> Signez la pétition sur alerteviandechevaline.fr

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