Les Suisses appelés à se prononcer sur la fin de l’élevage intensif dimanche

Cela constituerait un signal fort envoyé à toute l’Europe. Les Suisses sont appelés dimanche 25 septembre à se prononcer sur la fin de l’élevage intensif. Un vote positif amorcerait une réflexion politique sur les normes d’élevage dans les pays voisins, dont la France, car il fermerait le marché intérieur suisse aux éleveurs qui ne respectent pas ses normes. Il acterait aussi, pour la première fois dans la loi, le rejet citoyen de ces élevages. Une quinzaine d’associations européennes de défense des animaux, dont Welfarm, soutiennent cette initiative.

Welfarm est signataire d’une tribune en faveur de l’initiative populaire « Non à l’élevage intensif en Suisse » qui a été diffusée dans les médias helvétiques.

Qu’est-ce que l’initiative populaire « Non à l’élevage intensif en Suisse » ?

Une initiative populaire est une sorte de référendum convoqué à l’initiative d’au moins 100 000 citoyens. Les organisations de défense des animaux à l’origine de l’initiative veulent inscrire dans la Constitution la dignité des animaux d’élevage.

Si le « oui » l’emportait, l’initiative imposerait des exigences minimales plus strictes en matière d’hébergement, de soins, d’accès à l’extérieur et de pratiques d’abattage. Cela réduirait également considérablement le nombre maximum d’animaux par exploitation. Ces nouvelles normes s’appliqueraient également à l’importation d’animaux et de produits d’origine animale en provenance de l’étranger.

Une initiative beaucoup moins radicale que ses opposants le laissent entendre

Pour les opposants à l’initiative, dont le gouvernement, le bien-être des animaux serait déjà assuré et il n’existerait pas d’élevage intensif en Suisse. Cette vision idyllique d’animaux gambadant au milieu des alpages est pourtant loin de correspondre à la réalité. Depuis le début du XXIe siècle, le nombre d’animaux d’élevage en Suisse a augmenté de moitié, porté par le doublement du nombre de poulets de chair. Cette évolution, entamée dans la seconde moitié du XXe siècle, ne s’est pas faite sans opposition : les agriculteurs traditionnels avaient prévenu que l’élevage industriel allait décimer le monde paysan et vider le métier de son sens.

Alors que le spectre de la ruine des éleveurs est agité comme un chiffon rouge, il est important de rétablir certains faits.

L’initiative accorde un délai de 25 ans aux élevages pour s’adapter et ne s’attaque en réalité qu’à l’élevage que l’on pourrait qualifier d’ultra-intensif : celui où les animaux n’ont même pas accès à l’extérieur. Dans des exploitations qui comptent jusqu’à 1500 cochons, dix sont entassés sur une surface équivalant à une place de parking. La consultation ne demande de réduire cette densité insensée qu’à 7 cochons adultes, espaces extérieurs compris. Quant aux poulets de chair, dont le nombre peut atteindre 21 000 sur la même exploitation au poids final de 2 kg, ils sont quinze à survivre sur un mètre carré. La nouvelle loi admettrait encore une densité de 12 oiseaux par m² dans des hangars ouverts.

La protection des animaux a déjà été évoquée pour interdire certaines importations

Les opposants à la réforme prétendent également qu’il serait juridiquement impossible, en raison des accords commerciaux internationaux signés par la Suisse, d’interdire l’importation de produits ne répondant pas au cahier des charges. Pourtant, les instances régulatrices du commerce ont considéré à plusieurs reprises par le passé la protection des animaux et de l’environnement comme des intérêts publics permettant des exceptions légales aux clauses de libre-échange. C’est le cas par exemple pour les produits dérivés du phoque ou les produits cosmétiques testés sur les animaux. En suivant ce principe, la Suisse a déjà prohibé l’importation de chiens avec la queue ou les oreilles coupées, également pour des raisons de protection des animaux.

Cette votation est donc une opportunité de fermer le marché intérieur suisse aux pires pratiques d’élevage et d’épargner de graves souffrances à des centaines de millions d’animaux élevés ailleurs. Elle serait l’occasion de favoriser, à long terme, la production suisse face aux productions étrangères. En renforçant le statut des produits paysans suisses, cette initiative représente donc une excellente opportunité pour les agriculteurs nationaux.

Welfarm signe une tribune de soutien dans un contexte crucial

Aux côtés d’autres associations européennes de défense des animaux, Welfarm est signataire d’une tribune en faveur de l’initiative populaire « Non à l’élevage intensif en Suisse » qui a été diffusée dans les médias helvétiques.

Une réussite de la votation serait une grande avancée. Le contexte est crucial : l’année prochaine, la Commission européenne doit revoir l’ensemble de la législation européenne sur la protection animale. Bien que la majorité des Européens soient favorables à la fin de l’élevage intensif (85 % en France), il est parfois difficile de faire entendre la voix des citoyens auprès des institutions face au poids de certains acteurs économiques. Le vote des Suisses en faveur de la fin de l’élevage intensif serait la meilleure preuve de la volonté des populations de sortir des pires pratiques de l’élevage.

Plus d’informations sur l’initiative populaire « Non à l’élevage intensif en Suisse » ICI